La locomotive, le bouquet et le parapluie

Court métrage de fiction
Réalisation: Maxime Dalmasso
En autoproduction
Durée: 15 minutes
Tourné en pellicule 16mm noir et blanc

Une locomotive miniature, un parapluie oublié, un bouquet de fleurs fanées.
Comme chaque semaine, Dimitri retrouve Eva dans son appartement.

Il existe un haïku qui dit :

Non, pas chez moi
Le parapluie a trottiné
Chez le voisin

Ces quelques mots sont le point de départ d’un récit qui met en scène trois personnages, une mère, un père et un enfant dans une atmosphère pesante.

Eva se tient à la fenêtre de son appartement. Prise dans une attente interminable, elle est impatiente de retrouver celui qui va mettre fin à ce moment suspendu dans le temps. Cette délivrance est alors très vite teintée de ressentiment lorsque Dimitri se présente sur le palier de la porte.

Eva et Dimitri ne s’aiment plus, ils ne se sont peut-être même jamais aimés.
De leur union éphémère est né un enfant, seul et unique lien qui subsiste entre eux et qui les contraint à se voir et se supporter.

Mon intention dans La locomotive, le bouquet et le parapluie est de plonger le spectateur dans un huis clos qui se déroule dans un appartement vétuste, témoin d’une vie reconstruite à la va-vite et qui explore en une dizaine de minutes la nature de l’être humain avec ses sentiments bien souvent contradictoires et les liens, autrefois tissés, qui se désagrègent au fil du temps.

Le huis clos est pour moi le meilleur moyen d’illustrer les liens entre les trois protagonistes car il symbolise d’une part le nid familial et de l’autre, l’ego de chacun.

La manière dont est disposé chaque élément du décor crée un lien entre les protagonistes et les objets du quotidien. Certains d'entre eux participent même à l’évolution de cette confrontation: près de la table, le miroir fixé sur l’armoire est semblable à un témoin extérieur, renvoyant à la femme un reflet qu’elle appréhende car elle se sent jugée par le regard de son ex-compagnon.

Le temps a plusieurs fonctions dans le scénario, il me permet à la fois d’accentuer les émotions des personnages et de créer un climat pesant en ponctuant leurs actions et leurs dialogues par le silence. Je cherche également à le représenter à travers ces diverses fluctuations afin de créer une réalité du moment.

J’imagine ce court-métrage tourné en pellicule 16mm noir et blanc. L’opposition du noir et du blanc ne se limite pas à une relation binaire entre l’absolu et le néant, la lumière et les ténèbres, c’est aussi à mon sens la possibilité infinie de s’imaginer un monde à soi, propre à chacun.

Pour le montage, je conçois le film comme un assemblage de prises longues, rythmées par des mouvements de caméra où les sons et les images offrent aux spectateurs le temps de vivre ce qu’ils observent.

Ainsi, sans apporter le moindre jugement, j’espère illustrer grâce au langage cinématographique la nature des sentiments humains et laisser les spectateurs ressentir le poids du quotidien. Un quotidien où l'interaction entre les personnages, marquée par les non-dits et modelée par l’écoulement du temps, créé une vérité de l'instant.

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