MOLOTOW PROJECT

D'un besoin de dire, le Molotow Project a évolué vers une envie de partager. Parce que la reconquête d'un patrimoine n'est pas une aventure solitaire mais collective, cet appel à contribution en est la première pierre.

Le projet est composé de 2 phases, au moins :

La phase 1 / l'exposition : du 1er au 7 juin à l'Orangerie du Thabor à Rennes.

La phase 2/ l'oeuvre collective : à partir de septembre 2015 un projet politique et artistique à construire avec les habitants des villes que je traverse ou que j'habite.

Chacune, chacun vit au jour le jour sa ville, y inscrit son âme, en rencontre d'autres, se heurte aux frontières. En soutenant ce projet, vous contruirez avec moi un autre regard sur la ville. On y va?

Ce projet a démarré avec un souvenir.

Une carte postale punaisée au dessus de ma tête dans ma chambre d'enfant, puis d'adolescente. Une carte comme on en trouve dans tous les magasins de souvenirs. Dans toutes les stations balnéaires, les stations de ski, les aéroports...Cette carte dit notre prénom. Elle classe, elle organise, elle détermine, elle renseigne, elle rassure...

La mienne disait ceci : « Une véritable petite bombe. On ne sait jamais quand elle va exploser ».

Ce souvenir a fait tilt. Puis boum quand j'ai décidé de redessiner, repeindre, d'y travailler « pour de vrai » après un long moment de silence. Avec des marqueurs Molotow. Clin d'oeil à la carte postale.

Et zoom arrière pour retrouver cette chambre, ce pavillon, cette rue, ces avenues, ce centre commercial, cette banlieue, ces RER, le collège, le lycée, la fac, la prépa...

Puis une autre ville. Celle de mes études, de la vie qui s'installe et qui se pose.

Il m'est resté la sensation, la pression, le vide, le froid, le silence, les murs, le béton, le bitume, la lenteur, la longueur...

Toutes ces images que la ville de notre enfance peut laisser comme traces sur notre corps dans la façon de se mouvoir, de comprendre une ville... Ou justement de n'y rien comprendre quand son sens de l’orientation s’en trouve irrémédiablement diminué par ces longues artères et ces pistes cyclables droites à n'en plus finir.

Je suis née à Trappes. J'y ai vécu 5 jours.

J'ai habité à Montigny le Bretonneux, commune de l’agglomération de Saint-Quentin-enYvelines. J'y suis restée 20 ans.

Je vis à Rennes depuis maintenant 15 ans.

Je suis retournée à Saint-Quentin en Yvelines pour ce projet. Mon école est devenue un commissariat. Mon collège s’est transformé en école de théâtre un peu vide. Ma « ville nouvelle » est devenue une « ville d'art et d'histoire » !

J'ai regardé à nouveau Rennes.

Sans conventions ni frontières, je cherche par toutes les techniques / installations à rendre compte de ces récits urbains et de ce qu'ils ont imprimé en moi. Ce que l’on appelle l'héritage ou le patrimoine.

SAINT-QUENTIN-EN-YVELINES

Les gravures rencontrent les pavillons.Donnant à ces architectures leurs lettres de noblesse. Saint-Quentin-en-Yvelines est devenue Ville d'art et d'histoire en 2014.Première ville nouvelle à obtenir ce titre, paradoxe de mes souvenirs ?

Errer dans le centre commercial… Croiser Jamel Debbouze à Carrefour... Pouffer… Se faire refouler du Métropolis à Rungis et prendre la bretelle d'autoroute à l'envers.

Pourtant, je suis retournée à Saint-Quentin-en-Yvelines.

J'ai essayé d'avoir un regard neuf. Celui qui est le mien quand je voyage. Quand je découvre. Celui de celles et ceux qui viennent découvrir l'architecture des XX^ème et XXI ^ème siècles.

RENNES

Le pop art, le graffiti et le street art rencontrent les murs et les bâtiments d'une ville d'histoire.

Ses colombages et ses rues pavées m’ont donné l'impression d'arriver à Disneyland en 2000. J'avais 20 ans.

Je trouvais que cette ville ressemblait aux allées reconstituées du parc d'attraction de Marne-la-Vallée. Chaleureuse par son côté figé et artificiel. J'y voyais un décor de film quand s'offrait à moi une ville - une vraie - dont les rues et les murs ont des choses à raconter d'un autre siècle.

Mon travail s’intéresse à la rencontre contrastée de ces deux villes de caractère - chacune à sa manière. Il porte sur ce qui fait le patrimoine d'une ville et de ses habitants. Son récit, ce que l'on en dit, ce que les gens en vivent… Ce qui marque nos identités, nos fiertés...

L'exposition à l'Orangerie du Thabor à Rennes en est la première étape...la suite est à construire avec vous...au travers d'une oeuvre collective qui dira ce que le "nous" veut dire et ce que la ville en fait.

Bibiche, c'est mon surnom d'enfance. Zède, ma marque de fabrique.

bibichezede.com