L'ensemble Marelle

Ensemble créé en 2022 par le chef Fabio Pérez Muñoz et la flûtiste Anne Parisot. Né de la rencontre d’un collectif d’artistes (musiciens, comédiens, artistes plastiques) partageant le désir de proposer de nouvelles façons d’aborder les œuvres du répertoire et de faire découvrir d’autres œuvres moins (ou pas) connues, Marelle est un ensemble de chambre à géométrie variable capable d’aborder un vaste répertoire (du baroque à nos jours) avec les instruments historiques appropriés.

Curieux de découvrir et d’aborder différents styles musicaux, notre ensemble se veut créateur de spectacles dans lesquels divers arts peuvent coexister et dialoguer. 

Le projet

Nous créons un spectacle transversal, entre opéra et théâtre, autour de la musique de Manuel de Falla. Un spectacle réunissant en scène un orchestre de chambre, trois chanteurs et deux comédiens. Nous nous appuyons sur la fantaisie de notre plasticienne pour créér un univers onirique qui évoque tous les espaces de cette histoire, qui se déploie de l'Argentine à l'Espagne, en faisant un détour par la Mancha de Don Quichotte.

Avec Les Aventures de l’ingénieux Monsieur de Falla, nous souhaitons proposer au spectateur une (re)découverte de l’univers de Manuel de Falla, non sous la forme d’un concert, mais d’un spectacle. Il ne s’agit pas d’expliquer la musique de ce grand compositeur, mais de créer des images, un fil dramaturgique, qui permette au spectateur, même non averti, de se laisser guider dans cette musique pleine de tension dramatique, d’humour et de surprises.

Nous écrivons une histoire fantastique dans laquelle les esprits communiquent avec les vivants et dans laquelle les trésors de l’imaginaire – de notes, de mots, de gestes, de traits de crayon ou de pinceau – corrigent les insanités du réel. Une quête qui fait écho à celle du chevalier à la triste figure : Don Quichotte.

L'histoire

22 décembre 1946, port de Buenos Aires, Argentine. María del Carmen s’embarque à bord du Cabo de Buena Esperanza pour accompagner la dépouille de son frère, le compositeur espagnol Manuel de Falla, de sa terre d’exil, l’Argentine, à sa terre natale, l’Espagne. Alors que le bateau s’apprête à lever l’ancre, le fantôme du compositeur s’insurge : il ne partira pas ! Il fulmine, tempête, invective sa sœur qui, seule, l’entend. Quelle raison le pousse à refuser ce retour ? C’est ce que nous dévoileront Les Aventures de l’ingénieux Monsieur de Falla, ou comment Don Manuel, devenu esprit, se transforma en Don Quichotte. Ce voyage poétique et facétieux, réunissant musiciens, chanteurs et comédiens, nous place au cœur de l’univers musical du grand compositeur, nous invitant à plonger dans trois œuvres : le Concerto pour clavecin, les Sept chansons populaires et le court opéra, Les Tréteaux de maître Pierre, d’après un épisode des Aventures de l’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche.

L'équipe

Composition : Manuel de Falla / Direction musicale et arrangements : Fabio Pérez Muñoz / Écriture et Mise en scène : Lorène Ehrmann et Laurent Labruyère / Collaboration artistique : Jean-Baptiste Barbier Arribe / Création lumières : NNNN / Scénographe plasticienne : Muriel Ehrmann

Production : Marelle / Co-production : Société de production Grumho / Partenaires : Ville d'Avignon, Théâtre Benoît XII ISTS, Le Rugissement de la Libellule, Les Rencontres du Petit Sairé

Distribution*:

Direction: Fabio Pérez Muñoz / Soprano : Paula Lizana / Clavecin: Alicia Torrea / flûte: Anne Parisot / Hautbois: Jacinto Herrera / Clarinette: Laurent Bienvenu / Violons: Anne-Cécile Brielles-Couturier et Juliette Nougué / Violoncelle: Florence Marie-Bethune / Interprétation et Manipulation: Lorène Ehrmann et Laurent Labruyère / Régie: NNNN

* La ditribution du spectacle intégral fera intervenir 20 instrumentistes, trois chanteurs et deux comédiens.

Calendrier prévisionnel du projet

étape 1:

Objectif: Constitution du projet et de l'équipe

Période: mai 2022-octobre 2023

Statut: réalisée

Contenu: réalisation des orchestrations (Fabio Pérez Muñoz), dramaturgie et écriture du texte (Laurent Labruyère et Lorène Ehrmann), conception de la scénographie (Muriel Ehrmann), deux résidences de création aux Rencontres du Petit Sairé dans la Vienne (86) en mai 2022 et juillet 2023 pour constituer l'équipe.

