INTERMEZZO

Une fantaisie musicale et chantée d'après Jean Giraudoux
ARTS DE LA SCÈNE

Présentation du projet

Une bourgade, quelque part au cœur du Limousin... Depuis quelques temps, tout semble y aller de travers : ce sont les pauvres et non les riches qui gagnent au loto, les maris avouent leur amour pour leurs maîtresses au grand jour, et seules les personnes très âgées décèdent... Et puis il y a ce spectre qui rôde et à qui, chaque soir, rend visite Isabelle, la nouvelle institutrice, adepte de « l'école de plein air »...

Qu'à cela ne tienne ! Un « inspecteur » arrive depuis la grande ville et s'attaque au problème, à grands coups d'entêtement, de rationalisme et de sérieux. Il sera secondé dans sa tâche par le droguiste, qui ne voit en tout cela qu'un désir bien naturel d'harmonie, et le contrôleur des poids et mesures qui, avant de partir en poste à Gap ou Bressuire, c'est selon, voudrait bien épouser Isabelle...

Dans une ambiance de crépuscule joyeux et fantaisiste, où rêve et réalité s'emmêlent, s'engage alors une improbable chasse au spectre amoureux, au milieu de bourreaux férus de musique et de chansons, de vieilles sœurs jumelles qui font de la délation un jeu et de jeunes élèves qui apprennent à connaître le ciel austral en dansant sur l'herbe des prés. Mais que peut la mâle violence contre le besoin de liberté et d'éternité, la volonté d'abolir les frontières entre les vivants et les morts, de la belle Isabelle ?...

Comme souvent chez Giraudoux, la femme, entre espoir et peur, ange et démon, fée gracile et sorcière inquiétante, est au centre de tout, et l'amour aussi...

Depuis plusieurs années, j'essaye de partager mon intérêt pour certains grands auteurs du répertoire non pas en montant « frontalement » certains de leurs textes, mais en entraînant le spectacle dans un voyage musical et imaginaire à travers une ou plusieurs œuvres de leurs auteurs, leurs styles, leurs univers, soit en m'appuyant sur un texte en particulier — comme pour Un Malentendu, drame musical inspiré par Le Malentendu de Camus —, soit en reliant entre eux musicalement quelques extraits marquants — comme pour Couples d'Enfer, montage de quatre courtes pièces de Feydeau —, soit encore en brassant les grands thèmes de tel ou tel auteur à l'intérieur d'une écriture personnelle fortement musicale — comme pour le cabaret Les Etrangers d'après l'oeuvre d'Albert Camus. Chaque fois, le résultat fut de l'ordre du patchwork oppressant — Un Malentendu — ou jouissif — Couples d'enfer — travaillant sur un vrai lien entre les parties théâtralisées et les parties musicales et chantées, et chaque fois j'ai retrouvé ce pur bonheur qu'est pour moi d'écrire des chansons...

Nul doute qu'à un moment je devais croiser Intermezzo de Jean Giraudoux dont le titre dit assez à la fois, le côté fortement musical et l'aspect collage ou montage d'histoires ou d'univers différents qui ne tiennent que par la force de la langue et la magie d'un personnage central, Le Droguiste, qui tient autant du monsieur Loyal du cirque que de la « meneuse » de revue coquine et décalée... De l'oeuvre de Giraudoux j'ai retenu les éléments essentiels — l'humour absurde très « pythonien », le goût du fantastique « à la Burton », une poésie bucolique qui lorgne elle plutôt de Minnelli — pour, m'attachant moins à la narration qu'à la douce folie de l'ensemble, en faire comme une série d' « intermèdes », tantôt graves, tantôt joyeux, toujours surprenants, reliés entre eux par des chansons inspirées de celles, embryonnaires (l'exorcisme laïque) ou plus développées (la marseillaise des petites filles), de Jean Giraudoux lui-même, ou encore écrites à partir de certains grands thèmes de la pièce d'origine — la figure de la jeune femme, la mort, la puissance de la vie plus forte que tout...

