Les premiers jours sont redevenus argile

Bonjour,

Nous voici aujourd'hui sur cette plateforme de crowdfunding pour vous présenter notre projet de film. Un film à la fois personnel et universel. C'est pour cette raison que nous nous adressons à vous d'abord, avant d'intégrer lecircuit de l'industrie du cinéma. Vous qui formez, de près ou de loin, à la manière d'un canevas, un socle pour tisser la toile de ce rêve. Un tremplin précieux pour préparer au mieux ce projet et lui offrir, nous en sommes convaincues, un bel avenir.

Merci pour votre soutien et bonnes fêtes de fin d'année,

Charlotte et Ayona

*** RÉSUMÉ DU FILM ***

Danseuse, Ayona se forme à la danse classique indienne "Bharatanatyam" à l’école Kerala Kalamandalam et Shivanjali pendant dix ans, alors qu’elle accompagne son père dans ses voyages dans la communauté syriaque du Kerala en Inde. En 2012, à 25 ans, on lui diagnostique une maladie auto-immune des articulations et lui annonce qu’elle ne pourra plus jamais danser.

Son père Behnam Keryo, assyriologue, musicien, poète et calligraphe irakien, nous a quittés subitement en 2017, au Kenya, terre natale d’Ayona. Au même moment, les bombes pleuvent sur Mossoul et détruisent les vestiges de son enfance et de la Mésopotamie.

En 2021, Ayona écrit un spectacle de théâtre-dansé.Il a pour point de départ la traduction et la version chantée en babylonien de l’Épopée de Gilgamesh réalisées par son père, à partir de la tablette cunéiforme d’origine. Ce texte, considéré comme le plus vieux récit du monde, raconte l’histoire d’une amitié extraordinaire. Gilgamesh, roi de la cité d’Uruk (Irak actuel), désespéré à la mort de son ami Enkidu, se lance dans une quête folle d’immortalité.

Ayona et Charlotte se rencontrent à 18 ans, pendant leurs études de théâtre. Elles sont passionnées et rêvent d’écrire, de jouer, de mettre en scène. Elles se perdent de vue et se retrouvent presque 15 ans plus tard, par hasard, cette fois encore grâce au théâtre. Elles ont la sensation d’avoir trahi leurs rêves d’enfants, ces rêves d’actrices, de mise en scène, de plateau de théâtre et de danse.

Charlotte, depuis, est devenue réalisatrice de documentaires. Au moment où son premier moyen-métrage commence une carrière prometteuse en festivals, elle devient maman et le Covid arrive. Elle se retrouve maman solo, loin de ses rêves encore une fois. On lui propose de donner des cours de cinéma à l’École de l’acteur à Toulouse. Lors du premier cours, en septembre 2022, elle retrouve Ayona parmi ses élèves. Ensemble, elles se retrouvent pour se connecter à leurs rêves.

Quand Ayona lui raconte le spectacle qu’elle vient d’écrire, Charlotte lui propose immédiatement de faire un film sur le processus de création de ce spectacle. Ayona met en scène le spectacle qu’elle a écrit et retourne à la danse, pendant que Charlotte filme son amie qui réalise son spectacle et revient ainsi au cinéma. Elles se donnent la main pour un voyage initiatique, où l’amitié sera le moteur pour honorer leur rêve, où la danse et le cinéma sont des moyens de survie, la création d'un exutoire vital. Charlotte filme Ayona qui met en scène son spectacle dansé sur l'Epopée de Gilgamesh, hommage à son père et à son héritage. Ainsi, les deux femmes questionnent l'écriture filmique, l'écriture scénique, l'écriture de leurs vies dont elles décident de devenir les artistes, en créant leur propre réalité. Telles des Gilgamesh et Enkidu des temps modernes, elles tentent elles aussi d'atteindre l'immortalité. En mêlant leurs écritures et leurs voix, elles créent les traces éternelles, à travers le film, d'un geste artistique éphémère, la danse.

Ode à l'amitié, ode à la vie, ode à la paix, ode à la connaissance de nos origines, ce film est un message d'espoir par temps de désastre, où l'artiste, par son geste, créé les battements de coeur du monde.

Il est un espace hors du temps, une fenêtre de refléxion et de beauté, un instant volé au chaos ambiant.

*** NOTE D'INTENTION ***

Une danseuse sur les cordes d'un musicien comme une funambule entre deux civilisations.

Une analogie entre le dieu babylonien Nabu, "Scribe de l'univers", et l'artiste de Nietzsche qui enfante une étoile dansante. 

Un parallèle entre l'écriture figée pour l'éternité sur des tablettes d'argile et une conception de la danse comme une écriture éphémère qui s'efface à mesure qu'elle se trace. Un poème tracé dans l'air.

Un voyage, plusieurs histoires qui se tissent, des fils qui en se croisant font naître l'étincelle du choc des contraires.

Entre la France, le Kenya et l'Irak, la nature et la culture, entre ces deux terres berceaux de l'humanité et de notre civilisation. Entre l'art et la vie et l'Inde... où tout est mise en scène et le quotidien un spectacle permanent.

Jusqu'au claquage d'une corde... Le quatrième mur se brise. L'histoire personnelle se mêle à l'universel, la vie quotidienne à la vie rêvée. Et dans un pas de deux tonitruant, Ayona et Charlotte s'engouffrent dans cet espace, pour devenir les artistes de leur propre vie.

C'est une histoire de résonances et d'échos. Entre un spectacle et un film. Entre l'Épopée de Gilgamesh plusieurs fois millénaire et cette quête d'éternité toujours irrésolue. Entre deux femmes, qui refusent d'être broyées par la tragédie. Et encore et toujours... Écrire pour l'éternité. Les premiers jours sont redevenus argile. Cette argile est entre nos mains.