Les enfants de la terreur

le choix de la lutte armée
ARTS DE LA SCÈNE

Présentation du projet

Les Enfants de la Terreur est une proposition de spectacle multimédia sur celles et ceux qui, dans le mouvement de 1968, ont choisi la lutte armée au sein de la Fraction Armée Rouge (RAF), des Brigades Rouges et de l’Armée Rouge Japonaise, à travers l’histoire de 6 militants, et avec un focus sur l’année 72, année du passage à l’acte pour ces trois organisations et de la prise d’otage aux JO de Munich.

Ces femmes et ces hommes ne trouvèrent pas, dans les forces politiques en présence dans leurs pays, d’écho suffisant à leur besoin de rupture avec un passé réactionnaire, marqué par le fascisme, et à leur demande de changement pour une société plus libre et plus juste. Ils tentèrent d’y remédier à leur façon.

Mêlant des témoignages, des textes contestataires et de propagande de ces années-là, une composition musicale originale en hommage à la scène rock expérimentale de l’époque jouée en direct par deux musiciens et ponctuellement par les comédiens (synthétiseur analogique, basses et guitares électriques), un travail vidéo et lumineux fondés sur des jeux sensoriels, le spectacle relate le parcours d’anciens militants, rend compte de leur vie de « révolutionnaires » et reconstitue certains attentats, tous commis en 1972.

Les Enfants de la Terreur questionne nos engagements, nos peurs, l'impasse du politique et des volontés à vouloir changer un monde pétri de violence et toujours plus au service du profit.


Depuis 3 ans, nous travaillons à l'écriture et à la fabrication de ce spectacle, une proposition audacieuse par sa thématique qui a demandé un long travail de recherche et de traduction de documents inédits en français, par les différents médias qui y sont employés (théâtre, danse, musique live, chant, lumières, vidéo sous différentes formes, jeu vidéo, marionnettes) et le nombre de collaborateurs qui y participent (47 personnes créditées).

Malgré les multiples soutiens que nous avons déjà obtenus, nous sommes dans l'incapacité à ce jour de boucler la production. Voilà dix ans que la culture en France a mal à son budget et à ses ambitions. Les projets à grosse équipe sont devenus des aventures téméraires et périlleuses.

Faudrait-il pour autant y renoncer ?

Faudrait-il ici aussi se plier aux lois du marché ?

À l'heure de l'austérité, nous devons croire davantage en la nécessité de créer des objets indociles et déroutants et à la force de la pensée.

C'est pourquoi nous sollicitons votre aide, c'est vous qui allez apporter la touche finale sans laquelle rien n'est possible, sans laquelle nous aurions un sentiment d'inachevé : les costumes et les accessoires. L'argent collecté servira à l'achat des matériaux, et aux salaires de la costumière et des couturières.

Un geste et vous rejoignez le cercle des Amis de Mabel, ceux dont on ne peut pas se passer !

Nous comptons sur vous !

L'équipe de Mabel Octobre

http://www.mabeloctobre.net


Note d'intention de Marie Noëlle Peters, costumière du spectacle :

Pour voir la vidéo de l'inspiration des costumes : http://vimeo.com/108571324

Judith Depaule m'a raconté son projet de spectacle, montré les maquettes, décrit tous les aspects techniques du plateau, les contraintes, envoyé de la documentation et ainsi je me suis fait une idée de l'esthétique générale du spectacle, de son rythme et de son contenu.

J'étais une toute jeune femme en 1972 pendant les JO de Munich. Je me souviens des images à la télévision, je me rappelle la «bande à Baader», les « brigades rouges», les «autonomes», les enlèvements, les commentaires au sujet des «terroristes», «attentats sanglants», j'ai été imprégnée des formules toutes faites mais ne savais pas grand chose de ce qui se cachait derrière.

L'info était bridée, une vieille habitude qui avait fait nommer la guerre d'Algérie des «événements». Je me souviens aussi de mon premier jean, des cheveux oranges, des chemises de grand-père, de l'apparition des punks, de Jimmy Hendrix et de Bob Marley, de la guerre au Vietnam, du Napalm. J'évoque mes parents traumatisés par la deuxième guerre mondiale qui voulaient à tout prix reconstituer le monde d'avant 39.


Bref, en parlant avec Judith je me suis souvenu de tout.

