RIEN NE VA DE SOI

« Rien ne va de soi » est un film de Pierre Chosson, tourné sur plusieurs mois à la clinique psychiatrique de La Chesnaie (près de Blois) à l'ombre de « L'homme qui penche », journal intime de Thierry Metz où le poète évoque ses séjours en clinique psychiatrique.

Entre septembre 2019 et octobre 2021 des patients et des soignants de la clinique se racontent avec des mots empruntés au journal de Thierry Metz. Tandis que les jours et les saisons passent, leurs visages et leurs voix se répondent pour exprimer comment ils « penchent » eux-mêmes et comment nous penchons avec eux.

L'INTENTION

« L'homme qui penche », ce journal tenu par Thierry Metz à la fin des années 1990 est une œuvre qui m'accompagne depuis longtemps, depuis le décès volontaire de mon frère dont il m'a permis, sinon de le comprendre et de l'accepter, au moins d'en approcher le mystère.

Il y a longtemps que je cherchais une manière cinématographique d'évoquer la force singulière de ce petit livre, sa lucidité fragile et sa poésie. C'est  finalement sa dimension fraternelle qui m'a convaincu qu'un film était possible, pour moi, autour de cette œuvre. Bien sûr, les mots du journal et les images qu'il évoque n'appartiennent qu'à Thierry Metz mais ils pouvaient être partagés, repris par d'autres voix que la sienne, portés par d'autres regards. C'est autour de cette idée du partage que j'ai conçu et construit mon film.

Comme si, parlant de lui, le poète parlait, peut-être pas de nous tous, mais pour nous tous.

Si « Rien ne va de soi » n'est pas une fiction, ce n'est peut-être pas tout à fait un documentaire ou alors un documentaire en forme d'essai poétique. Les hommes et les femmes qui apparaissent dans le film sont certes des patients et des soignants, confrontés chaque jour aux maladies psychiques et à l'univers psychiatrique mais ce n'est pas comme tels qu'ils s'expriment ou que j'ai cherché à les saisir et les filmer.

Ils sont dans le film, au cœur du film, en tant qu'eux même. Rémi, Marie Hélène, Florian, Marie-Laure, Guillaume ou bien d'autres : des hommes et des femmes qui penchent comme penchait Thierry Metz et ceux qui penchaient près de lui dans cette autre clinique où il a passé de longs jours. 

Film de regards et de voix qui se cherchent et se répondent, « Rien ne va de soi », même si j'en suis le réalisateur, est donc à mes yeux une œuvre collective. Chacun et chacune de celles et de ceux qui l'habitent est l'auteur de sa propre participation et porte sa présence dans le film.

Les images, dans leur dimension parfois contemplative, sont l'expression d'un regard subjectif qui pourrait être celui de Thiery Metz, l'absent. Elles témoignent pour moi de la présence invisible du poète au cœur du film. Sans doute aussi de la présence de son œuvre dans ma propre expérience d'homme qui penche. 

Le tournage, en partie en raison de la pandémie du Covid, a pris de longs mois. Mais cette durée de tournage étendue était aussi une volonté. Elle était nécessaire pour que les populations de La Chesnaie s'approprient le projet à leur rythme et de leur manière. Elle l'était tout autant pour que moi et mon équipe de tournage trouvions notre juste place et que nous nous imprégnions du lieu, en particulier de ses espaces ouverts très différents de ceux d'une clinique traditionnelle. Ils jouent dans le film un rôle à part entière, par le contre-point qu'ils offrent aux mots de Thierry Metz.

L'EQUIPE

Un ingénieur du son d'une grande délicatesse, Pierre Bompy, la chef opératrice Florence Levasseur, irremplaçable complice d'à peu près tous les rares films que je me risque à tourner et Anne-Catherine Witt, productrice accrocheuse et interlocutrice pertinente, m'ont accompagné tout au long de ces années et si le film existe, il doit beaucoup à leur engagement, leur patience et leur ténacité.

Aujourd'hui, les rushes sont là qui attendent de prendre corps avec la collaboration précieuse de Marielle Babinet, la monteuse, qui comme Florence Levasseur, est de tous mes films. Les financements recueillis jusqu'ici ne permettent malheureusement pas de terminer le film dans les conditions professionnelles que méritent ceux qui travaillent avec moi.

C'est donc pour l'étape du montage et de la post-production que nous avons décidé, avec Macalube Films, de recourir à ce crowdfunding hébergé par ProArti.

Enfin, je ne peux pas ne pas mentionner que la clinique de La Chesnaie est aujourd'hui à un tournant de sa longue histoire après sa mise en vente et son rachat. Le film sera aussi j'espère une façon de témoigner mon soutien à l'Association « des ami.e.s de La Chesnaie » qui se mobilise pour perpétuer les traditions d'ouverture et d'humanisme de cette clinique, pionnière dans l'accueil des personnes souffrants de troubles psychiques.

A quoi va servir la collecte…

Le film est coproduit par « Vosges Télévision » qui a mis a disposition des moyens techniques sur le tournage et bénéficie du soutien du Centre national de la cinématographie pour un montant de 25 000 euros. Ces soutiens nous ont permis de faire les différents tournages à la clinique de la Chesnaie. Reste désormais l'ensemble de la postproduction à entreprendre que nous avons évalué à 5 semaines de montage image, 2 semaines de montage son, 3 jours d'étalonnage, 2 jours de mixage. Nous ferons ensuite les sous-titres anglais, le générique et le support d'exploitation (DCP). Nous devons prévoir également un budget pour les inscriptions payantes dans les festivals français et étrangers, l'édition de DVD et l'organisation d'une avant-première. 

A propos de la société de production…

Fondée en 2012 par Anne-Catherine Witt, « Macalube Films » est une société de production dédiée aux films d’auteur, portés par une recherche formelle et narrative ambitieuse. Les films produits par
« Macalube Films » ont voyagé dans de nombreux festivals internationaux (ACID Cannes, FID Marseille, Visions du Réel, Doclisboa, Yamagata Film Festival...) et y ont glané de nombreux prix.

La société s’oriente de plus en plus vers la production de longs métrages, avec « Dans la terrible jungle » de Ombline Ley et Caroline Capelle (ACID Cannes 2018), « L’âcre parfum des immortelles » de Jean-Pierre Thorn et « Guanzhou, une nouvelle ère » de Boris Svartzman, tout en poursuivant un travail de recherche sur des formes plus courtes, à l'instar de  « L'homme qui penche ».