Pourquoi ce film?

J’ai rencontré Dormillouse et ses vieilles maisons alors que je faisais une vidéo sur le refuge de l’école. Je me suis donc rendue au village en hiver afin d’y passer la nuit, de rencontrer le gardien et d’explorer l’environnement.

Ce fût une expérience unique.

Ce hameau singulier où aucune route carrossable n’a été construite, est le seul lieu habité au sein du Parc des Écrins, dans la magnifique vallée de Freissinières.

Le village est riche en histoires, il a été le refuge du mouvement Vaudois au 13è siècle, « l’apôtre des Hautes-Alpes », Félix Nef qui y créa une école normale d’instituteur au 19è siècle. Fin 19ème siècle, Émile Niel fera la classe aux enfants et aux adultes du village, il participera à l’organisation de l’exode de plusieurs familles en Algérie.

Mais c’est une histoire plus contemporaine que je voudrais raconter.

Dans les années 60, une première communauté de jeunes protestants a loué des terrains agricoles, ils furent progressivement supplantés par une communauté hippie dans les années 70.

Des barbus, des chevelus dans les Hautes-Alpes, cela attise ma curiosité !

Le mouvement hippie est un courant de contre-culture apparu aux États Unis avant de se diffuser dans le reste du monde occidental. Issus en grande partie de la jeunesse nombreuse du baby boom de l’après-guerre, ils rejettent les valeurs traditionnelles, le mode de vie de la génération de leurs parents et de la société de consommation.

Ils cherchent l’ouverture à d’autres cultures et ont un fort besoin d’émancipation.

J’ai de l’admiration envers les personnes qui doutent, qui osent, qui inventent une manière de vivre en rupture avec le système familial et social dans lequel ils ont évolué et qui ne leur convient pas.

Je suis intéressée, curieuse de comprendre comment ils vivaient ensemble, pourquoi ils avaient fait ce choix.

De nos jours c’est un positionnement qui nous parle, un certain nombre de personnes remettent en cause leur mode de vie, leurs priorités après les confinements liés au covid.

De la même manière, de jeunes diplômés de grandes écoles ont choisi des métiers qui ont du sens par rapport à la conjoncture, apicultrice pour l’une, maraîcher pour un autre…

Le monde est bouleversé, l’avenir parait sombre, les perspectives sont restreintes, les jeunes (une petite partie !) parlent de décroissance, de respect de l’environnement, de sobriété.

Ils se regroupent parfois et créent des collectifs, des communautés .

Faut-il du courage pour prendre ce virage à 90 °?

N’a-t-on pas tous un jour eu envie de tout envoyer balader?

De retrouver l’essentiel, ce qui nous tient réellement à coeur, de donner du sens à ce que l’on fait ?

Ils ont en commun le besoin de créer, d’inventer…

« Une utopie ça devient une réalité quand ça devient une nécessité » René Dumont. 

Synopsis

Le film raconte l’histoire d’une communauté de hippies qui s’est installée dans les années 70 à

Dormillouse, un village isolé, niché dans la vallée de Freissinières ( Hautes-Alpes ).

Ce hameau singulier où aucune route carrossable n’a été construite se situe dans le Parc National des Écrins.

D’anciens membres de la communauté, Susanne, Charlie, petit Pierre, grand Pierre, Eliab, Marie-Louise, nous racontent  comment est né le groupe, quelles étaient leurs activités, leurs valeurs, comment ils ont réussi à passer les hivers, vigoureux à cette altitude.

« A l’époque c’était une remise en question de tout, comment on se soigne, comment on mange, quel modèle économique…C’était un véritable laboratoire ».

« Les gens là-haut n’avaient aucune expérience, ils ne connaissaient rien du tout de la vie rurale, cela les a vite mis au pas! »

Le premier hiver a été difficile mais le lieu hypnotique leur a beaucoup appris : L’Université de Dormillouse comme dit Susanne !Rapidement ils ont créé des jardins, ont eu deux vaches, quelques chevaux pour le bois et les travaux.

Les familles d’agriculteurs, les bergers du coin ont vu « débarquer » ces jeunes chevelus qui n’avaient pas du tout le même mode de vie, la même vision du monde qu’eux.

Afin de faire un parallèle, à 50 années d'écarts,  je suis allée à la rencontre d'un collectif  en Ardêche.

En effet de nos jours les lieux alternatifs se multiplient, il y a comme une urgence a réinventer nos de mode de vie!

Il existait une forme d'insoucience chez les hippies tandis que l'organisation prévaut chez les jeunes des années 2020

Pourquoi recourir à une plateforme de collecte?

N'ayant pas abouti en passant par le circuit classique, je me suis naturellement tournée vers un financement participatif.

La notion de collectivité faisant sens avec les propos du film !

Je me suis plongée avec passion dans la réalisation de ce documentaire, j'ai rencontré de belles personnes, de belles  énergies. Il me semble inconcevable de ne pas partager cette histoire.