Quelle qu'en soit l'issue !

La nouvelle création de la Cie "Espèces de..." Quelle qu'en soit l'issue ! est une pièce de théâtre évoquant la grandeur et la décadence de la quête du bonheur commun par les damnés de la terre.
Les premières représentations du spectacle auront lieu à Liège entre le 4 et le 23 mai, avant d'entamer une tournée dans plusieurs villes de Belgique.

Ce projet est ambitieux, puisqu'en plus du spectacle nous mettons en place une Maison à Partager accueillant nombre d'activités solidaires, rassembleuses et créatives à destination des publics du quartier et d'ailleurs. Afin que ce projet soit accessible au plus grand nombre et que la qualité artistique proposée soit à la hauteur de nos exigences et du propos que nous souhaitons défendre, nous avons besoin de soutiens financiers importants et variés. C'est pour cette raison que nous avons fait le choix de nous tourner notamment vers un financement participatif, qui, dans ce genre de projet visant la réappropriation de l'expression par la population, prend tout son sens.

Notre Cie appartient au domaine du théâtre-action et est implantée dans le quartier multi-culturel de Saint-Léonard, à Liège. C’est par la pratique du théâtre et l’élaboration d’ateliers artistiques que nous appréhendons et interprétons le monde. Nos actions nous permettent d’affirmer, et de revendiquer, que le travail culturel avec des populations économiquement et socialement défavorisées — et culturellement « oubliées » — est un outil efficace pour amener les citoyens vers une participation active à la vie sociale.

Nous constatons au quotidien que les personnes avec lesquelles nous travaillons sont de plus en plus ébranlées : perte de confiance en l’avenir, perte de relations positives à elles-mêmes, sentiment de honte "inscrit" dans les corps. Nos publics sont les premiers touchés par les difficultés liées à la crise. Ils ont du mal à se projeter dans l’avenir et nourrissent un rejet pour tout ce qui est “politique”.

La crise financière de 2008 et les mesures d’austérité font oublier toutes les conquêtes sociales de la vieille Europe, reléguant l’histoire et les valeurs des mouvements ouvriers à la poubelle de l’Histoire, comme l’annonçait déjà un certain Ronald Reagan dans l’un de ses discours.

En 2014, la Sécurité Sociale belge a fêté ses 70 ans.
Entre réforme des fins de carrière, du chômage et régionalisation des allocations familiales, combien de temps cette représentante des valeurs de nos anciens résistera-t-elle? Sommes-nous encore aujourd’hui capables de nous rassembler pour atteindre - ou maintenir - un bonheur commun?

En janvier 2015, suite à la nouvelle législation "chômage" belge, plus de 30.000 personnes se sont retrouvées sans moyens pour survivre : personnes isolées, familles monoparentales avec enfants, malades, jeunes… Parmi elles, des amis, des voisins, des participants à nos ateliers-théâtre.

La précarité explose, l'accès à la santé est de plus en plus difficile. La misère s’installe dans nos murs, on la voit dès lors qu’on cesse de poser le regard ailleurs. Elle a souvent l’aspect d’un renoncement.

C'est pour ne pas se retrouver comme des grenouilles plongées dans une eau chauffée lentement ne réalisant pas qu’elles finiront par être ébouillantées, qu'il nous semble urgent de remettre à l’honneur les valeurs de solidarité, collectivité et fraternité, de rendre ses lettres de noblesse à la notion de “politique”, à savoir “l'engagement personnel et citoyen au profit du bien commun et de l'intérêt général”.

Dans ce spectacle, notamment grâce aux arrangements musicaux de Johan, nous voyageons d'époque en époque et notre imaginaire est guidé tout au long de ce conte pas si fictionnel que ça.
Son piano est tour à tour un grand coffre d'où sortent mille et un accessoires, un théâtre de marionnettes, une voiture menant vers la mer et même parfois un simple piano dissimulant non sans mal un pianiste qui ne peut s'empêcher d'intervenir. Bref, sans cet homme et son piano, la magie du spectacle ne serait pas la même. Et nous avons besoin de vous pour participer à la juste rémunération de ce formidable artiste.

Nous allons raconter ceux que l’Histoire a laissés, et laisse encore, sur le bord du chemin, ceux qui contribuent, pourtant, à un monde plus juste et plus équitable.
Raconter cette histoire, c’est juste, c’est bon, c’est fort, c’est jouissif, c’est positif ! Et, comme le dit si bien Angela Davis :

« Tant que les lions n’auront pas d’historiens, les histoires tourneront à la gloire du chasseur ! »