philoSophia

• Scénario et réalisation: Alexandre Labarussiat

• Musique: Deborah Bombard-Golicki

• Production: Iris Gastellu Etchegorry / Orfeo Marin

Il n’y a pas de volonté de vraisemblance dans philoSophia. Mon souhait n’est pas de faire un portrait fidèle de la cité du Chesnay à Gagny pour laquelle le film a été écrit, mais d’investir le lieu en partant de ses clichés et de son imaginaire cinématographique stéréotypé. 

Dans les western on s’attend à un désert, des cow-boys et une attaque d’indiens. Dans des HLM du 93, on ne sera pas surpris de voir un snack Kebab, des jeunes qui traînent et un vol de voiture. Mais un Kebab où l’on passe le bac, un vol de voiture qui n’en est pas un et des jeunes qui déambulent en confrontant Hobbes à Rousseau.

C’est là que réside mon envie narrative: créer le décalage comique en permettant aux personnages de nous emmener aussi loin que possible de l’univers de départ attendu et des problématiques qu’on attribue habituellement aux films de banlieue. 

En choisissant une cité calme et éloignée de la misère, je ne veux pas appréhender la banlieue comme un sujet (urbanistique, sociologique ou politique…). Au contraire, je souhaite l’investir comme une scène, à même d'accueillir toute forme de récit et de tonalité, dont je m’attache aux habitants  moins pour ce qu’ils sont que pour ce qu’ils pourraient devenir.

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Cinématographique, mon envie est spatiale et je souhaite aborder la mise en scène par des questions de découpage. Topographiquement, la cité est délimitée par la voie ferrée du RER E d’une part et par une cité pavillonnaire ouvrière sur les hauteurs de Montguichet d’autre part, ouvrant une perspective dégagée sur la vallée de la Marne. 

C’est de perspectives hautes et de grands espaces que je veux composer le film, à l’opposé des représentations souvent encaissées et étouffantes des grands ensembles. 

Je cherche davantage à filmer la traversée de territoires paisibles - dans l’esprit des westerns classiques américains - que la tension nerveuse d’une menace omniprésente.

Je souhaite rendre lisible au maximum l’environnement dans lequel évoluent les personnages en partant de plans larges que viennent construire les déplacements des comédiens (leurs avancées et reculs faisant varier les valeurs d’échelles), en laissant de grandes profondeurs de champ sur les plans rapprochés, ou en utilisant (pour la scène du terrain de foot) une grue pour passer dans un même mouvement des grands espaces aux visages.

Le format scope semble tout adapté au projet car il permet d’embrasser de larges panoramas mais aussi de construire des compositions avec plusieurs visages. Je souhaite mettre en évidence, dans les plans rapprochés, les jeux de regards sur lesquels le scénario s’appuie fortement, et capturer des regards ou des expressions simultanément, sans couper l’image ou changer de plan.

Musicalement, le film commence et termine par des musiques radicalement antagonistes. L’enjeu sera de construire une partition originale accompagnant l’évolution du récit, à même de faire le lien entre les musiques urbaines d’ouverture et celle de Frida Boccara complètement anachronique de la fin.

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J’aime les films qui posent des questions et font réfléchir. Avec une prof en voiture, le voyage en terre philosophique va forcément être assez scolaire; mais en tant que fils de profs ayant baigné dans cet environnement où tout est toujours expliqué; et grandi dans ce petit pavillon blanc où réside Idriss dans le film, c’est un peu aussi sur la banquette arrière de mon enfance que je souhaite inviter le spectateur à m’accompagner.