Nourrir les animaux - Projet de fin d'étude

AUDIOVISUEL - CINÉMA
PRODUCTION

Présentation du projet

Avec cette fiction, je souhaite prendre appui sur l'ensemble des recherches que j'ai pu faire pour mon mémoire et les mettre en application. Je voudrais créer à partir d'un lieu familier (une maison) et d'une activité ordinaire, une sensation d'étrangeté.

L'étrange surgit lorsque le pacte fictionnel entre le spectateur et la narration se rompt. Regarder un film revient à accepter des conventions, et chaque film en impose de nouvelles. Une sensation d'étrangeté apparaît lorsqu'un élément est en décalage avec l'univers fictionnel établi. Une friction/tension naît de cette aspérité avec la matière filmique qui crée une distance entre le spectateur et ce qu'il regarde : distance qui peut l'intriguer, le questionner et le remettre en question.

L’étrange est liée « à ce qu’on pourrait appeler une « expérience des limites ». Il s’agit de ce qui dans le réel est « extraordinaire, choquant, singuliers, inquiétant, insolite »[1]. Pour Todorov, l’étrange tient d’une explication rationnelle d’un événement exceptionnel. Il distingue deux « deux groupes d’« excuses », qui correspondent aux oppositions réel-imaginaire et réel-illusoire. Dans le premier groupe, rien de surnaturel ne s’est produit, car il ne s’est rien produit du tout : ce que l’on croyait voir n’était que le fruit d’une imagination déréglée (rêve, folie, drogues). Dans le second, les événements ont bien eu lieu, mais ils se laissent expliquer rationnellement (hasards, supercheries, illusions). »

 

Je souhaite profiter de ma ppm pour donner à voir ce qui relève du réel-imaginaire et du réel-illusoire. Mon mémoire se limite à ce qu'il est possible de faire en image pour explorer ces deux espaces mais je souhaite également profiter de ce film pour aborder d'autres domaines que je ne fais qu'effleurer dans ma recherche. J'entends par-là jouer avec la lumière, le cadre, les couleurs, mais également le décor et le scénario. Que ce soit par le scénario, le décor, le montage, l'image (avec ces couleurs, son cadre, sa lumière), il est possible de déranger et de créer un malaise chez le spectateur

Je souhaite jouer des contrastes de lumière. L'obscurité est associée à l'inconnu, à tout ce qui est tapi dans l'ombre et que nous ne pouvons pas distinguer. Il s'agit de la couleur des abysses, de l'espace et de ces objets célestes qui ne laissent rien s'échapper, les trous noirs. La nuit, la lumière cède sa place à l'obscurité, et d'elle surgissent esprits et monstres en tout genre.  Mais il est aussi tout à fait possible de jouer avec la couleur blanche et les hautes lumières pour créer de l'étrangeté.

 

Je voudrais profiter de cette fiction pour aller dans des zones d'étalonnage en dehors du gamut de Pointer. En effet, Micheal R. Pointer décrit dans ce diagramme les couleurs qu'on retrouve dans la nature, et aller en dehors de cet espace reviendrait à créer de "nouvelles couleurs", à surprendre le spectateur avec des éléments qui ne devraient pas se retrouver dans cette image à l'apparence proche du réel.  Dès lors, il faudra multiplier les essais pour trouver en amont du tournage les couleurs que nous souhaiterions avoir à l'étalonnage.

Je pense également que le numérique implique un travail particulier de l'image, qui peut être intégralement exploité lors de l'étalonnage. Dans l'article Vers la couleur de l'AFC, qui est une retranscription d'une discussion entre Caroline Champetier et Martin Roux, ce dernier mentionne trois repères visuels inaliénables de notre perception du réel : la végétation, le ciel et les visages. Une manipulation inhabituelle de leur traitement dans l'image permettrait sans doute de créer un malaise.

D'autre part, je souhaite également jouer sur le cadre : installer les premières minutes une grammaire qu'il s'agit de bousculer progressivement. Les premiers plans seraient fixes, à hauteur regard, en taille pour la plupart, mais progressivement, il y aurait des pertes d'horizon, des tremblements, des anomalies dans l'image même (et sa texture), des changements d'obturation, etc…

Quant à la lumière, comme pour mon exercice fiction de première année, Appartement 656, je ne souhaite pas cacher sa présence. Je voudrais faire sentir son artificialité, faire comprendre par elle que nous sommes dans un espace fictionnel travaillé.

L'objectif de cette fiction serait de placer le spectateur dans une ambiguïté qui l'empêche de déterminer avec certitude l'origine de son malaise, alors même qu'il s'amplifie au fur et à mesure du film… lui donner la sensation de regarder une situation familière dont il perd progressivement tous les repères.

L'histoire

J'ai pensé à une histoire qui me permette d'explorer ce que j'ai pu approcher. Je me laisse ainsi la possibilité d'un travail plus physique de l'image, avec des dialogues et un son direct réduits au minimum.

Ce scénario est librement inspiré d’une nouvelle de Raymond Carver, « De l’autre côté du palier ». Dans cette dernière, les Miller s’occupent de l’appartement de leurs voisins partis en vacances. Les jours passent et ils obsession malsaine pour leur vie intime et privée dans laquelle ils s’insèrent de plus en plus.

L’adaptation que je fais de cette nouvelle simplifie encore davantage l’histoire pour qu’il n’y ait plus que deux personnages : le héros et le propriétaire de l’appartement qui apparaît brièvement. 

En choisissant de faire évoluer mon héros dans un lieu unique, une maison, je fais en sorte de limiter la mise en scène à des regards, des silences, et des mouvements. L'action est réduite à l’exploration par le héros d’un lieu typique.

