Je, d'un accident ou d'amour

Synopsis

« Je, d’un accident ou d’amour » est un court-métrage de vingt minutes, écrit et réalisé par Khalil Cherti. Ce film raconte l’histoire d’Adèle et d’Hadrien qui, dans deux villes éloignées, s'apprêtent à tout quitter pour un dernier voyage. Pendant qu'ils s'y préparent, ils racontent dans une langue poétique, étrange et sans verbe, comment des années auparavant, un événement les a marqués à vie : leur rencontre.

Particularité du projet

Adèle et Hadrien sont en situation de handicap, mais ce film ne s’attardera pas là-dessus. Adèle et Hadrien ne vont sûrement pas se laisser limiter à cela, ils ont des choses bien plus vitales à nous raconter et nous faire découvrir.

Casting

Le choix le plus essentiel pour ce film est naturellement celui des deux personnes en situation de handicap qui vont incarner les deux personnages principaux Adèle et Hadrien et devoir porter ce langage particulier.

Je précise que Didier dont je parle dans la note d’intention est aujourd’hui trop âgé pour le rôle d’Hadrien et de toute façon il n’aurait pas voulu « faire le zouave devant la caméra ».

Pour éviter les discours théoriques habituels sur l’importance du casting, je dirais simplement que trouver Geoffrey Bugnot et Yael Ciancilla, les deux interprètes du film fut comme un double miracle pour une raison très concrète : avant de les avoir trouvés nous n’avions obtenu aucune aide, une fois que nous avons pu montrer les essais filmés que nous avons fait avec eux, des commissions nous ont enfin fait confiance.

Au-delà même de leur histoire personnelle et la façon dont elle les lie particulièrement à ce film, c’est d’abord leur talent de comédien de composition que je voudrais mettre en avant. Car Oui, ce film a des échos particuliers chez eux mais NON, ce ne sont pas juste « des handicapés qui jouent leur rôle ». Geoffrey et Yaël sont des comédiens avec qui nous avons imaginé, inventé, créé leurs personnages. Geoffrey et Yaël ont été tout au long des répétitions, de la préparation et du tournage du film non pas des personnes en situation de handicap mais des comédiens en situation de création.

Pourquoi nous aider ?

Nous avons candidaté à toutes les aides possibles pour ce genre de projet. Nous avons obtenu un certain succès puisque nous sommes les lauréats des commissions suivantes :

Canal Plus, Normandie Images, Les Uns et les Autres (CNC), Agefiph

Avec ce budget de 83000 euros nous avons pu :

-préparer ce tournage pas comme les autres en allant plusieurs fois, plusieurs jours sur les décors pour tester nos configurations et vérifier qu’elles étaient compatibles avec nos comédiens. Geoffrey lui-même est venu sur les décors avec ses parents pour faire des tests en grandeur nature. (nous avons bien conscience que ces mots peuvent être mystérieux mais il est absolument nécessaire de ne pas dévoiler des moments clés du tournage et du film, pour que vous les découvriez à la projection

- emmener notre petite équipe (25 personnes) au moulin d’Andé pour y vivre et y tourner le fil. Nous avons tourné de nuit, dans l’eau, parfois dans le froid.

Nous avons pu faire tout cela en nous adaptant aux situations de Geoffrey et Yael. Nous ne nous en plaignons surtout pas, au contraire, cette préparation avec eux et ce tournage resteront gravés à vie dans nos mémoires non pas du fait de leur situation, mais de toutes les choses nouvelles que nous avons vécues ensemble.

En revanche, nous n’avons pas aujourd’hui de quoi :

• Tourner une dernière séquence en studio indispensable à une étape clé de la narration
• Réaliser tous les effets spéciaux nécessaires pour transformer les images tournées en séquences poétiques et oniriques.
• Monter les images, le son, étalonner et mixer, composer une musique originale
• Organiser une projection historique pour tous vous inviter à découvrir ce film

Planning de production

• Nous avons tourné fin septembre au moulin d'Andé
• Nous aimerions finir le film pour l'envoyer dans les festivals à partir de février 2025

Genèse du film par Khalil Cherti

Il y a une vingtaine d’années, j’ai fait une rencontre qui m’a profondément touché.

J’ai rencontré Didier, avec qui j’ai passé deux étés alors que j’étais bénévole dans un camp de vacances pour personnes en situations de handicap. Didier détesterait que je le présente à travers son handicap, je préfère surtout vous dire qu’il se foutait de moi à peu près tout le temps. Dixit Didier : « je ne présentais manifestement aucun talent particulier pour « le lavage de légumes comme lui ». De mon côté je m’efforçais quand même de lutter contre une autre terrible idée reçue : pourquoi Didier serait forcément toujours plus drôle que moi !