étape 2:

Objectif: Rencontre avec les partenaires de création

Période: septembre-novembre 2023

Statut: en cours

Contenu: Prise de contact avec nos futurs partenaires (intitutionnels, financeurs, mécènes, coproduteurs, diffuseurs), financement participatif en partenariat avec proarti pour présenter notre projet à notre futur public et l'associer à sa réalisation, résidence au théâtre Benoît XII du 18 au 21 novembre 2023, présentation publique de 30 minutes du spectacle le 21 novembre à 20h au Théâtre Benoît XII 12, rue des Teinturiers 84000 Avignon.

étape 3:

Objectif: lancement du spectacle

Période: saison 2024-2025

Statut: à venir

Contenu: mise en place des partenariat de production et de diffusion, répétition et création du spectacle intégral, début de l'exploitation.

Notes d'intention

La musique

Manuel de Falla est sans doute l’un des compositeurs les plus importants du XXe siècle espagnol. En France, pourtant, il reste très peu connu du grand public et essentiellement pour ses « tubes » symphoniques : El Amor Brujo (L’amour Sorcier) et El sombrero de tres picos (Le tricorne).

La synthèse du cantar espagnol et des techniques modernes

Compositeur profondément espagnol, il n’a cessé d’imprégner sa musique des couleurs de son Andalousie natale. Les Sept chansons populaires espagnoles sont, à elles seules, un éventail des caractères, ambiances, couleurs et rythmes ibériques. Cependant, de Falla ne se contente pas d’une reproduction de cette culture. Il se l’approprie et fait d’elle une partie intégrante de son langage personnel.

Langage qui mêle brillamment, dans le Concerto pour clavecin, les éléments rythmiques et mélodiques du folklore espagnol à tout ce que ce compositeur a pu rassembler après son séjour à Paris (sept années passées à côtoyer Debussy, Ravel, Stravinski, Poulenc…) des musiques de son temps.

Les Tréteaux de Maitre Pierre, mini-opéra composé suite à une commande de la princesse de Polignac, sont la synthèse parfaite de l’œuvre du compositeur : culture ibérique (livret tiré d’un épisode de Don Quichotte), mélodies et rythmes modernes mais toujours ancrés dans la tradition et concentration du discours orchestral.

Concentration du discours orchestral et transparence des textures instrumentales

De Falla est connu pour ses « tubes » symphoniques (songeons à la Danse du feu follet !) Cependant, les versions symphoniques ne sont que des adaptations ultérieures des œuvres composées à l’origine pour petit orchestre.

C’est, à notre avis, dans ce cadre plus qu’ailleurs que de Falla développe ses talents de compositeur. Le travail des timbres, la concentration des motifs, la transparence du discours sont exploités, avec génie, dans ces orchestrations originelles.

C’est, l’une des particularités de l’écriture des Tréteaux de Maître Pierre, composé pour un orchestre d’une vingtaine de musiciens et trois chanteurs aux caractéristiques vocales précisément décrites par le compositeur.

Cette transparence est encore plus évidente dans l’instrumentation pour 6 instruments du Concerto pour clavecin.

Les sept chansons populaires espagnoles, étant composées à l’origine pour chant et piano, nous avons décidé de les orchestrer en utilisant les mêmes effectifs instrumentaux que ceux que de Falla emploie pour Les tréteaux et pour le Concerto. Avec ces instrumentations, nous cherchons à créer une cohérence de timbre qui guide musicalement le spectacle (et les spectateurs !).

La dramaturgie

Dans notre histoire, il est question d’un génial compositeur, hypocondriaque, obsédé par la propreté. Dévot jusqu’au mysticisme, il va à la messe tous les jours, prie et médite quotidiennement sur les évangiles.  D’une santé physique et nerveuse très fragile, il mène une vie ascétique, à l’écart de la politique. Conservateur dans ses opinions, la première fois qu’il sort de sa réserve dans le contexte de la guerre civile espagnole, c’est pour dénoncer les violences commises à l’encontre de religieux par des républicains. Mais c’est aussi un ami, un homme que la mort violente de Federico García Lorca plonge dans le désarroi. C’est une gloire espagnole qui décide de quitter sa terre natale pour n’y plus revenir et demande à être enterré en terre argentine.   

