LES SILENCIEUSES

Elles n’ont pas d’enfant. On dit d’elles : des nullipares. Un mot moche qui fait d’elles des femmes à part. Qui désigne par l’absence. Une minorité invisible qui vit dans un univers normé où la maternité est un modèle. Les silencieuses, par la voix et par le geste, font entendre leur petite musique intérieure, sensible et dissonante.

LES SILENCIEUSES - LE FILM

Le film donne la parole à des femmes qui n'ont pas d'enfant.

Elles n'en ont jamais eu le désir, elles sont stériles, elles sont lesbiennes, elles sont atteintes ou porteuses d'une maladie, elles ont fait plusieurs fausses couches, se sont faites avorter, elles n'ont pas rencontré l'homme avec lequel elles auraient eu envie, ou alors trop tôt, ou trop tard… Question de désir, de tempo, la vie quoi.

On dit d’elles : des nullipares. Un mot moche qui fait d’elles des femmes à part. Qui désigne par l‘absence.

Une minorité invisible qui vit dans une société où la maternité est un modèle.

Par la voix et par le geste, le film veut donner à entendre la petite musique intérieure, sensible et dissonante de ces femmes silencieuses.

LES SILENCIEUSES - LES INTENTIONS POUR LE FILM par Nicole Zeizig

Les Silencieuses est mon troisième film. Comme pour les deux précédents, j’explore les méandres de l’intime pour évoquer des émotions qui peuvent tous nous traverser : le deuil, le sentiment amoureux, ici l’absence d’enfant.

Je veux que ce film s’apparente à une petite musique intérieure qui nous parlerait de femmes à part, auxquelles on dénie parfois le droit d’être des femmes à part entière.

Au travers de témoignages sensibles, je veux explorer ce territoire intime et écouter des femmes qui évoquent un deuil invisible, parfois des regrets, mais souvent des choix complètement assumés et une capacité à rebondir, se construire et se réaliser pleinement hors des sentiers battus de la condition maternelle.

Par le miroir réfléchissant qu’elles nous tendent, je tisse avec ses femmes un film qui joue les révélateurs et les agitateurs sur la question de la maternité, de la norme et des injonctions qui en découlent.

ESSAIS - LES SILENCIEUSES

LES SILENCIEUSES - LE FILM par Nicole Zeizig

Je vais placer le spectateur dans une bulle, favoriser une posture d’écoute et mettre la parole au centre de mon dispositif en recueillant la parole de ces femmes au son uniquement.

En masquant l’enveloppe corporelle de celle qui parle, j’ouvre des possibles : cette voix peut désormais indifféremment appartenir à une cousine, une collègue de bureau, à la voisine de palier…

Pour autant, je veux mettre le corps des femmes au cœur du film.

Je choisis donc de joindre le geste à la parole et je donne « à voir » cette parole off différemment, à travers la langue des signes, une langue à part entière, qui se déploie dans le silence mais qui passe par une gestuelle très expressive. Ce ne sont pas seulement deux mains qui signent, mais bien le corps tout entier qui s’exprime, un regard qui capte le nôtre, qui nous rappelle à chaque instant que pour se comprendre, il faut se regarder.

La langue des signes m’intéresse en cela qu’elle est très cinématographique. Il s’agit d’une langue riche qui convoque trois dimensions : le sens, le corps et la nuance. L’énergie circule, l’émotion transpire sur les visages et dans les expressions.

Je cherche réellement une interprétation où la parole se déploie dans une liberté de mouvements et un engagement complet du corps proche du chansigne, l'art de traduire la musique dans un monde silencieux.

POURQUOI NOUS PORTONS LE PROJET LES SILENCIEUSES ? par Colette Quesson et Alexandre Cornu

Nicole Zeizig emprunte des chemins de traverse dans le documentaire. Elle part du sensible, de sujets personnels qu’elle travaille dans une forme plastique atypique. Chaque fois, c'est une aventure hors norme, qui répond au besoin impérieux de trouver la forme juste pour des films aux sujets essentiels et intimes.

Cela fait maintenant trois ans que nous développons ce projet de film avec Nicole, qu’elle ‘porte en elle’ depuis longtemps. Ses premières notes racontaient sa propre histoire. Puis ce sont des discussions avec des ‘nullipares’ autour d’elle, qui l’ont convaincue de développer le projet et de l’écrire dans un récit choral. Ce ‘silence’ partagé par beaucoup d’entre elles a été un déclencheur. Mais comment faire résonner les mots après des décennies, voire des vies de silence ? Nicole veut donner à ces mots rares une force et une résonance singulières.

Nous vous livrons ici un extrait de ce projet auquel nous tenons beaucoup. Nous avons besoin de l’aide de participants privés pour faire avancer ce beau projet initié en 2020. 

Grâce à vos dons, vous participez à la production du film et vous rendez possible un cinéma libre et indépendant.

En soutenant le projet, vous avez la possibilité de défiscaliser votre don : un don de 100 euros par exemple, coûte 34€ à un particulier et 40€ à une entreprise après défiscalisation.