Trisomique.

Ce mot je l’ai toujours trouvé barbare. Plus jeune, j’avais du mal à le prononcer; il m’énervait car il ne définissait pas ma soeur. Je refusais de le lire dans le regard des autres, ou le voir disséqué comme un rat de laboratoire lors d’un cours de SVT.

Avec “Soeurs”, je ne souhaite pas être porteuse d’une morale, ni de faire de la trisomie un sujet. Ce film ne parle pas tant de handicap que d’un combat intérieur contre la peur du jugement et l’idée de “norme”. Il aborde le sentiment de honte à un âge ou on rejette en bloc tout ce qu’on prenait pour acquis quelques années auparavant, durant l'enfance.

L’adolescence, souvent considérée comme une période où l'insouciance est maître, est, paradoxalement, une période entravée par des complexes profonds. Il y a des codes à respecter et un souci excessif du regard de l'autre. Ça a été mon cas, au même titre que Daphné. Plus jeune, je me suis moi aussi cachée derrière des faux semblants et parmi les nombreux complexes que j’ai du affronter, il m’est arrivé de ressentir de la honte face à la différence de ma soeur.

Puis un jour, le masque tombe en même temps que le mascara coule sur les joues. Des larmes de honte. La honte d’avoir eu honte. Écrire ce scénario était alors un moyen de demander pardon, épancher ce que j’avais de plus intime en moi, sans chercher à lisser les traits d’un personnage aux allures d’anti-héros.

J’espère de tout coeur que cette histoire pourra cheminer en d’autres, plus particulièrement, en tous ceux qui portent ce lourd fardeau qu’est le sentiment de honte.

Constance Briand  

SOEURS

SYNOPSIS

L'histoire de Daphné, une adolescente profondément complexée par la différence de sa grande sœur, Zoé, porteuse de trisomie 21. Daphné est prête à tout pour ne pas avoir à affronter le regard des autres, qu’elle redoute tant, allant jusqu’à nier l’existence de Zoé. Un jour, son monde fictif minutieusement construit est confronté à la réalité; l'équilibre de Daphné est menacé.

• L'IMAGE •

Soeurs sera un film lumineux et énergique en sa forme, bien qu’il soit dramatique en son fond. Je projette une image ensoleillée et colorée, en lumière naturelle, qui fera notamment ressortir les textures et couleurs vives des vêtements. L'histoire sera racontée à travers un réalisme à la manière de Gus Van Sant ou Ken Loach. Cela passera par des dialogues non indicatifs et un jeu d’acteur laissant place à de l’improvisation, de manière à ce que les interprètes soient libres de s'approprier le script avec leurs propres mots. Les mouvements de caméra et le jeu d’acteur contribueront à donner une approche quasi documentaire, avec de longues focales pour filmer les scènes de rues, associées à une caméra épaule et des zooms qui iront chercher des visages et des détails, pour toujours donner l’impression que les images sont prises sur le vif. 

Pour le rôle de Zoé j’ai choisi de faire jouer ma propre soeur, Anne, qui est porteuse de trisomie 21. Nous avons eu l’occasion de travailler ensemble lors de mon premier court-métrage et je ne vois qu'elle pour incarner le rôle de Zoé avec naturel et subtilité. Le film sera ponctué par des transcendances esthétiques pour quelques scènes émotionnellement plus intenses, en passant notamment par des contrastes beaucoup plus accentués et une lumière stylisée. Ce choix artistique permet de laisser une place à l’onirisme et d’éviter d’avoir sur l’ensemble du film une photographie purement réaliste qui retranscrirait une image plate et fade.

• LES PERSONNAGES •

Daphné

Adolescente de 16 ans, elle est soucieuse de son image et de plaire aux autres. Elle tient à sa “réputation” et s’enferme dans un monde de faux-semblants. Derrière les apparences, elle porte un profond complexe devenu un secret, qui n’est autre que sa sœur, dont elle peine à assumer le handicap face aux regards des autres. Dans son monde fait de façades et de facettes, Daphné brandit souvent son appareil photo pour s’évader, à la recherche d’une réalité qu’elle veut façonner elle-même. Mais tôt ou tard, elle sera confrontée à une vérité qui ne se maquille pas : sa soeur.

Mon souhait lors de l’écriture de ce personnage était de ne lisser aucun trait. Daphné apparait comme une anti-héroïne, elle est à l’origine d’actions pouvant être jugées comme immorales envers sa sœur. Pour moi, c’est un personnage tragique, prisonnière du rôle qu'elle s’est créé et qu'elle donne à voir. Elle aime sa soeur, mais c’est une relation cachée.

Zoé

Zoé est la grande soeur de Daphné. Elle est porteuse de trisomie 21. Malgré ses 25 ans, elle reste une éternelle enfant, toujours son poupon aux bras. Elle regarde des dessins animés et écoute des musiques enfantines. Pour autant, elle a un fort caractère, et sait ce qu’elle veut.

Elle incarne la pureté d’âme, face à sa soeur calculatrice et obnubilée par les apparences, pour satisfaire une société qui décide des “normes”. Elle ne ressent pas la rancoeur, ni la honte. Elle est juste dans l’instant présent et donne de l’amour sans chercher à en avoir en retour.

