À propos de la Compagnie de l’If

Nous croyons fermement que le théâtre est un vecteur puissant de liens sociaux. L’If est un arbre sacré. Sa fabuleuse longévité et sa grande toxicité contribuent à son statut symbolique. Il veille sur les morts et les vivants assurant le voyage de l’un à l’autre. "If" c’est aussi le « si » anglais… ouvrant les voies de l’imaginaire.

Les bouleversements de nos modes de pensée, de nos modèles sociaux et sociétaux, nous ont invités, dans nos propositions artistiques, à porter un regard singulier, entre autres, sur les affinités entre féminin et masculin (un couple impossible ?), sur la jeunesse et la vieillesse (une obsolescence programmée ?) ou sur nos authentiques relations à la nature (sommes-nous définitivement inhumains ?)

C’est alors que L’Ambigu est venu à notre rencontre….

L’Ambigu de Roland Topor

Cette création originale est le fruit d’une collaboration entre Carmen Samayoa, metteuse en scène et Fabrice Delorme, comédien autour des questions mettant en jeu la nature humaine, sa complexité et ses paradoxes.

Dom Juan découvre la partie féminine qu’il abrite en lui à son insu. C’est le coup de foudre. La machine infernale s’emballe.

Topor joue habituellement à faire ressortir la part sombre de l’être humain. Dans L’Ambigu, c’est la moins funeste qu’il déterre mais la plus nébuleuse.

Son enfance a été marquée par la traque, le mensonge, le changement d’identité, il y a répondu par la malice, la facétie et la verve. Il a compris qu’il était en danger. De ses peurs, de ses angoisses, il dépeint le refoulé, la noirceur profonde de l’être et du monde par l’humour.

Intentions de mise en scène

Ukiyo-e (mouvement artistique) figurant deux onnagata, par Kiyohiro Torii (vers 1750–1760).

Dans les didascalies, Topor parle de maquillage, de voiles, de tulle, de talons pour montrer l’émergence de la partie féminine de Dom Juan… mais, nous n’allions pas suivre cette approche. Il y avait autre chose à creuser hors ce jeu là. J’ai souhaité qu’on regarde du côté des diverses conventions culturelles, ce que l’on désigne comme féminin ou masculin... les habits, le maquillage, les manières... pour trouver des attitudes et des mouvements susceptibles d’enrichir la gestuelle.

Je suis une admiratrice du théâtre Nô et du Kabuki. Ma proposition du kimono n’était en aucun cas un déguisement mais l’aboutissement d’une réflexion et la recherche d’une sorte de métamorphose. S’inspirer de l’énorme travail des onnagata et de la codification du mouvement, si précise dans le kabuki, pour donner vie dans un corps à un mouvement féminin, et laisser s’animer le corps vivant en tant que puissance de vie.

Le plateau presque nu, suffisait à faire évoluer Dom Juan. Il y a chez Topor, dans son théâtre, un art de la performance.

Et nous avons fait confiance à l’auteur...

Le théâtre de Roland Topor

Artiste protéiforme, multi artiste, déconneur comme il aime à le dire, le théâtre a une place essentielle dans son oeuvre. Dès les années 80, il collabore avec Jérôme Savary et Jean-Michel Ribes. Le collectif lui plaît. C’est un « terrain de jeu plus épanouissant » et tellement que son théâtre résonne pertinemment aujourd'hui : L’Hiver sous la table évoque le sort des migrants, L’Ambigu se soucie de la question du genre qui peut se résumer à se demander par qui suis-je habité. Qui parle en moi ?

Topor ne met pas de filtres. Chacun se débrouille avec sa conscience. Chacun fait comme il veut avec ses peurs. Il nous invite juste à les regarder. Il s’intéresse à l’ambiguïté car, dit-il, c’est « le carrefour d’explications ou l’on peut prendre le chemin qu’on veut ». Il se joue de tous les genres, le féminin et le masculin, le roman et le théâtre, le monologue et le dialogue, faisant éclater les frontières.

Le rire est l’antidote….

Ennemi de l’esprit de sérieux, il ne voulait pas d’un théâtre d’idées reçues.

Ci-dessus, illustration de L’Ambigu par Olivier O. Olivier

Synopsis

Fatigué par le jeu cruel des amantes qui pleurent et geignent, rompu par les armées de mâles lancées à ses trousses au nom de la famille, Dom Juan s’est réfugié dans une vieille demeure. Il aspire à connaître enfin la sérénité dans le plus parfait abandon. C’est alors que se révèle, tapie en lui, la partie féminine, ô combien désirable, qu’il abrite, Jeanne. C’est aussitôt l’amour fou, passionnel et passionné, qui le pousse à explorer les frontières de son moi. Infailliblement la question du genre surgit mais pas dans son état habituel.

Réception et Impact

Suite à trois résidences, les retours du public touché par la puissance du récit, la qualité de la performance, sa profondeur émotionnelle, sont enthousiastes. Il nous reste à finaliser à l’occasion des dernières répétitions, certains aspects du travail avant de présenter la pièce au public au Guichet Montparnasse en mars et avril 2025 et à l’Archipel Théâtre en juillet pour le festival d’Avignon.

Opportunité de Soutien

Votre soutien financier permettra non seulement de couvrir les coûts de production, mais aussi de soutenir les initiatives éducatives associées à notre compagnie.

Organiser une collecte sur ce projet, c’est aussi penser différemment, pour l’avenir, le financement du spectacle vivant. Les subventions ne peuvent suffire. Le mécénat est une opportunité différente de communiquer avec le public, d’aller à sa rencontre pour lui proposer un regard innovant sur notre métier. Le mécénat nous oblige sans nous distraire de nos convictions.

Nous vous remercions par avance de votre intérêt et de votre soutien généreux.