1% Le Film

Nous vivons dans un monde sous perfusion anxiolytique, baigné dans un stress urbain latent et quotidien. Pour illustrer cette idée de jungle urbaine, nous avons écrit ce film avec un style brut et intense : 1% est un expresso fort, court, mettant les nerfs à vif, presque toxique. Ainsi est notre personnage Adrien : amer, rude, sombre et irritant, il ne nous laisse pourtant pas indifférents sur le plan de la sensibilité. Empêtré dans l’échec, c'est un loser magnifique, un perdant qui continue à se battre, continuant de croire en son rêve de réussite. Mec excentrique à l’image de l'objet qu’il traîne tout au long du film et finit par détruire, Adrien est un personnage autodestructeur qui ne se fait pas de cadeaux.

Influencé par la Nouvelle Vague new yorkaise des années 2010, comme le film Uncut Gems des frères Safdie ou le court-métrage Stressed out de John Paul Lopez-Ali, ce film cherche une esthétique urbaine et dynamique en conservant le ton de la comédie. Comme dans ces films, l’importance est donnée à l’atmosphère et au personnage qui porte l’action et à la comédie noire qui se joue dans l’intrigue. Nous cherchons ainsi une image brute et forte, comme prise sur le vif. Dans cet esprit presque journalistique, qui suit le personnage comme s’il était vrai, nous nous inspirons aussi du film Les Fils de l’Homme d’Alfonso Cuarón ; l’idée sera ainsi de couper le moins possible pour donner au spectateur l’impression qu’il ne quitte presque jamais Adrien. En somme, peu de respirations et un mouvement presque perpétuel qui nous tient en haleine jusqu’à la fin du film. Cependant, pour contrebalancer cette frénésie, nous jouerons aussi sur des plans larges à courte focale qui permettront de saisir, dès les premières séquences, l’atmosphère urbaine. Inspirés par le travail de Jacques Tati dans Play Time, nous chercherons ainsi à perdre par moment Adrien pour le noyer dans la ville et les flux incessants de population. Pour le retrouver, la caméra sera obligée de zoomer vers lui, donnant l’effet d’une surveillance du personnage, retrouvant encore une fois cette sensation de perfusion anxiogène. Cependant, ces effets permettront aussi de renforcer la comédie, en alternant entre des cadres larges qui noient le personnage dans une masse de population indéfinie et des cadres rapprochés tragicomiques qui nous ramènent à son émotion. Enfin, un travail spécifique sur le son devra être accompli, notamment lors de la séquence d’introduction, qui transforme les sons de la ville en musique dans un style très noise et industriel. Cette symphonie urbaine ne s'arrête pas avant la fin du film, au moment où Adrien parle enfin à sa fille.