L'unité de l'ensemble viendra d'abord de la langue de Giraudoux même, immédiatement et naturellement très « musicale » (ce n'est sans doute pas pour rien qu'à Broadway est en train de se monter une comédie musicale inspirée de La Folle de Chaillot...), mais surtout des musiques composées et interprétées (essentiellement à l'accordéon) par Grégoire Béranger, ancien leader du groupe « La Rouille », et qui avait déjà travaillé sur Couples d'enfer. A ma demande, il s'est inspiré pour l'ensemble de son travail de composition du deuxième mouvement du quatuor La Jeune Fille et la Mort de Schubert (qui me semble entretenir un lien souterrain mais puissant avec l'Intermezzo de Giraudoux), ce qui a donné une force particulière, très « cabaret brechtien », à son travail. Et lâcher pour finir le mot « cabaret », c'est dire à quel point Grégoire et moi avons voulu créer un étonnant moment de « variété » dans tous les sens du temps, propice à faire passer au public un moment musical et théâtral plein de fantaisie, de poésie, de surprises et d'émotions simplement humaines... Tout en (re)disant, nous l'espèrons, à quel point Jean Giraudoux est un auteur majeur du 20ème siècle en France...

Stéphane Aucante, metteur en scène

A quoi sert l'argent collecté

En ces temps de disette financière pour la culture, il est de plus en plus difficile pour les "petites compagnies" de trouver les fonds nécessaires à la production de projets ambitieux auprès de leurs "partenaires naturels" : collectivités territoriales, lieux de création et de production, sociétes civiles...

Intermezzo, projet qui se veut justement ambitieux, ne déroge pas à ce qui est désormais une règle, et n'a pas réussi à ce jour à "boucler" son budget de production, à quelques semaines de la première représentation du spectacle...

L'appel à mécénat participatif a donc pour ambition de parvenir à un tel "bouclage" afin que le spectacle créé soit au plus près des rêves que son équipe en a faits, et qu'il existe "pleinement"...

Plus précisément, l'argent collecté ira plus particulièrement à toute la partie musicale (essentielle !) du projet et si possible à l'enregistrement des chansons de Intermezzo en vue de l'édition d'un CD.


Objectif de collecte

3 000,00 €

Montant Global

0,00 €

Dépenses

Désignation Montant

TOTAL

TOTAL 0,00 €

Recettes

Désignation Montant

Proarti

Financement participatif proarti 3 000,00 €

TOTAL

TOTAL 3 000,00 €

Une adaptation

Pourquoi Jean Giraudoux est-il aujourd'hui si peu monté dans les circuits du spectacle vivant professionnels ? Est ce en raison d'une langue jugée datée ou trop poétique ? De sujets considérés trop graves, ou au contraire trop anecdotiques, tel cet Intermezzo ? Ou est-ce plus prosaïquement en raison de distributions trop importantes en ces temps de crise économique ?

Pourtant, ce besoin d'un « théâtre de troupe » propre à Giraudoux, mais aussi sa fantaisie, sa variété de styles, invitent à oser avec lui cette même approche « adaptative », à la fois ludique et forte d'un « parti pris », que celle qu'on ose plus facilement avec Shakespeare, Molière ou Hugo (pour citer des auteurs qui me semblent entretenir des liens secrets avec Intermezzo...)

Ma première approche en tant qu'adaptateur a été de noter à quel point la pièce de Giraudoux était bâtie autour de couples thématiques contraires : la vie/la mort, le jour/la nuit, l'envers/l'endroit, les jeunes élèves/les vieilles sœurs, le fonctionnaire rigoriste (l'inspecteur)/le fonctionnaire humain (le contrôleur) — de tels jeux de miroirs faisant au passage d'Intermezzo une pièce à la fois baroque et gothique. A partir d'un tel constat, il m'a semblé évident que les binômes ou les séries symétriques de personnages secondaires (les élèves, les deux sœurs, les deux bourreaux) pouvaient être interprétés par les mêmes comédiens, en usant de tous les registres possibles que permet le théâtre et ses « fantaisies » (le masque, la marionnette ou les jeux d'ombre).

Un autre parti pris a été de prendre « au sérieux » la jubilatoire fantaisie de Giraudoux dans Intermezzo. La sienne est littéraire, forte de cette absolue confiance en la puissance évocatrice des mots : « je dis fleur et instantanément se lève l'absente de tout bouquet... ». La mienne sera théâtrale, certain qu'un mouvement dans l'espace, une image suggérée d'un geste, une simple variation de lumière... peuvent suffire à l'imaginaire des spectateurs. Ainsi ai-je pu à maints endroits condenser, unifier, inverser parfois, ce qui ramènera Intermezzo à un format plus « contemporain », et en fera ressortir l'aspect quasi visionnaire en cette période d'entre-deux guerres — d'intermède — qui l'a vu s'écrire.

