La Mode

Un metteur en scène propose à ses acteurs de monter La Mode, de Madame de Staal Delaunay. En exhumant un texte méconnu d’une autrice totalement oubliée, il pense soutenir la cause des femmes. Pourtant, il se heurte à la résistance des acteurs : comment monter aujourd’hui une pièce qui met en scène une femme si obsédée par les bienséances, qu’elle en devient ridicule et superficielle ? Quelle image de la femme cela renvoie-t-il ? D’autres séquences nous montrent des femmes confrontées à des situations actuelles : dans leur quête de liberté, elles sont poussées sans s’en rendre compte, à construire des versions artificielles d’elles-mêmes pour correspondre à ce qu’elles pensent que les autres en attendent. Et si, depuis Madame de Staal, les femmes avaient troqué une forme d’aliénation contre une autre ?

Fondée en 2021 par France Weyl et Jean-Michel Bourgoin, passionnés d’arts vivants, La Troupe regroupe plusieurs élèves des Cours Cochet-Delavène, et leur offre l’opportunité de participer à l’élaboration et aux représentations de spectacles. Pour mener à bien ses projets, La Troupe s’est, dès sa création, appuyée sur un environnement professionnel : metteurs en scène de métier, régisseurs son et lumière expérimentés, scénographes, captations professionnelles, etc… L’aventure commence avec Gare ! d’après Denise Bonal, mis en scène par Olivier Leymarie, au Théâtre Darius Milhaud ; puis toujours au TDM, La Ronde et La République c'est moi ! sous la direction de Chloé Donn.

NOTE D’INTENTION

Après Gare, La Ronde et La République c’est moi !, un texte poétique contemporain, un grand classique et un vaudeville jamais joué, les comédiens souhaitent s’atteler à un texte plus contemporain et plus engagé. Chloé Donn a proposé de l’élaborer à partir d’une écriture de plateau. Trois essais récents féministes et non dénués d'humour inspirent les improvisations dirigées : Beauté fatale de Mona Chollet, Libérées ! de Titiou Lecoq et Le coût de la virilité de Lucile Peytavin. La thématique centrale du spectacle est celle du pacte patriarcal qui persiste malgré l’émancipation des femmes, entraînant de nouvelles formes d'aliénation et les enfermant dans un état de subordination dont il est finalement difficile de s’extraire. Nous interrogerons aussi la construction de “la virilité”. En contrepoint, La Mode, pièce brillante pourtant inconnue, de Madame de Staal, contemporaine de Marivaux et totalement oubliée, nous accompagne comme un miroir tendu à cette écriture de plateau.