Noir Macadam

Un film de Victor Grillot

Avec David Baiot et Thomas Petit

Cette collecte a pour objectif de financer une partie du film "Noir Macadam” écrit et réalisé par Victor Grillot et produit par Désert Rouge Production. Nous faisons appel à votre générosité et vous proposons des paliers et des contreparties pour tous les goûts !

Tout au long de la page vous pourrez trouver des photos d’influences visuelles qui sont chères au réalisateur.

Synopsis : 

Dans l'obscurité d'une nuit sans fin, Ayden et Léo, un couple en voiture, se lancent dans un jeu de rôle en tant que conducteur et auto-stoppeur. Ce jeu, au départ ludique, se transforme en un terrain où émergent des préjugés racistes. Ayden prend peu à peu conscience de ces implications et s'efforce de les expliquer à Léo, bouleversant ainsi leur voyage en une exploration émotionnelle terrible.

Note de l’auteur : 

“Noir Macadam” raconte comment à travers un simple jeu de rôle, un couple va se déséquilibrer et se rendre compte des origines du désir de l’un pour l’autre. Plus que la découverte des origines du désir, c’est la prise de conscience de ce que celui-ci comporte qui va faire basculer ce couple dans une impossibilité de se comprendre. Ayden, par ses propres envies et ceux de son conjoint, Léo, va découvrir les fondements racistes d’un fantasme lié à sa couleur de peau. Ce fantasme, dont il connaissait l’existence, va tout à coup lui faire écho à cause des mots, des comportements de Léo qui sont ici exacerbés par les rôles qu’ils campent. 

Ce court-métrage est pour moi un film nécessaire car il aborde des questions peu traitées au cinéma. J’ai la volonté de faire un film qui ne parle pas de la question de l’identité homosexuelle, mais plutot d’un sujet qui touchent la communauté gay. Tel est l’ambition de “Noir macadam”, mettre en lumiere des questionnements communautaires sans questionné l’appartenance à cette communauté. 

Des personnages qui se découvrent

En se cachant derrière le jeu de rôle d’un auto-stoppeur et d’un chauffard, Léo et Ayden ne cessent de parler d’eux-mêmes, de leur couple, de leur point de vue sur des sujets de société. Grâce aux masques d’inconnu qu’ils portent, ils se disent, se racontent avec une honnêteté dangereuse, parfois provocatrice ou sensuelle. Ce jeu, qui aurait pu se terminer vite et simplement, va finalement aller jusqu’à une issue que ni l’un ni l’autre n’aurait pu imaginer, et ce, à cause de multiples incompréhensions et interprétations de leur rôle. Ils pensent, dès le début, jouer la même partition puis progressivement se rendent compte, à travers des mots qui blessent ou des actions contraires, qu’ils ne sont finalement pas sur la même longueur d’onde. Ayden pense dès le début que ce jeu de rôle est uniquement érotique, jusqu’à ce que Léo referme faussement et maladroitement cette porte. Tout le long du récit, l’un blesse l’autre puis inversement, comme une balance qui doit sans cesse être rééquilibrée à coup de vengeance verbale ou de provocation physique. Chacun leur tour, ils vont s’apercevoir de la puissance destructrice de leurs actions ou de leurs paroles. Ils essayent de revenir en arrière, d’arrêter le jeu mais il est trop tard. À tour de rôle, ils referment les portes de sortie de ce jeu, jusqu’à atteindre un point de non retour, jusqu'à ce qu’ils se soient dit trop de choses et ainsi être dans la peur de quitter le masque qui les a protégés jusqu'alors.

 Le fantasme racisé :

La question du fantasme racisé berce le scénario. Au fil de plusieurs provocations vengeresses, de la part de Léo, d’un champ lexical raciste (non conscientisé) qui font écho à Ayden, celui-ci va peu à peu basculer dans une prise de conscience des origines d’un fantasme qu’il connaît déjà. C’est ici les fondements qu’il découvre et intellectualise. Des fondements racistes, post coloniaux qui fantasment l’homme noir bestial, sauvage, qui s’inscrivent dans une pratique de dominé/dominant. Ayden ne va cesser, au fil du dialogue, d’essayer de faire comprendre à Léo cette prise de conscience mais celui-ci l’interprète de manière uniquement sexuelle, symptômes d’une impossibilité à comprendre ce que vit et ressent Ayden. C’est la mise en parallèle entre une domination choisie, désireuse, et une domination subie, sociétale. La fin du scénario est pour Ayden, le seul moyen de faire comprendre à Léo, ce que peut être cette domination. C’est la matérialisation, le temps d’un court instant, violent, de faire vivre à Léo cela. 