Mais c’est surtout certains soirs que Didier me cueillait définitivement.

Un jour, alors que les bénévoles et les bénéficiaires étaient en train de rentrer se coucher, Didier me demanda de lui tenir un livre devant les yeux. Il se mit à lire à voix haute. C’était un recueil de poésie. Sa voix, ces mots traversant son corps et allant jusqu’à nous. Personne n’est allé se coucher. Tout le monde avait envie d’être emmené par Didier. Il nous emmenait chaque soir quelque part vers cet ailleurs où plus rien n’empêche le réel de vibrer à en avoir le cœur qui s’échappe !

Il y a un an, j’ai rencontré un texte, « Je, d’un accident ou d’amour » de Loïc Demey. Dans ce court roman poétique, une langue étrange, sans verbe, comme une action toujours empêchée, mais toujours inventant une tentative de vivre. Une langue accidentée, dynamitée, une langue « qui se désordre », mais une langue portant en elle à chaque choc, de l’amour. Et si cette langue empêchée était celle à la hauteur des corps empêchés, celle des cœurs comme celui d’un Didier.

J’ai repensé à lui. J’ai repensé à toutes ces fois où sans vraiment me l’avouer, j’espérais un jour trouver une façon à mon modeste niveau de faire un petit film qui soit « à la hauteur de Didier ». Un film où des personnes en situation de handicap ne seraient absolument pas là pour nous parler de handicap, un film qui ne les cantonnerait pas à devoir nous sensibiliser à la cause ou nous informer, mais au contraire où ils pourraient nous emmener plus loin… tout au fond de leurs cœurs battants.

C’est ce voyage que j’essaye de faire vivre dans ce film.

« Je d’un accident ou d’amour » est ma façon de rendre hommage à cette rencontre d’il y a plus de 20 ans… et à Didier.

A propos du réalisateur

Khalil Cherti est un auteur réalisateur autodidacte. Il a d’abord appris son métier en réalisant de nombreuses publicités, bandes annonces et films de sensibilisation qui ont remporté plusieurs prix internationaux. Sa web série “Lolicats” avait également gagné le prix de la meilleur websérie au Festival de la Fiction de La Rochelle en 2011.

En fiction cinéma, il a réalisé à ce jour 2 courts et 2 moyens métrages qui ont tous connu des carrières en festivals nationaux et internationaux. "La Grande Muraille de Qin" (sélection national au festival de Clermont-Ferrand 2011), "D'où que vienne la douleur" en 2013 (sélectionné dans de nombreux festivals internationaux comme le Locarno film festival, Clermont Ferrand, Brives, Malte, Valencia, Altkirch etc...), « T’embrasser sur le miel » en 2021 (Prix Canal + au festival international du CINEMED 2021, Paris Court Devant, Namur, Le Caire, Zagreb, Fesapaco, et beaucoup d’autres). Récemment il a terminé la post production de son dernier moyen métrage « Nul homme n’est une île » préacheté par Canal+.

D’où que vienne la douleur

https://vimeo.com/202217272/a7204eca95?share=copy

T’embrasser sur le miel

https://vimeo.com/662006831/540840af44?share=copy

Quelque chose de plus grand que nous

Quand on lance un tournage, il y a toujours la première feuille de service qui est envoyée à toute l’équipe. Et dans cette feuille de service le réalisateur et le producteur peuvent écrire un petit mot pour l’équipe. Voici ce que nous avions envoyé à toute l’équipe la veille du premier jour de tournage. Cela résume un peu l’état d’esprit de ce projet :

Souvent en tant qu'auteur réalisateur, en étant un peu honnête avec soi-même, on ne peut avoir qu'un sentiment partagé au moment d'écrire sur une Feuille de service. On est heureux de voir une fois encore ce petit miracle : toutes ces personnes venant créer avec nous notre rêve imaginaire. Mais on ne peut qu'être un peu gêné car il y a forcément une dimension égoïste, égo-centrée, et donc un peu "isolante" qui plane sur notre rêve.

Mais soudain avec ce film, j'avoue ressentir quelque chose de différent. Ce film reste une toute petite chose mais il me semble qu'il est déjà plus grand que nous ou qu'en tout cas il nous grandit ensemble. Il dépasse le petit égo, la grande cause et même les situations dites non communes de Geoffrey et Yael

Ce petit film, excusez l'image cliché, est déjà une traversée qui ne tient ni dans un scénario, ni dans un plan, ni même dans un film ou une quelconque hiérarchie d'équipe.

Je suis donc très heureux de pouvoir écrire sans modération sur cette première FDS : BONNE TRAVERSÉE À CHACUNE ET CHACUN DE VOUS, ET N'AYONS SURTOUT PAS PEUR DES ACCIDENTS ET DE L'AMOUR !