Et puis j'ai pris aussi « au sérieux » le titre même de la pièce, Intermezzo. Il évoque à la fois la musique, l'Italie, et l'entre-deux, le lien, l'équilibre... Pour ce qui est de la musique, j'ai centré mon adaptation autour du personnage du droguiste, en m'appuyant entre autres sur ce qu'il dit lui-même à propos de son rôle de « transition » ou sur son rôle de chef d'orchestre pour le grand choeur final, moment sublime où il fait mimer la vie pour ramener Isabelle d'entre les morts. Ainsi le droguiste est-il devenu « le » musicien du spectacle (et, à partir de là, comme un autre metteur en scène...) ; autour de lui se sont organisés tous les moments chantés déjà écrits par Giraudoux et d'autres que j'ai écrit à partir de certaines scènes dialoguées qui ont déjà, m'a-t-il semblé, des structures de chanson (comme la scène d'adjuration du début de l'acte III). Les nouvelles chansons elles-mêmes m'ont, soit servi à condenser l'action, soit à réduire certaines monologues ou dialogues, tout en donnant à l'ensemble un aspect « cabaret brechtien » qui m'a paru assez juste compte tenu entre autres du grand intérêt de Jean Giraudoux pour la culture germanique.

Pour ce qui est de l'Italie, je me laisserai plutôt bercer par elle dans mes choix scénographiques et de mise en scène... Disons simplement ici que dès les premières pages, j'ai fortement pensé à Fellini, à son Prova d'orchestra bien sûr, mais aussi à Amarcord, l'un des plus beaux films sur l'enfance que je connaisse. Disons aussi qu'en choisissant de réduire la distribution jusqu'à faire jouer tous les personnages secondaires (des jeunes élèves aux vieilles sœurs, en passant par les bourreaux) par les mêmes comédiens que ceux qui jouent les personnages principaux, j'ai fait le choix très « méridional » du burlesque et du masque de commedia, voire du grotesque...

Enfin, pour ce qui est de l'entre-deux, de « l'intermède », je ne voulais pas oublier la date de création de la pièce : 1933, l'année de l'accession au pouvoir d'Hitler en Allemagne... Je pense en effet qu'il n'est pas anecdotique que Giraudoux (diplomate autant qu'auteur tout au long de sa vie) termine sa pièce par cette phrase : « Et fini l'intermède ! »... C'est pourquoi je souhaite réussir à évoquer en début de pièce la première guerre mondiale, d'autre part suggérer par instant, et plus particulièrement en fin de pièce, la seconde guerre mondiale à venir, le discours final de l'inspecteur m'apparaissant comme celui d'un dictateur, d'un dément épris de pureté...

Mais je n'oublierai pas pour autant qu'avec Intermezzo nous sommes bien au théâtre, un théâtre du verbe et de l'illusion, une fantaisie tragi-comique passant par tous les états de théatre, presque du Shakespeare...

Now my charms are all o'erthrown

And what strength I have's mine own,

Which is most faint...


Quelques intentions de mise en scène

La forme même de Intermezzo en tant que pure fantaisie m'invite à penser que de nombreux aspects de la mise en scène, et surtout de la « mise en jeu », se préciseront en cours de répétition, dans un réel esprit de troupe et de liberté imaginative. A la manière du droguiste de la pièce, je serai dans l'équipe celui qui assure « la transition entre l'Isabelle que nous connaissons... et je ne sais quelle Isabelle amoureuse et surnaturelle, à nous inconnue » — celui qui révèle le personnage dans l'interprète — et aussi le chef d'orchestre, celui qui suscite l'illusion de la vie, et réussit par là à faire surgir la « vraie » vie, sans artifice, juste par dosages. Un cuisinier en somme !

En cela, une adaptation est comme une recette, et en tant que metteur en scène, je chercherais à approfondir les « ingrédients » de l'adaptateur que je fus d'abord... Ainsi, la musique je souhaiterais l'évoquer d'emblée à travers un dispositif scénique « de base » qui rappelle celui d'un orchestre, mais d'un orchestre comme abandonné... Le tout baignant bien sûr dans un crépuscule de théâtre, un « entre-deux » lumineux entre rêve et réalité...

