Main Verte

Un huis-clos tendu sur l’éco-anxiété
dans un monde dystopique

C’est l’histoire de Maud, une jeune femme seule, dans un futur proche où l’air extérieur n’est plus respirable. Tous les soirs dans son bel appartement, Maud entretient minutieusement ses plantes, grâce à la technologie avancée. Grâce à elles, Maud peut se nourrir et surtout respirer un air non pollué.

Un jour, le système de désinfection à l’entrée de l’appartement de Maud tombe en panne. Maud, inquiète de ne pas pouvoir s’occuper de ses plantes, outrepasse la sécurité et se désinfecte seule. Cependant, un champignon venant de l’extérieur réussit à contaminer sa plante préférée. Avec les conseils de l’entreprise qui lui a vendu ses plantes, Maud tente de combattre l’infection. Mais c’est inefficace, la moisissure continue de se développer, s’étend sur les autres plantes et commence même à s’attaquer à sa peau.

Refusant à présent toute aide extérieur, Maud persiste et lutte nuit et jour contre l’invasion de fongus, tandis que l’air respirable vient à manquer dans l’appartement...

Note de la réalisatrice

Aujourd’hui, la fin du monde, le réchauffement climatique, la pollution de l’air… promettent dans un futur proche un monde invivable, chaotique, hors contrôle. Les scénarios cauchemardesques sont plausibles. Le personnage de Maud vit dans ce futur. Son chez-soi apparaît comme son unique refuge possible ; un bunker végétal sur lequel elle a le plus grand contrôle.
Elle fait en sorte de ne dépendre de personne. Avec ses plantes, elle s’assure d’une autosuffisance alimentaire, sexuelle et sanitaire. Avec ses plantes, Maud contrôle l’air qu’elle respire. Ceci pour assurer sa survie et pour survivre à sa peur de mourir. Tout représente un danger. En réalité, Maud est morte de trouille.

J’ai écrit mes peurs dans cette Main Verte ; Peur de faire l’autruche en me fourrant la tête dans des produits bio tandis que la température mondiale augmente. Peur qu’on se construise des abris illusoires, des univers superficiels pour parer aux dangers du monde extérieur. Des univers sans matière, sans contact. Tant contrôlés, désinfectés, aseptisés… que plus rien n’existe réellement. Nous nous fabriquons des bulles individuelles qui nous isolent. Une solitude que je trouve exacerbée aujourd’hui.

Obsédée par le maintien de son écosystème, Maud refuse l’inconnu. Elle s’est isolée dans sa folie bien ordonnée. Les autres représentent un danger, ils menacent de perturber et de détruire son parfait équilibre. Mais sans l’aide des autres, Maud meurt. Elle a besoin des autres pour survivre, comme ses plantes ont besoin de carbone pour fabriquer de l’oxygène et s’épanouir. C’est ce que Maud accepte finalement, après avoir compris que la respiration du téléconseiller ne faisait pas du bien à ses plantes mais à elle-même. Car plus que de n’importe quel végétal, c’est d’humanité dont Maud a besoin.

Tara Mollet