Exposition Shamaï Haber Février 2024

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• 20 sept. 2023 September

  Introduction de l'artiste et du projet

  Shamaï Haber est un artiste juif d’origine polonaise qui œuvrait à Paris, en France et à l’étranger de 1949 jusqu’en 1995. Il est connu pour ses sculptures et compositions monumentales et paysagistes. Ses sculptures sont réalisées en différents matériaux bruts : en granit, ardoise et acier. Il a également fait de nombreux dessins, peintures et collages. Il faut parler aussi de son travail humaniste, à savoir la création des portes de Berlin en juin 1989 afin de faire tomber le mur et le projet de la mosaïque des pierres de la paix destinée à tous les pays d’Europe. Il est en voie de se réaliser au Monténégro.

  Il a reçu le prix Bourdelle en 1959.

  Malgré son succès international, Shamaï Haber a dû surmonter de sérieux revers tels que des destructions successives :

  - 1971 : Atelier au 6 rue Vercingétorix,

  - 1984 : Atelier au 120 rue de l’Ouest,

  - 2000 : Dilapidation de son œuvre vendue au poids de l’acier au lendemain de sa disparition en 1995

  - 2021 : Place de Catalogne, Le Creuset du Temps,

  En dépit de ces évènements Shamaï Haber aurait dit « on continue ». Aujourd’hui, Béatrice Haber, la fille du sculpteur, accompagnée par de nombreux admirateurs de son travail a commencé à œuvrer à la re-connaissance de son œuvre.

  « Il faut regarder d’un peu loin pour bien voir. Mais qui voit trop bien finit par être mal vu des myopes et des aveugles. L’interrogation fait silence. »

  « La qualité d’un lieu dépend de la beauté de la matière et de la manière dont celle-ci est rythmée et inscrite. »

  « Je me raconte tous les jours des histoires et ces histoires accumulées font peut-être une vraie histoire. »

  Toutes ces pensées ont été le pain quotidien de mon enfance et de mon adolescence jusqu’à encore aujourd’hui, même après sa mort. Je dirais comme lui ; pour moi, c’est « normal » puisqu’il n’y a jamais eu autre chose. Et quand je demandais à mon père

  « qu’est-ce qu’une sculpture ? » Il répondait : « c’est tout ce qui est beau, c’est tout ce qui est normal. »

  Alors j’insistais : et qu’est-ce que le normal ? Il disait : « Mais c’est tout ce qui ne fait pas mal ! »

  Anecdote certes, mais qui est bien l’une des clefs de la compréhension de son œuvre. Il souffrait pour l’homme du bâti des grands ensembles qui n’avaient pas d’histoire de vie propre, par conséquent pas de devenir. Sa démarche a été de créer des contrepoids au bâti moderne afin que ces espaces puissent avoir un vécu réel et un devenir.

  « Le premier geste du créateur est de regarder et de se poser des questions. »

  « Chaque geste modifie la pensée et chaque pensée modifie le geste. Qu’est-ce que l’art ? Il n’a pas été inventé par les marchands de l’art. L’art a existé avec le premier homme. Depuis que les hommes ont commencé à marcher, ils ont commencé à créer, à partir du moment où ils ressentaient des émotions fortes. L’art est un geste élémentaire. »

  Mon père était un homme en fusion avec son travail, avec son œuvre. Les deux ne faisaient qu’un et devenaient un ensemble de façon si évidente qu’aujourd’hui avec son travail, il est encore parmi nous. J’ai grandi parmi les pierres qui, avec les années se sont mêlées au métal pour devenir des sculptures en acier. J’ai suivi mon père sur la plupart de ses chantiers. Je l’ai accompagné tout au long d’une partie de son œuvre. Pour moi il n’y a jamais eu de pourquoi. Sa démarche est la plus belle leçon de vie qu’il m’ait été donnée de vivre jusqu’à ce jour.

  J’ai écrit ce qui précède à l’aube d’une exposition que j’ai faite en hommage à mon père en avril 1999, alors que je pensais réussir à sauvegarder ses sculptures et à faire naître un musée Shamaï Haber.

  Depuis, vingt-cinq années se sont écoulées et 80% de ses sculptures ont été vendues dans des ventes aux enchères judiciaires pour des sommes modiques. Lorsqu’il m’a été annoncé en janvier 2021 que la fontaine de la place de Catalogne « le Creuset du temps » à Paris, allait être détruite, j’ai réalisé que le moment était venu de me relever pour réhabiliter l’œuvre de mon père et j’ai compris que s’il avait été encore parmi nous, il aurait dit : « envers et contre tout, on continue ! ».

  En juin 1989, mon père a érigé des portes en granit afin de faire tomber le mur de Berlin qui s’est effondré quelques mois plus tard. En 1991, il a conçu le projet « les pierres de la paix » - si chaque pays me donnait une pierre j’en ferais une mosaïque de la paix. Ce rêve peut se réaliser, rêvons ensemble - Au lendemain de la destruction du Creuset du Temps, Nicolas Petrovitch Njegosh m’a demandé de poursuivre le projet « les pierres de la paix » au Montenegro, ce que j’ai accepté avec enthousiasme.

  J’ai donc commencé à choisir des tableaux de mon père, en vue d’une exposition aux côtés des pierres de la paix, puis l’idée d’une exposition à Paris a surgi. J’œuvre finalement aujourd’hui à l’entière re-connaissance du travail de mon père, Shamaï Haber.

  Béatrice Haber

  Août 2023