QUARTIER GENERAL

Dans son nouveau film documentaire Quartier Général, Nathalie Loubeyre propose la chronique d’un groupe de Gilets Jaunes rural en Dordogne, montée à partir d’images tournées par elle et son compagnon chef-opérateur tout au long du mouvement. Elle a écrit et monté ce film avec l’aide de la Région Aquitaine et du département de la Dordogne. Nous cherchons aujourd’hui des financements pour le finaliser (mixage, étalonnage et droits musicaux), passage obligé pour pouvoir le montrer enfin au public.

Nous nous adressons à vous, structures et particuliers, cinéphiles et amateurs de mémoire, savants et gens de terrain, Gilets Jaunes et non Gilets Jaunes, sympathisant et non-sympathisants, riches et moins riches, pour être souscripteurs. En vous associant à nous, vous permettrez de donner à voir un film qui rend compte du mouvement dans toute sa complexité et sa diversité, qui rend hommage aux personnes qui l’ont animé, et qui participe à la mémoire du mouvement. Un film qui contribue donc à l’Histoire, non pas celle écrite par les dominants, mais celle, populaire, qui s’écrit au plus près des acteurs eux-mêmes.

Le film

De novembre 2018 à août 2019 à Montpon-Ménesterol, petite bourgade rurale de Dordogne, un groupe d’hommes et des femmes en gilets jaunes occupent successivement différents ronds-points, sur lesquels ils installent leur QG, organisent des blocages et des manifestations. Ensemble, ils mènent un combat politique pour une vie meilleure, découvrent la violence de la lutte politique mais aussi le bonheur du collectif. Une lutte investie de beaucoup d’espoirs, qui connaîtra bien des péripéties et des rebondissements et qui, à défaut d’avoir été gagnée, aura transformé ceux qui l’ont menée.

En les suivant au jour le jour, le film raconte donc ce bras de fer entre ces hommes et ces femmes sortis de l’invisibilité et un gouvernement inflexible, incarné par la figure honnie de Macron. Le film en pose les enjeux et les péripéties, avec des rebondissements, voire même parfois du suspense. Le groupe, très vite confronté lui-même à la violence policière et judiciaire, y apparaît comme organique, vivant, soudé. La parole est centrale, foisonnante, populaire, parfois crue, souvent drôle, que ce soit au QG ou en action sur le terrain. Elle s’échange entre les protagonistes, mais s’adresse aussi parfois à la caméra qu’ils prennent à témoin. Qu’ils parlent, se taisent, rient, s’alarment, pleurent ou exultent, les visages filmés en gros plan, créent un effet de proximité. On rit, on pleure, on a peur, on exulte avec eux.

Les personnages sont nombreux. Mais quelques-uns émergent du groupe, ceux qui prennent la parole plus que les autres : Sarah, Christophe, Chantal, Virginie, Julien, Philippe, Thibaut, Nadine. Les uns travaillent dans le bâtiment ou la vigne, les autres sont ouvriers, retraités, anciens militaires, aides-soignantes, chômeurs ou déclarés inaptes au travail pour cause d'invalidité. Ils expriment leurs préoccupations quotidiennes, leurs problèmes de fin de mois, ils échafaudent des stratégies, réagissent aux événements, suivent et commentent l’actualité nationale, évaluent les problèmes, inventent des réponses, s’émerveillent de leurs premières manifestations, jouissent du plaisir d’être ensemble, joyeux et solidaires, bref apprennent la politique. Toutes les occasions sont bonnes (fêtes de fin d’années, anniversaires etc.) pour célébrer le présent, dans la fierté et le plaisir d’avoir relevé la tête et d’avoir recréé des solidarités. Et quand la fin du mouvement arrive, même s’ils n’ont pas gagné, ils ont conscience d’avoir fait l’Histoire, et d’avoir été, le temps du mouvement, des acteurs de leur vie.

Sur vision de la maquette du film (montage sans mixage ni étalonnage), celui-ci a déjà été demandé pour plusieurs projections lors d'événements autour des Gilets Jaunes. Les finitions permettraient donc d'honorer ces demandes et de diffuser le film plus largement encore, que ce soit dans des festivals de film documentaires ou lors de projections dans les cinémas de proximité.

Ritchy Thibaut, Gilet Jaune de Sainte-Foy-La-Grande, aujourd'hui étudiant en histoire à Paris.

"Le film Quartier Général m’a beaucoup ému. D’une part parce que je me suis reconnu à travers certains membres du QG des gilets jaunes de Montpon qui, comme moi, étaient dans une situation d’apolitisation absolue et pour qui le mouvement a conduit à une prise de conscience politique souvent radicale, au sens le plus noble du terme. D’autre part, ce film m’a ému car il permet de rendre justice aux gilets jaunes. Grâce à lui nous constatons que la réalité de ce mouvement est complexe et que non, celui-ci n’était pas un ramassis d’incultes d’extrême droite. Il nous révèle une réalité bien plus complexe. Il nous montre aussi, à l’échelle d’un groupe, comment chacun de ses membres a vécu la joie de retrouver la fraternité et a grandi et acquis en mâturité politique. Il montre aussi comment certains ont vécu la terrible répression policière et juridique et comment cette répression et cette absence de réponse politique a conduit certains d’entre eux à la résignation et à l’égarement, notamment électoral.

Bref, il est impératif que ce film subversif puisse être diffusé le plus largement possible, car j’en suis convaincu, il peut nourrir beaucoup de réflexions et permettre de méditer sur cet "événement" inédit sur de nombreux plans.

Je vous enjoins donc à prendre part au processus qui conduira à sa diffusion, en contribuant à récolter le budget nécessaire pour sa finition."

Ritchy