C'est à ce moment-là qu'on sort les photos, qu'on se gondole à redécouvrir les silhouettes, les moustaches, que les couleurs envahissent la mémoire. La fin des années 60 et les années 70 ont été une révolte pour la mode, pas une révolution non juste une révolte contre les normes, le gris, les semis de fleurettes rose tendre, les cravates, les porte-jarretelles et .. les soutien-gorges. Les tissus synthétiques sont devenus les rois de la machine à laver et les ennemis des fers à repasser.


Le collant est apparu (merci monsieur Dimanche).

En couture, la haute, trois créateurs ont secoué les crinolines et influencé la mode de la rue presque en même temps : Courrèges, Paco Rabanne et Yves Saint Laurent.

Courrèges a envoyé les femmes dans la lune et a cessé de transformer les jeunes filles en mémères, Paco Rabanne nous a blindées et plastifiées faisant de nous des héroïnes de Bandes Dessinées, et Yves Saint-Laurent qui devait nous aimer beaucoup a essayé de nous donner tous les droits : le tailleur pantalon, le smoking, la saharienne, tout ça avec des vraies poches, des vraies de vraies où l'on peut mettre ses clés, son paquet de cigarette, son rouge à lèvres, sa carte d'identité et son porte monnaie. Ca n'a l'air de rien mais ça débarrasse du sac à main. Il a piqué des trucs aux hommes pour nous les proposer (on a pris). Il a piqué les couleurs des peintres, la fantaisie du pop art, a inventé le nœud géant de paquets cadeaux qu'on ne déballe pas et nous a laissé les mains libres pour fumer un joint.

Je n'imaginais pas les femmes de Dior ou de Lanvin sans leurs maris, elles était habillées pour faire joli à leur bras viril. Les femmes Chanel cherchaient un amant riche. Mais les femmes de Saint-Laurent sortaient toutes seules nuit et jour.

Voilà pourquoi j'ai décidé de lui emprunter deux ou trois trucs : la saharienne, La petite robe trapèze, les couleurs entrechoquées, les longs pantalons fluides et larges et une robe du soir en mousseline.

Les hommes dans le même mouvement se sont féminisés. Ils nous ont pris le rose, le bleu clair, le vert amande, se sont mis à l'étroit pour souligner leurs formes (toutes). Et au large pour les détails : revers de vestes, cols de chemises, bas de pantalons. Ils ont souligné les coupes avec des surpiqûres, des poches plaquées, des passepoils. Ils se sont mis à adorer le prince de galles et l'écossais en les mariant avec audace (c'est là qu'on rit le plus en regardant les photos) mettaient des chaussettes à carreaux. Ils ont laissé pousser leurs cheveux ont tenté les boucles, les pattes, les moustaches. Eux aussi ont été titillé par la révolution couturière et pas seulement les jeunes... Pour en revenir aux femmes, celles du spectacle, Ulrike, Mara, Fusako ont été les patronnes.


Elles ont été fortes et déterminées, sont allées loin, ont franchi la limite, elles ont tué, comme des hommes. Leur donner des costumes couleur de muraille serait plus juste du point de vue documentaire. Mais «Les enfants de la terreur» n'est pas un projet documentaire sur les mœurs et la vie des terroristes, c'est l'évocation d'un instant donné dans une époque bousculée et bousculante. Le choc, je m'en souviens bien, entre une vieille société rituelle, colonialiste et paternaliste qui voulait à tout prix s'auto-conserver et le pressentiment des jeunes que c'était maintenant ou jamais qu'il fallait effondrer les pouvoirs et le capitalisme. Un immense besoin d'air de justice et de beauté.

En ce qui me concerne, qui suis aussi politisée qu'un flan, je cherche ce qu'il en reste. Le Lycra? Les Kway ? Le jean ? Les poubelles sont pleines de vieux vêtements noirs à l'obsolescence programmée. Il faut attendre l'été pour voir quelques imprimés fleuris à Paris.

A quoi sert l'argent collecté

L'argent collecté servira à la fabrication des costumes du spectacles (achat des matériaux, salaires de la costumière et des couturières).


Objectif de collecte

3 500,00 €

Montant Global

0,00 €

Dépenses

Désignation Montant

TOTAL

TOTAL 0,00 €

Recettes

Désignation Montant

Proarti

Financement participatif proarti 3 500,00 €

TOTAL

TOTAL 3 500,00 €

Les sources d’inspiration des Enfants de la terreur sont extrêmement diverses et se déclinent en cercles concentriques. Je me suis promenée à l’intérieur de ces cercles et j’ai pioché ici et là, assemblé une à une des pièces pour constituer cet objet spectaculaire.

