HENRIETTE

Un matin de mai, plus précisément un vendredi 13, le seul vendredi 13 de l’année 2022, ma grand-mère de 93 ans, Henriette, s’éteint. Soudain, le monde s’arrête. Je reste près d’elle. Je veux qu’elle aille mieux. Je lui touche le front, elle est froide. Je veux la réchauffer, je laisse alors ma main quelques minutes. Je lui caresse le bras. J’ai peur qu’elle ait soif, alors, j’hésite à lui verser un peu d’eau dans la bouche. Je veux prendre soin d’elle. Je veux qu’elle aille bien. Je veux qu’elle aille mieux. Elle semble en effet aller mieux, aller mieux que les jours passés. Moi, par contre, beaucoup moins.

L’euphorie me prend. Je veux que son enterrement soit une fête, une belle fête, comme elle nous le demandait très souvent, comme elle l’avait déjà programmé, comparé avec les plus beaux enterrements des stars qu’elle admirait, comme si elle voulait tout contrôler…

Tout s’enchaîne, les pompes funèbres, son maquillage, la déco de sa nouvelle chambre jusqu’à celle de son cercueil, orné de drapeau breton. Son parfum, Opium, sur son t-shirt a fleurs, orné d’un beau collier, les invités, nombreux, qui se succèdent. La cérémonie, les discours, les chansons, et enfin les fleurs…

Puis, tout s’arrête, une seconde fois. Plus d’invités, ni de collier, plus de chansons, ni de décoration, plus de bruit, du silence, du vide mais toujours, oui toujours, des fleurs pour toi mamie.

Mais pas que !

De nouveau du bruit, de nouvelles décorations, de nouvelles chansons et espérons de nouvelles cérémonies, encore une fois, pour toi mamie.

Alors voici, un nouveau film « Henriette et les hortensias » que je réalise pour le Nikon Film Festival, qui a comme thème cette année le nombre 13. Produit par l’association du Banc du fond ce projet sera tourné dans le village où vivait Henriette et plus précisément dans le cimetière où elle est enterrée. Le film sera une comédie dramatique, à l’image de cette femme qui n’a jamais cessé de nous faire rire, de nous faire vivre…