Deux films pour le prix d'un

Mon ambition en me mettant sur un tel projet fut avant tout l’envie de REVISITER une scène célèbre du théâtre français en la réactualisant. Quand j’étais plus jeune, je faisais partie d’une troupe de théâtre avec laquelle on avait travaillé Cyrano de Bergerac, j’avais même failli la jouer sur scène ! Ce qui fait que l’idée de RÉACTUALISER Cyrano m’a tout de suite parlé, mais j’ai voulu lui apporter de NOUVELLES COULEURS.

Musicien de formation, je me suis d’abord tourné vers le GOSPEL, style que je trouve par nature proche du théâtre : le DIALOGUE entre Cyrano et De Guiche dans cette scène n’était pas sans me rappeler des échanges entre le gospel father et la chorale. De plus, en collaborant dessus avec Stan [le scénariste], nous nous sommes dits que, pour garder le style en alexandrins de la pièce, le RAP serait aussi une bonne solution musicale et actuelle. C’est ainsi que l’idée de mixer un style G FUNK (instrumentation de rap un peu jazzie swing et fun) avec un aspect plus SYMPHONIQUE et lyrique offrirait un bon contraste à l’image de notre Cyrano : à la fois street et jeune, tout en gardant sa tradition et son ADN d’origine.

J’aimerais ainsi jouer sur le CONTRASTE (entre symphonique et rap mais aussi entre les personnages et leur langue) presque comme dans le film Le chevalier Black avec Martin Lawrence, dans lequel un rappeur noir se retrouver au Moyen-Âge. C’est le genre de film qui me fait rire. Aussi, avec Stan, nous tirons une autre partie de notre inspiration de Hamilton, la comédie musicale de Lin Manuel Miranda, qui joue sur un contraste assez semblable.

Pour ainsi dire, je voudrais donner une impression de VOYAGER avec et dans Cyrano, comme si la scène et son personnage, en les voyant avec un aspect nouveau et frais, pouvaient nous transporter physiquement jusque sur la Lune. En bref, une CLAQUE autant visuelle que musicale.

J’ai toujours aimé la figure de ROBIN DES BOIS et la question de sa véracité historique a occupé certaines de mes soirées d’enfance et adolescence. En découvrant l’existence d’un personnage inconnu qui aurait inspiré la figure du bon Robin, je me suis immédiatement penché sur l’affaire. Je fis ainsi la connaissance d’un certain ROB HOOTH, paysan révolté contre la couronne anglaise, ayant entamé sa carrière de rebelle à la BATAILLE DE BOROUGHBRIDGE, opposant le seigneur de Lancastre (patronyme évoquant quelques images aux afficionados de Game of Thrones) et le roi d’Angleterre Edouard II en 1322. Je tombai sous le charme de ce personnage qui mêlait parfaitement les figures de l’ICONE de la révolution et de la réalité HISTORIQUE.

Cependant, tirant plus sur la corde de la symbolique que du réalisme, mon Robin n’a pas pour but de coller à la révolte exacte de Hooth contre Edouard II mais plutôt de représenter l’égérie de la rébellion. En ce sens, je voudrais faire de Robin le symbole d’une GENERATION qui, remarquant les impasses dans laquelle on la pousse, a décidé de se réveiller et de s’opposer à ses pères, autant sur les enjeux féministes, qu’écologistes, que sociétaux, etc… Robin est LA REVOLTE qui appelle à la rejoindre, comme il appelle Frère Tuck dans mon film. C’est pour cette raison que je compte accompagner le personnage d’une musique constituée de SAMPLES D’HYMNES ou d’airs évoquant la révolte d’un peuple face à l’oppression, comme la Marseillaise ou, plus d’actualité, l’hymne ukrainien.

Aimant jouer avec les différentes techniques qui sont à ma disposition dans la création audiovisuelle, je souhaite que ce film soit HYBRIDE, à mi-chemin du film d’animation et du live-action. Recyclée en partie d’un ancien projet avorté, la séquence en ANIMATION sera faite dans un style ENLUMINURE médiévale, fait à la main et non par ordinateur, et viendra, en contre-point, appuyer le récit de Robin.

Ce film, en conséquence, représente une manière pour moi de concentrer différents styles qui me sont familiers (cinéma, dessin, musique…) et des thématiques qui me sont chères, comme si on avait mixé Game of Thrones avec Le Roi et l’Oiseau de Grimault, le tout infusé par la série d’animation japonaise Code Geass.