VIEUX JEU

J’ai toujours été fasciné par l’ordinaire de la vie quotidienne.

Du métro, boulot, dodo à l’errance des flâneurs, j’attribue une grande poésie à cette monotonie insouciante. Je considère que l’on peut tirer bien plus de singularité d’une histoire banale que d’un épisode héroïque. Car même lorsque deux parcours de vie sont en apparence similaires, les raisons qui tendent vers elles sont toujours profondes et uniques.

Mais le confort de notre routine nous empêche parfois de réaliser que notre quotidien ne nous correspond plus. C’est ce que j’ai voulu explorer dans mon premier court- métrage. Ce sont les passages de l’insouciance à la prise de conscience qui m’ont guidé dans l’écriture de Vieux Jeu.

Charles et le Narrateur vivent un quotidien de séducteurs doublement dépassés. Ils ont du mal à s'adapter à l'évolution des normes sociales et culturelles.... plus encore, ils peinent à comprendre et accepter ceux qu’ils sont devenus en grandissant.

Charles aime sa femme. Le Narrateur aime Giulia.

Et pourtant : ils continuent leur routine composée d'aventures amoureuses futiles. Des aventures qu’ils ne concluent d’ailleurs jamais, mais qui leur sert de sédatif.

Ils sont en décalage social et temporel avec la réalité d’un univers moderne ; en rupture avec un ancien Montmartre qu’ils croient fantasmer. Ils sont en décalage personnel avec les adultes qu’ils sont devenus. Ils vivent donc chaque jour sans se remettre en question.

Charles, par peur de se sentir vieillir ; le Narrateur par peur de perdre son meilleur ami.

Charles et le Narrateur sont convaincus qu’ils sont heureux dans leur quotidien, car il ne s’en pose pas la question. C’est ce qui rend leur besoin de changement si difficile à regarder en face.

J'ai communiqué aux deux protagonistes mon amour pour le jazz ; à Giulia mon habitude de composer des musiques dans mon home studio ; à Charles ma passion pour le tennis ; au Narrateur mon côté observateur, parfois trop passif.

Le récit se veut avant tout dynamique et divertissant ; rythme symbolisant le divertissement qui anime la vie des deux protagonistes. L’absence d’ennui est d’ailleurs certainement la raison de leur manque de remise en question.

Les séquences de théorie, de flash-backs et de rêves seront filmées et montées de façon mécanique, fluide et dynamique, à la Wes Anderson :

Elles seront en contraste avec les séquences du présent qui seront filmées et montées de façon plus spontanée et organique, plus proche d’un cinéma naturaliste :

Par le burlesque de ces deux compères et une mise en scène ludique, l’idée est d'inscrire le film dans le genre du feel good movie.