SYNOPSIS

En retrouvant une vieille cassette VHS, un homme replonge dans les souvenirs de son mariage. La voix 
de sa femme l’invite à suivre des indices, de pièce en pièce, d’objet en objet. Un parcours intime, en temps réel, qui le mènera vers une ultime révélation.

NOTE D'INTENTION

Origine personnelle – Origine du titre

Ma grand-mère, à qui je dédie ce film, m’a un jour dit :
« vite, il faut partir avant la nuit ». Elle ne savait déjà plus vraiment ce qu’elle disait, mais aujourd’hui, je crois en comprendre le sens. Elle ne parlait pas seulement du jour qui tombe, mais de cette nuit plus vaste, celle de la maladie qui engloutit les souvenirs, l’identité, la vie.
Partir avant que la lumière ne s’éteigne, avant que la maladie ne dévore les souvenirs et la dignité. Ce titre est sa phrase, devenue mon fil rouge.

J’ai été amené à suivre de près des proches atteints de maladies lourdes, notamment ma grand-mère, qui vivait avec la maladie d’Alzheimer. Je me souviens de toute la violence de cette lente dépossession : la dignité qui s’effrite, les souvenirs qui s’effacent, la personne que l’on aime qui s’éloigne de plus en plus. Un jour, j’avais quatorze ans, elle m’a supplié : « Si tu m’aimes, tue-moi. »
Ses mots étaient brutaux, déformés par la maladie, mais le fond restait le même : elle voulait en finir pour ne pas être réduite à une coquille vide. Je suis convaincu que si elle avait eu le choix, si elle avait eu la possibilité de partir dignement, elle l’aurait fait. Mais à l’époque, la loi ne le permettait pas, et aujourd’hui encore, les avancées restent timides. Ce film s’inscrit dans ce contexte : au moment où la loi sur la fin de vie fait débat en France, il veut participer à cette réflexion, non pas en militant frontalement, mais en racontant une histoire d’amour, une histoire humaine.

Thème & propos

Trop souvent, le suicide est vu comme un acte de lâcheté. Dans certaines cultures ou religions, il est même considéré comme un péché. Ici, je veux en montrer une autre facette : le suicide comme un acte d’amour et de libération.

Dans Partir avant la nuit, elle choisit de partir avant que la maladie — un Alzheimer précoce — ne lui retire ses souvenirs et sa dignité. Elle veut qu’on garde d’elle l’image d’une femme pleine de vie, et non celle d’un corps survivant à ce qu’elle a été. Elle veut aussi épargner à ses proches le poids de la voir décliner.

Ce film parle donc du droit d’avoir le choix : partir quand la vie est encore là, avant qu’elle ne s’abîme.

Immersion & mise en scène – De l’ombre à la lumière

L’histoire est racontée en illusion de plan-séquence, sans coupe visible, pour que le spectateur vive en temps réel cette traversée émotionnelle. Nous restons collés à cet homme d’une cinquantaine d’années, qui suit les indices laissés par la femme qu’il aime.

Le rythme est celui de la vie, sans artifice, avec la tension douce mais continue du cheminement vers la vérité. Un raccord discret (porte, rideau, élément sombre) permettra de passer de l’intérieur à l’extérieur sans briser l’illusion du plan unique.

• La première partie, en intérieur, baigne dans une lumière sombre et feutrée, presque sépulcrale.

• La seconde, en extérieur, s’ouvre sur une golden hour automnale : feuilles mortes, couleurs cuivrées, lumière rasante.

Le cheminement devient presque symbolique : on quitte l’ombre pour entrer dans un crépuscule chaleureux. Le final se déroule au milieu des feuilles mortes, sous un arbre solitaire au coucher de soleil. Elle est là, en robe de mariée, comme endormie. Lui tombe à genoux. Ce n’est pas une image morbide, mais un tableau apaisé, presque pictural.

Ton & références

L’approche se veut intimiste et sensorielle, avec des références à Darren Aronofsky (pour l’immersion organique et l’intensité émotionnelle) et à Gaspar Noé (pour la continuité temporelle et la proximité physique avec le personnage), mais en restant dans la retenue.

Pas d’esbroufe visuelle, pas de pathos appuyé : tout repose sur l’émotion vraie, sur les silences, sur ce que le spectateur comprend sans qu’on le lui dise.

Intention finale

Partir avant la nuit parle d’amour, de mémoire, de dignité, et du courage de partir avant que la vie ne se vide de sa substance. C’est un poème tragique, un dernier voyage raconté dans un seul souffle.

Et c’est aussi, pour moi, une manière de répondre à ma grand-mère, des années après ce jour où elle m’a dit :
« Vite, il faut partir avant la nuit. »

… et de lui dire que bientôt, je l’espère, chacun sera libre de le faire.

ELEMENTS ARTISTIQUES