 Un flot tourbillonnant : 

“Noir macadam” est un film de dialogue ininterrompu, un flot continu de paroles qui emprisonne nos protagonistes dans des personnages qui vont trop loin pour en sortir. A l’instar d’Ayden et Léo, le spectateur sera plongé dans ce tourbillon dans lequel il ne pourra sortir, et ce, grâce à une mise en scène enfermante et inquiétante. La presque totalité du film sera tournée en caméra épaule statique, comme une respiration, vivante, qui laisse le temps et la place à nos comédiens. Pour ce faire, le film sera très peu découpé, peu de plans pour être au plus proche de ce qu’ils vivent et de leur dialogue dont le rythme donne la clé de leur psychologie mouvante, des changements d’interprétation de leur rôle. Le film est écrit comme une partition dont les fausses notes font prendre des tournants au scénario. Les plans séquences sont primordiaux pour capter les temps, le silence, la réflexion d’Ayden et Léo sur les rôles révélateurs qu’ils jouent. Ce sont ces moments, ce rythme, qui vont faire transparaître leur intériorité et ainsi mettre en avant leur prise de conscience ou l’impossibilité de se comprendre. Le plan séquence nous enferme avec eux et le tempo du dialogue nous montre ce qu’il y a derrière le masque, ce qu’Ayden et Léo veulent vraiment dire à travers le rôle qu’ils jouent. 

 La dangerosité dans une réalité parallèle :

Le film se déroule le temps d’une nuit. L’atmosphère générale du film sera très sombre, et ce, grâce à plusieurs éléments. Tout d’abord, par les dialogues et la narration qui sont construits comme un électrocardiogramme. La tension monte, redescend puis finalement perdure à travers le double jeu d’un désir, d’un fantasme qui surfe sur une dangerosité, sur le fil de la peur et du désir. Cette atmosphère sera aussi amenée par l’ambiance nocturne de campagne qui les isole dans le vide du rien et dans le silence de la nuit. Le son sera aussi un élément primordial pour amener la tension dans le film et définir l’état psychologique de nos héros. Chaque séquence est ponctuée par des éléments sonores qui suivent le rythme de la tension et de la dangerosité, du calme à l'assourdissant pour un retour brutal au silence 

Dans une sorte de réalité parallèle, sans témoin, comme si les rôles qu’ils campent appartenaient à une réalité propre, à un monde en soi. Les décors et la mise en scène se servent d’éléments du réel, une voiture, une station-service, un restaurant mais qui s’inscrivent dans une réalité parallèle, peu vraisemblable : une voiture qui roule au milieu de nulle part, dans l’obscurité totale du paysage, une station-service déserte sans rien autour, un restaurant d’hôtel ouvert très tard, lui aussi désert, peuplé d’autres clients dont la présence et le comportement ne sont pas vraiment réels (aucune réaction de leur part, seuls, isolés, sans verre ni nourriture). Cette réalité parallèle s’inscrit dans la mécanique du jeu dans le jeu : Ayden et Léo qui eux même jouent un chauffard et un auto-stoppeur. 

Ayden et Léo seront incarnés respectivement par David Baiot et Thomas Petit. Après de longues recherches, il s’est opéré un coup de cœur commun, eux pour le scénario et moi pour leur interprétation. Il était primordial pour moi de choisir des comédiens pour qui le scénario faisait échos pour embrasser au mieux la psychologie des protagonistes. Ces deux rôles sont très techniques et demandent donc un travail de répétition en amont du tournage. Depuis un mois désormais nous travaillons au plus près du texte et des ressentis des personnages. Le tournage ayant lieu prochainement, nous prenons le temps d’approfondir le plus possible le sens du jeu et du texte.