Le film est divisé en plusieurs journées qui me permettent d’explorer à chaque fois de nouvelles manières d’incarner l’étrange. À nouveau, il s’agira de jouer du décor, des cadres, de la lumière pour aller vers des extrêmes stylistiques de plus en plus marqués jusqu’à atteindre une abstraction.

Les premières séquences installent une logique de récit très classique, avec une mise en scène simple et un découpage fluide. Mais peu à peu, la texture, la saturation, les couleurs des murs et des peaux changent. Le découpage se fait moins prévisible – comme si la caméra s’animait et que le héros était lui-même observé.

L’objectif est de faire sentir ce décalage au spectateur de manière subtile. Le spectateur doit sentir un malaise s’installer progressivement.

A la mise en scène, nous prendrons plaisir à jouer avec le spectateur pour multiplier les éléments dissonants (le diable se trouve dans les détails) et ainsi produire une sensation d’étrangeté.

De l’étrange, de l’angoisse et du fantastique ?

            L’étrangeté est un concept en tension qui n’a d’existence que dans l’expérience. Il s’agit d’un concept phénoménologique lié à une indétermination de notre perception. Une peur a un objet (cela peut être la peur de l’autre qui s’incarne dans le monstre) mais pas l’étrangeté. Ce concept se caractérise justement par la négation, par une absence et une perte de repères.

            Or s’il peut exister de manière ponctuel dans un film, il est courant qu’il soit un outil pour amorcer (faire une prolepse), voire annoncer, un élément futur du récit.

            Je choisis de basculer dans la naissance d’un sentiment d’angoisse à mesure que le récit se développe. Ainsi, la chute fin relève de l’horreur. Le héros entre dans une pièce plongée dans une obscurité surnaturelle et découvre un espace du néant. Il est allé trop loin dans ses transgressions et il est propulsé dans un ailleurs indéterminé. Soudain, des bruits de pas se font entendre et se rapprochent mais rien n’apparaît. La porte se ferme.

La répétition, le hasard, le double, l’illusion

Ces quatre éléments évoqués par Freud dans son étude sur l’inquiétante étrangeté sont explorés dans ce projet de court-métrage.

  • La répétition s‘incarne à travers la structure même du scénario. Chaque jour est semblable et différent à la fois. A force d’explorer ce microcosme du foyer, les éléments qui le constituent apparaissent de moins en moins anodins. Si le regard s’arrête sur un objet, il ne retrouve pas la familiarité qui caractérisait l’ensemble. Je voudrais m’approcher de la sensation que provoque cette photographie ci-dessous. Il s’agit ici de la pure création d’une intelligence artificielle dont l’objectif est de créer une image familière. Le problème étant que rien de ce qui la compose ne résiste à une explication rationnelle : les visages des photos sont effacés et lorsque les photos ne représentent pas des personnes, elles ne représentent que des formes incohérentes.

 

  • Le hasard est présent à plusieurs moments du récit, notamment à la décoration. L’horloge indique précisément l’arrivée du héros à la même heure chaque jour.
  • Le double est omniprésent dans le film. Le héros cherche à superposer à son identité vacillante, une autre qu’il considère plus reluisante. Dans cette maison huppée, il cache son vrai visage derrière le masque d’un riche propriétaire. En mettant les vêtements très chics du propriétaire, il fait tout pour être un autre. Ce double de lui-même s’affirme véritablement dans sa rencontre avec sa conquête d’un soir.   
  • L’illusion se retrouve à plusieurs niveaux du film :
    • D’abord dans le scénario au sein cette dernière séquence onirique dans laquelle le héros se déplace dans un espace du néant. Le film bascule dans un univers différent, à la lisière du fantastique.
    • Ensuite, l’illusion traverse la mise en scène et le découpage choisis. L’idée est de créer par l’image l’illusion d’un point de vue impossible. A l’instar de Kairo, il s’agit de jouer des surcadrages, de la hauteur, des mouvements pour donner la sensation d’un regard intrusif et dérangeant.
    • D’autre part, comme mentionné plus haut, il s’agira de glisser dans la texture même de l’image l’indice du malaise à travers un travail différent des peaux et de la végétation au fil des jours.

 

 

 

 

A quoi sert l'argent collecté

L'argent collecté servira en priorité à nourrir l'équipe, défrayer les transports et habiller le décor ! Les personnes qui travaillent sur ce projet sont toutes bénévoles. 


Objectif de collecte

2 700,00 €

Montant Global

2 700,00 €

Dépenses

Désignation Montant

Régie

Déjeuner pour 15 personnes sur 6j 800,00 €
Essence - transport 400,00 €
Régie quotidienne 200,00 €
SOUS TOTAL 1 400,00 €

Déco

Refaire la déco d'une maison 1 000,00 €
SOUS TOTAL 1 000,00 €

Imprévu

Imprévus 300,00 €
SOUS TOTAL 300,00 €

TOTAL

TOTAL 2 700,00 €

Recettes

Désignation Montant

Proarti

Financement participatif proarti 2 700,00 €

TOTAL

TOTAL 2 700,00 €

Contreparties

Remerciement et une photo unique de la mascotte du film

pour 5,00 € et +

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Une place dans mon coeur et votre nom au générique

Lien de visionnage du film

pour 20,00 € et +

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Un lien de visionnage privé du film + les contreparties précédentes

Shooting photo

pour 500,00 € et +

0 ARTINAUTES

Un shooting photo en studio pour les réseaux sociaux (et applications de rencontre, ce film est une histoire d'amour après tout) ou un film pour votre bande démo