Nous Aurions Pu Être Amis est un seul en scène masqué adapté de "la salle n°6" d'Anton TCHEKHOV.

« Lorsque j’ai découvert ce texte, j’ai tout de suite voulu en faire un seul en scène, explorer le monde de la folie et celui des sains d’esprit. Marcher sur un fil tendu entre ces deux mondes pas si éloignés l’un de l’autre, n’est-ce pas tout simplement cela l’expérience de vivre ?» Christophe C.

Pourquoi ce texte ?

Au sein d’Art System Compagnie Christophe Charrier, comédien, et Brigitte Charrier, metteure en scène, aiment proposer du théâtre en résonance avec le monde actuel. Leurs spectacles abordent des sujets en lien avec la psyché humaine : qu’est-ce qu’un être humain ? comment connaitre ses forces, ses failles ? comment les surmonter ? comment vivre avec les autres tout en gardant son individualité ? Ils trouvent dans la nouvelle d’Anton Tchekhov « La salle n°6 » matière à explorer ces thèmes. Tchekhov a écrit cette nouvelle en 1892 à son retour de l’ile de Sakhaline. À sa sortie la nouvelle rencontre un vif succès, mais très vite, les avis divergent sur le côté obscur de cette Russie « fictive » et tombe peu à peu dans l’oubli.

L'histoire

" Nous Aurions Pu Être Amis » est une incursion dans un pavillon d’aliénés de la Russie du 19^ème.  Siècle. Le docteur Raguine et Yvan atteint de troubles de la persécution se rencontrent sous l’œil facétieux de Moïsséïka un autre patient. Ces trois personnages que tout oppose ruminent et réinventent leur monde avec une soif de vie emplie de joie, de cruauté, de mélancolie, de compassion et d’humour.  Cette tragi-comédie au bord de la folie est une excellente occasion de découvrir un Tchekhov original et rare sur une scène de théâtre.

L'adaptation

Comment adapter cette nouvelle pleine de personnages sur une scène de théâtre pour un seul comédien ? Deux personnages principaux, Raguine et Yvan, devaient être présents mais comment faire vivre les autres ? Christophe et Brigitte ont décidé de développer le personnage de Moïsséïka que Tchekhov décrit comme curieux, malin, le seul à pouvoir sortir du pavillon et même de l’hôpital. C’était donc lui l’heureux élu, il allait présenter l’environnement et les personnages de la nouvelle, ouvrir et fermer le spectacle. Entre ses deux apparitions, Yvan nous conte son histoire, les raisons de son internement, puis Raguine nous propulse dans un conseil d’administration un peu perché. S’ensuit un dialogue à l’effet « Rashomon », où chacun des deux se livre en décalage à une interprétation subjective des faits que le spectateur se chargera de rassembler pour en saisir le sens.

Pourquoi les masques :

« C’est avant tout une passion. Quand je porte un masque, je me mets au service du personnage pour trouver son corps, sa voix, sa manière de se mouvoir. C’est surtout une rencontre : le masque et moi, comme une amitié naissante où je lui prête mon corps, je me recule pour lui laisser la place. Le masque me permet d’aller chercher mon côté sauvage, instinctif, voire inhumain tout en cultivant la précision du geste, la présence de chaque instant. » Christophe.

Cette nouvelle de Tchekhov se prête parfaitement au jeu masqué. Les masques créent un univers, un monde particulier, celui de la différence, des personnages extravagants comme un miroir déformant de la folie des hommes. Les masques, favorisant le côté outrancier des personnages, renforcent l’immersion du spectateur dans cette tragi-comédie carcérale. Les masques de Den Durand créent une unité. Ils se ressemblent, ils sont en cuir, de la même couleur ; peut-être vont-ils agir comme une révélation sur le spectateur : gommer les différences, déjouer les préjugés et envisager le vivre avec.

Résonance actuelle

Dans notre monde actuel, beaucoup d’hommes et de femmes sont enfermés sur eux-mêmes. Il n’y a plus d’écoute, de sympathie, d’empathie. Toute parole, tout geste est vite perçu comme hostile. Les humains s’éloignent les uns des autres. Heureusement on remarque encore de l’entraide et de l’amour entre les hommes.

« J’ose espérer, à mon niveau d’artiste, que mes spectacles pourront faire réfléchir les gens ; comment vivre ensemble les uns à côté des autres sans guerre, sans conflits, sans haine ; comment chacun peut trouver sa liberté sans empiéter sur celle des autres. » Christophe C.

« L’humain au cœur de l’humain, telle est ma devise inspirée de la salle n°6 ».

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