Les enfants des autres à Avignon !

Cette histoire tire son origine d’une nuit d’insomnie, empêché de dormir par de vieilles angoisses liées à la mort. Un texte de quelques pages qui racontait une histoire laconique entre quatre personnages. La jeunesse, l’amour, l’homosexualité, la maladie, la peur de la mort, la précipitation vers la fin. J’ai laissé ces lignes reposer pendant quelques temps, sans savoir quoi en faire. Puis un jour, alors que j’étais dans le train, je me suis épris d’un amour étrange pour une passagère à qui j’ai déballé ma vie. C’est drôle comme parfois on peut être tenté de toute raconter à la plus parfaite des inconnues. Elle semblait respirer quelque chose de nouveau que je ne connaissais pas et qui m’a emmené ailleurs. Son chemisier à fleurs, son chapeau violet avec un oiseau, perché dessus, sa jupe verte…

C’est alors qu’est née l’essence du projet : l’univers du train, fil rouge de l’histoire et refuge onirique d’Oscar. C’est dans ce cadre que se jouent les scènes clés de son existence ; c’est ce train qui le mène aux arrêts marquants : la plage de Mers-et-Montagnes, la maison du père absent, l’hôpital... C’est dans ce train qu’il échange avec la Dame du train, cette femme curieuse qui semble tout savoir de lui.

Avec ce texte, j’ai cherché à écrire une histoire dans laquelle on peut se reconnaître, peu importe qui l'on est. On peut tous se voir en Oscar, qui devient peu à peu le fantôme de lui-même. Tiraillé entre sa fin imminente et le désir de ne pas faire souffrir les siens, il éprouve le besoin d’être toujours traîté avec dignité. Il fera le choix de garder le secret, ce qui le contraint à la solitude. Seul face au secret qu’il garde enfoui profondément, qui le craquelle petit à petit. Seul mais entouré des siens, de son frère, éternel poète naïf et doux, amouraché d’une croque-mort cynique et imprévisible, et auprès de son amour, un homme tendre prêt à tout pour lui. Il s’épuise à tenter de démêler les fils de sa vie, de son passé à travers le prisme d’une histoire familiale tortueuse, de son présent impossible à vivre et de son avenir désormais opaque.

Aussi, et c’est peut-être le plus important, j'ai cherché pour cette histoire à veille à ne jamais tomber dans le pathos. À mes yeux, aborder des thèmes aussi complexes que la maladie, l'amour, la famille, l'identité, l’homophobie et la mort doit se faire avant tout avec humour (si, si, c’est possible). Rire, je crois profondément que c’est ce qui nous maintient toutes et tous debout. L’humour est aussi puissant que l’amour ou que la mort. Ainsi est-il ancré dans l’identité du récit. J’ai essayé de travailler le texte pour créer cet ascenseur émotionnel et brouiller le public dans son ressenti.

Enfin, la musique est également un élément clé de la pièce, offrant des moments de beauté et de poésie qui contrastent avec les moments de tension dramatique. En effet, le médecin de famille est incarnée par une femme musicienne qui tire les ficelles de la vie d’Oscar. Pour ce spectacle, nous avons créé ensemble une musique totalement inédite qui va au-delà des mots, pour offrir au public une expérience immersive.

Dans l'ensemble, cette pièce se veut être une réflexion sur la vie et la mort, sur la façon dont nous choisissons de vivre nos vies et sur les personnes qui nous entourent. Elle nous invite à considérer la valeur de l'amour et des relations, même dans les moments les plus difficiles de notre existence.