Un thriller météorologique pour briser le silence

Dans le cadre d’un projet de sensibilisation inédit, Nathan Villanneau, jeune réalisateur angevin de 24 ans, s’apprête à tourner son court-métrage intitulé FORT COMME UN LION à Nantes. Ce film poignant aborde les conséquences psychologiques du harcèlement scolaire, en suivant l’histoire d’un garçon de 11 ans confronté quotidiennement à la violence dans le car scolaire.

Un projet essentiel et soutenu localement
Avec un format ambitieux de 15 minutes, ce thriller psychologique mêle la puissance de la fiction à une réalité trop souvent minimisée. Grâce à l’aide à la production de 30 000€ octroyée par la Région Pays de la Loire, ce projet bénéficie déjà d’un soutien régional fort. Également local avec l'aide de la ville d'Angers et des partenaires locaux via du mécénat. 


Un film pour sensibiliser et agir
Au-delà des festivals, FORT COMME UN LION a une vocation pédagogique forte. Dès septembre prochain, il sera diffusé dans les établissements scolaires de la région Pays de la Loire, accompagné d’un projet éducatif en construction et discussion avec des partenaires déjà présents sur ces actions. 

« Trop souvent, les situations de harcèlement sont minimisées, réduisant au silence les victimes qui ne trouvent ni écoute ni légitimité pour briser ce cycle. Ce court-métrage est une nécessité pour sensibiliser les jeunes, leurs parents et les institutions », explique Nathan Villanneau.
 

En 2023, en France, le Gouvernement commencait tout juste à considérer sérieusement le sujet du harcèlement scolaire.

Nous avons tous les deux été harcelés au collège. Malgré la récente libération de la parole à ce sujet, le chemin des jeunes personnes harcelées vers la sortie de leur propre silence est extrêmement sinueux, semé d’embûches. On y progresse à l’aveugle, avec la peur au ventre, avec l’angoisse constante de voir sortir des bois nos monstres, l’image de nos bourreaux et les craintes intimes que convoque leur présence.

C’est ce que nous avons décidé de mettre en scène. Une logique de trajet, de chemin impraticable, dans lequel l’impossible cri intérieur rend Léonard passif, dépossédé de ses propres leviers d’action. Son accès à une réflexion lucide est mis à mal par l’angoisse qui le dévore, jusqu’à ce qu’il perde entièrement ses moyens. Quand il dérape et agresse Baptiste, il réagit soudainement, après que tout son être ait été touché à maintes reprises. S’il le fait à cet instant, c’est parce qu’en touchant à son doudou, pour la première fois, Baptiste et sa bande ont touché à son coeur.

L’idée d’une départementale, bordée d’une forêt dont on ne sait quelle bête féroce pourrait surgir à tout moment, puis d’un fleuve dans lequel on risquerait de se noyer à la moindre sortie de route, représente le chemin de Léonard jusqu’à ce que ce dernier s’empare du marteau brise-glace. À défaut de briser la glace, en perdant ses moyens, c’est à la fois sa propre image, et un ordre établi, qu’il fait voler en éclats. Le principe du car scolaire comme décor principal dégage, par son intérieur vétuste et usé, une impression de froideur, d’humidité, porté par la pluie et la buée sur les vitres, les crachats sur les corps, les manteaux mouillés et le bruit des baskets sur le sol trempé. Il convoque le lieu des violences de l’enfance, sa moiteur et ses frissons. L’intensification de la tempête, la pluie sur les vitres, porte le dérapage du car, celui de Léonard, l’idée d’être secoué, remué, malmené, quand on a onze ans.

Fort comme un lion est donc un thriller météorologique, un film de tempête, intérieure comme extérieure. Un film qui entend mettre en scène une épaisse paroi de verre finalement brisée, l’histoire d’un enchaînement de petites choses du quotidien qui peuvent sembler anecdotiques mais provoquent finalement une tempête, une révolte vrombissante à hauteur d’enfant.

Claire Griois et Nathan Villanneau, scénaristes de Fort comme un lion. 

Un défi de production stimulant

Fort comme un lion est selon moi un cri, un film qui donne à entendre un appel à l’aide étouffé par le bruit du monde. L’auteur-réalisateur Nathan Villanneau et la scénariste Claire Griois mettent en scène avec une grande délicatesse la souffrance et l’angoisse d’un adolescent piégé par ses agresseurs.

Après Le temps qu’on a, que j’ai coproduit, Nathan Villanneau propose, dans une forme courte, un thriller psychologique dans la veine des films de Lukas Dhont (Close), Damien Chazelle (Whiplash) ou Gus Van Sant (Elephant). Ces cinéastes font partie de notre référentiel commun et de gestes cinématographiques qui m’ont profondément marqué par leur dramaturgie puissante et la force des représentations qu’ils convoquent. C’est cette ambition artistique que nous portons pour le film.

L’écriture appelle un objet cinématographique complexe mêlant une mise en scène sensible, des personnages très jeunes, un tournage dans des conditions hors normes qui se déroulera principalement en région Pays de la Loire, région d’origine de ses auteurs et de notre société de production basée au Mans.

Nous souhaitons tourner les séquences intérieures du car dans le nouveau studio XR Nantais du groupe Main Avenue. Le car sera ainsi accessible à l’arrêt, le décor défilant sur fond de mur LED derrière les vitres du véhicule. L’arrière-plan correspondra au trajet parcouru au fil du récit et aux conditions météos décrites dans le scénario. Ce film en plus de l’œuvre soignée de son réalisateur, permettra à l’ensemble de notre filière ligérienne de perfectionner son expertise sur les derniers outils de tournages disponibles dans l’industrie.

Thierry Bohnke, producteur du film