Et puis il y a donc « l'intermède »... Ce jeu constant chez Giraudoux, d'équilibriste en somme, entre comédie et tragédie, grotesque et sérieux, Jean qui rit et Jean qui pleure... J'oserai dans la mise en scène de vraies ruptures, de volontaires changements de registres, en passant par exemple de scènes très « jouées » à des adresses directes au public (en particulier pour le final), ou encore en allant au bout de certaines images, comme celles liées à la mort ou à la religion (convoquée par les bourreaux ou la tentative d'exorcisme, et surtout ce grand « ensemblier » dont parlent les petites filles...).

Mais mon parti pris essentiel en tant que metteur en scène ce sera l'enfance... Intermezzo est en effet une pièce d'une jeunesse folle, où Giraudoux s'amuse « comme un gosse » avec tous les jeux que lui permettent les mots en général et la situation inventée au bénéfice de son histoire, le tout avec cette certitude chevillée à la plume : celle que le langage peut encore rendre compte du monde, le transformer même... Et je crois bien que c'est le dernier grand auteur français qui est eu cette confiance là, cet humanisme sincère (quoique déjà un peu inquiet...), au seuil de l'avénement de l'existentialisme et du Nouveau Roman...

Or monter un auteur, c'est toujours croire en lui — on pourrait dire « chausser ses lunettes » dans le cas de Giraudoux... C'est pourquoi je veux, pour ma part, faire un spectacle « enfantin », me comporter comme un « gamin » qui sortirait d'un grenier son grand coffre à jouets théâtral et jouerait avec tout ce qu'il y trouverait, en se mettant comme hors du monde. Car tel est « l'intermède » de la pièce : inventer un monde à part, fort d'une réalité bien à lui, plongé dans un temps suspendu et léger (entre deux guerres, on l'a vu), comme une « parenthèse enchantée » avant l'heure...

Dans mon coffre à jouet, je vais trouver, j'en suis sûr : des grimaces et des masques, des hérissons et des chapeaux, des costumes et des chaussures pas à ma taille — mais c'est ça qui est drôle quand on se déguise... Dans mon coffre, il y aura des draps et des tissus pour jouer les fantômes ou projeter des ombres : le chien qui aboie, je le ferai avec mes mains ; les vieilles sœurs bossues avec de drôles de parapluies... Et aussi, un moment, forcément, je ferais une cabane, avec une lampe et un bout de porte, et ce sera peut-être là la chambre d'Isabelle...

Bref, je veux faire un théâtre simple, un théâtre de l'enfance et de la bidouille, un théâtre de pur jeu, loin de tout esprit de sérieux et d'inflation technique. En lumière, quelques belles ambiances suffiront pour marquer le temps qui passe... En son, s'il y a sonorisation (pour le plein air en particulier), elle sera légère et s'interdira tout « effet ». S'il a des trucages ou de la magie, on en verra les fils de nylon et les doubles fonds. S'il y a des changements de décors, ils seront faits par les comédiens eux-mêmes — et si eux changent de personnages, ils le feront de préférence à vue. Et tout ça, au fond, pour créer un rapport spécifique avec les spectateurs chez qui, de 7 à 107 ans, il y a toujours un enfant qui sommeille, comme chez tout artiste...

Stéphane Aucante

Contreparties

Pianissimo

pour 10,00 € et +

4 ARTINAUTES

L'intro musicale du spectacle (en mp3) et une affiche dédicacée par toute l'équipe

Mezzo vocce

pour 50,00 € et +

6 ARTINAUTES

La chanson principale du spectacle (une surprise...en mp3) et 1 place pour la représentation de votre choix, à Bellac (festival ou saison), Paris ou Limoges

Andante moderato

pour 250,00 € et +

0 ARTINAUTES

Un CD dédicacé des chansons du spectacleet 2places pour la représentation de votre choix, à Bellac (en saison), Paris ou Limoges

Allegro

pour 500,00 € et +

1 ARTINAUTE

2 places en formule diner+spectaclepour la représentation de votre choix, à Bellac (en festival ousaison), Paris ou Limoges, et l'équipe du spectacle qui vient vous chanter une chanson "en privé" au moment du diner