• LES DÉCORS •

Pour servir de décor à cette histoire, je visualise Couëron, une commune de l’agglomération nantaise. Ce lieu s’est imposé à moi naturellement car j’y ai grandi jusqu’à mes vingt ans. Au-delà du parallèle avec mon vécu, il faut que Daphné soit divisée entre deux mondes, au sens figuré comme au sens propre. Il y a le monde du centre-ville (de Nantes), un univers plutôt bourgeois où elle est scolarisée et où elle voit ses amis. Puis l’autre, celui qu'elle retrouve chaque soir, celui d'où elle vient. Un univers qui contraste avec le précédent  : un lotissement de la classe moyenne qui cohabite avec quelques HLM, tiraillé entre le béton et la verdure. Cette cohabitation marque une idée d’opposition mais aussi de transition qui fait sens avec le conflit intérieur qui habite Daphné et l’évolution de celui-ci.

• LE CASTING •

Anne Briand, dans le rôle de Zoé

Anne est une jeune femme de 32 ans. Elle travaille quotidiennement dans un ESAT. En parallèle, Anne travaille deux jours par semaine au restaurant « Le Chromosome », un restaurant associatif et inclusif employant des personnes porteuses de trisomie 21. Elle a également fait des stages au restaurant Le Reflet et au Café Joyeux, à Nantes, des lieux inclusifs permettant à des adultes en situation de handicap d’avoir accès au monde du travail. Anne a également une expérience en tant qu’actrice, elle a joué le rôle principal dans le premier court métrage de Constance, où elle s’est révélée très talentueuse, dotée d’une grande écoute, dans un jeu tout en subtilité.

Constance Briand, auteure et réalisatrice

Constance est une réalisatrice et auteure, originaire de la région nantaise.

Après un baccalauréat littéraire, Constance explore divers cursus universitaires. Animée d’une passion pour l'écriture, elle s'inscrit dans un cursus littéraire à la Sorbonne, puis s’oriente vers des études de droits avec l’idée d’être la porte-parole des causes qui lui tiennent à cœur. Son parcours la mènera également à passer par Montréal, pour suivre une formation en cinéma et s'initier à la photographie. De retour en France, elle écrit et réalise en auto-production son premier court métrage, "ANNE", traitant du handicap. Ce projet obtient une sélection au festival UFCTC de Nice. En parallèle, elle suit trois années de formation théâtrale au sein du cycle long de l'École du Jeu à Paris et concrétise en fin d’année dernière un nouveau projet cinématographique, son premier court métrage produit : « JIM JUMP ». Celui-ci questionne l'identité au sein du système scolaire. Actuellement en phase de post-production, ce film verra le jour fin février avant de commencer sa vie en festivals. Elle développe également un projet de long-métrage qui aborde les thèmes de la marginalité adolescente au sein du système scolaire et du besoin de reconnaissance. Au travers de ses projets, Constance aborde des thèmes puissants tels que le handicap, la différence et la violence du rejet, thèmes qu'elle connaît intimement et qu'elle transpose avec légitimité dans ses œuvres.

Sa patte scénaristique et visuelle, marquée par des sujets frappants, fait d'elle une figure que l’on souhaite prédestinée à un long chemin dans le paysage cinématographique contemporain.

Des images tirées de "JIM JUMP", un court-métrage écrit et réalisé par Constance Briand, produit par CAPS CREATIVE STUDIO et ITINÉRANCE

En cours de post-production

• LE PLANNING •

• CAPS CREATIVE STUDIO SOUTIENT CE FILM •

CAPS Creative Studio est fondé par Ronan Dumesnil, un artiste compositing et superviseur des effets visuels (VFX). Son parcours dans cette industrie l’a amené à des collaborations exigeantes (Rammstein, Coca-Cola, Louis Vuitton, Netflix, HBO). C’est de cette expertise, acquise au travers de projets variés (longs-métrages, publicités, clips musicaux), que lui est venue l’envie de prendre son indépendance en créant sa propre structure, CAPS.

CAPS est donc née avec l’ambition de fusionner la création visuelle et la narration. En utilisant les outils et logiciels majeurs de l’industrie, l’un de nos objectifs est de parvenir à aller au-delà de la simple prestation technique; en embrassant la production de contenus originaux, qui explore des sujets qui nous transcendent, de par leurs propos puissants. C’est avec cet état d’esprit que CAPS a choisi de rejoindre la production du court métrage “Sœurs”. D’une part, pour sa capacité à toucher profondément, et d’autre part, pour la confiance que nous plaçons envers sa réalisatrice, Constance Briand. En total accord avec sa vision, son criant désir de s’exprimer avec talent sur des causes engagées, nous souhaitons l’aider à notre humble niveau à donner vie à ce film. La richesse émotionnelle du scénario et la volonté de présenter une histoire à la fois lumineuse et traitant de la complexité des sentiments humains nous ont motivé à apporter, en plus d’une expertise technique, un soutien et un accompagnement dès la production de ce film.

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