Le premier cercle est celui qui tourne autour des militants : leurs prises de paroles, leurs écrits, leurs témoignages et leurs photos pendant et après. Puis ce qui les relate : les témoignages des proches et des camarades quelles que soient leurs formes (écrits, sonores, filmiques), les articles de journaux de l’époque, les communiqués politiques. En enfin ce qui les met en jeu de façon fantasmagorique : des inspirations libres mais très proches du document (romans, poèmes, pièces de théâtre, films, œuvres d’art, œuvres musicales), comme, par exemple, le dernier livre de Alban Lefranc, Si les bouches se ferment, la série de tableaux de Gerhard Richter sur la RAF.

Il y a bien sûr toute une production de référence sur la période, sur le phénomène « 68 », sur la lutte armée, sur le terrorisme, sur la RAF, sur les Brigades Rouges, sur l’Armée Rouge Japonaise ; et puis encore d’autres témoignages, d’autres militants (j’en ai rencontré certains), d’autres organisations qui ont fait le choix ou presque de la lutte armée.

Je citerai, ne serait-ce que pour le cinéma, Adachi et Wakamatsu, Fassbinder, Schlondorff et Von Trotta, Godard, Chris Marker, Romain Goupil, Marin Karmitz et Costa Gavras, Giordana et Spielberg. Ou encore le très pratique Manuel de guérilla urbaine de Carlos Marighella.

Sans oublier les fondamentaux révolutionnaires, ceux qu’on a coutume de citer sans jamais lire comme Mao, Fanon ou le Che. Ici aucune lecture exhaustive, mais une approche un peu plus affûtée.

Concernant des médias en particulier mis en jeu dans le spectacle, je parlerai pour la marionnette du travail des collectifs Faulty Optic et Hôtel Modern, pour le jeu vidéo du terrible Call of Duty, et des First-person shooter en général. La musique regarde fortement vers la noise, le krautrock, l’agitrock, le rock expérimental et un peu de chant révolutionnaire. La vidéo va chercher du côté des vieux JT et génériques d’émission TV, des avis de recherche, des visuels révolutionnaires, des trucages utilisés au cinéma comme l’incrustation. Quand les images se font lumière, elles puisent dans les œuvres du Bauhaus, dans l’art cinétique, chez Rothko, Malevitch, James Turell, Eric Orr, John Maeda ou Kendell Geers.

Pour le personnage de l’enfant, j’ai emprunté à Zazie dans le métro (autant à celle de Queneau que celle de Malle), à la gymnaste Olga Korbut, médaillée d’or aux JO de Munich, aux Pussy Riot et à tous les enfants dont l’existence fut clandestine du fait de l’activité révolutionnaire de leurs parents.

Et puis pêle-mêle : Mounir Fatmi, Hasan Elahi, Oleg Koulik, Nam June Paik, Patrick Bouvet, Nanni Balestrini, Ivan Viripaev, Mikhaïl Kalachnikov, la manga Ashita No Joe

Impossible d’être exhaustive, il y en a beaucoup d’autres.

Contreparties

Le Tract

pour 5,00 € et +

4 ARTINAUTES

Un grand merci + Votre nom cité dans les soutiens sur notre site dans la rubrique Les amis de Mabel et sur les réseaux sociaux

Le Pavé

pour 20,00 € et +

4 ARTINAUTES

Contreparties précédentes + Une place en tarif réduit à la représentation de votre choix + Une affiche du spectacle en format A3

Le cocktail Molotov

pour 50,00 € et +

3 ARTINAUTES

Contreparties précédentes + Un tirage d'une des photos du spectacle en A4 (papier photo)

La Grenade

pour 100,00 € et +

6 ARTINAUTES

Contreparties précédentes + Une invitation à la représentation de votre choix

La Kalash

pour 200,00 € et +

3 ARTINAUTES

Contreparties précédentes + Un DVD du spectacle

La bombe

pour 500,00 € et +

0 ARTINAUTES

Contreparties précédentes + Une édition du texte de la pièce

La Révolution

pour 1 000,00 € et +

0 ARTINAUTES

Contreparties précédentes + Notre reconnaissance éternelle + Un repas avec l'équipe du spectacle