Il y est question d’une sœur dévouée à son génie de frère, qui partage sa vie et son exil. À la fois sœur, infirmière et secrétaire, elle vit avec lui à Grenade de 1920 à 1939, le suit dans son exil argentin, l’assiste dans ses derniers instants à Cordoba. Elle, si dévouée, l’ombre du grand compositeur, elle contrevient pourtant à ses dernières volontés et accompagne sa dépouille pour un dernier voyage vers l’Espagne franquiste.

Il est question d’un jeune poète, aussi bouillonnant et impliqué dans son époque que de Falla est ascète, aussi républicain dans l’âme que son aîné est royaliste. Un jeune homme qui, pourtant, nourrit une admiration et une amitié sans faille pour de Falla. Nous avons été touchés par cette amitié profonde entre deux êtres si foncièrement différents. Réunis par la passion de la musique et d’un art qui transcende les disciplines. Le poète est aussi musicien, le compositeur s’est rêvé une première carrière d’auteur. Federico García Lorca se passionne avec Don Manuel pour la musique andalouse aux racines gitanes. Les deux hommes sont animés par la même flamme enfantine pour les théâtres de marionnettes. Tout est jeu, mais tout est du plus grand sérieux. 

Les Aventures de l’ingénieux Monsieur de Falla nous feront faire le trajet à rebours de 1946 à 1939, en huit mouvements alternant musique et action dramatique, donnant la parole à deux esprits et une vivante.

La mise en scène

« Rien ne vous tue un homme comme d’être obligé de représenter son pays »

Cette pensée adressée par Jacques Vaché à André Breton entre parfaitement en résonnance avec la trajectoire de Manuel de Falla condamné, de façon posthume, à être le compositeur espagnol par excellence. Enterré dans la capitale de Cadix dans les ors du régime franquiste. Les aventures de l’ingénieux Monsieur de Falla interrogent les rapports entre création artistique et responsabilité morale individuelle. Nous voulons montrer comment Manuel de Falla, pas du tout prédestiné à entrer en résistance, choisit de rompre définitivement avec son pays. Ou comment il en vient à poser un acte politique par constance et fidélité amicale plus que par idéalisme.

Avec la musique de Falla, nous plongeons dans un monde merveilleux d’histoires. Nous entendons l’Espagne mythifiée, rêvée, terre de mélanges, de couleurs, de rythmes, de légendes gitanes. Nous rions des facéties du compositeur, de son art de la démesure et du grotesque. Nous sommes touchés par la richesse et la subtilité des émotions traversées au fil des Sept chansons. Nous entendons aussi toute l’effervescence du Paris musical du début du XXe siècle, de Debussy à Stavinski. En écoutant de Falla, nous entendons aussi un chevalier que l’on quitte au milieu des décombres d’un théâtre de marionnettes. Un chevalier qui, pour dernière parole, déclare sa fidélité indéfectible à une dame qui n’existe que dans ses pensées et à des valeurs éteintes « bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd’hui ».

Ce chevalier inactuel, c’est Manuel de Falla, magicien de l’harmonie, perdu dans un monde qui bascule dans la guerre. Sa trajectoire nous a touchés parce que ce n’est pas celle d’un héros. C’est celle d’un grand musicien, certes. Mais aussi celle d’un homme plein d’obsessions et de contradictions, très éloigné des préoccupations politiques. Pas profondément démocrate, ni pour autant phalangiste. Peu enclin à se positionner dans le conflit. Certainement un individu apeuré, tout simplement. Cependant survient un événement déclencheur :  le meurtre de son ami et il ne peut plus se maintenir dans sa difficile position d’équilibriste.

Les Aventures de l’ingénieux Monsieur de Falla posent également la question de l’exil et de la part de soi que l’on laisse irrémédiablement. Lorsque le monde entier emprunte les chemins de la folie et de la violence, de Falla gagne une terre épargnée par la guerre : l’Argentine. Si les voyages ont enrichi considérablement sa palette musicale, l’exil a tari partiellement sa création. 

La scénographie

Les Aventures de l'ingénieux Monsieur de Falla sont construites sur un jeu de mises en abyme qui tisse un réseau de correspondances entre l'univers de Cervantès et celui de de Falla.

Avec notre scénographie, nous créons un univers baroque et onirique qui entremêle entre les différentes époques, les différents lieux et les différents mondes de fiction et de réalité que convoquent le spectacle: les mêmes éléments de bois constituent une poupe de bateau, un théâtre d'ombre, des ruines, un théâtre de marionnettes...

Les musiciens et leurs instruments s'inscrivent dans chaque image et font partie intégrante du spectacle. 

Les comédiens sont tour à tour interprètes, manipulateurs de marionnettes et marionnettes vivantes.