Sylver DonQuiTOc

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Biographie




Don QuiToc, un chevalier qui chante et qui choque

 Il y a des poupées qui font non et encore trois fois non et il y a des enfants inconsolables qui s’entêtent à chausser leur armure de chevalier avec l’espoir inaltéré d’inverser le cours des moulins à vent. « J’ai toujours eu un côté redresseur de torts, Zorro dans la cour d’école. Toi, t’es un Don Quichotte, combien de fois ai-je entendu cette phrase durant mon enfance ? », relate Sylver Frogger, alias Don QuiToc, un Don qui chante, un Don qui choque, auteur d’un premier album intitulé Moulins

Né au Kenya d’une mère pianiste classique et d’un district manager chez Ford, Don QuiToc a connu plusieurs destriers avant de graver ces douze titres mariant la science du métal à la grammaire de Gainsbourg. Après une adolescence à Tours où il découvre les harmonies du jazz, le chanteur et guitariste décide de promener son mètre 89 partout où les vents le portent, qu’il se trouve des moulins ou bien des poupées qui dodelinent de la tête. Trader le jour à Londres, le Frogger y organise des soirées électro à la nuit tombée. À Dakar, on le retrouve journaliste tendant le micro à la nageuse Muriel Hermine. De retour en France, il devient assistant de la productrice de spectacles Danièle Molko et Catherine Huberty. Jamais, il n’a lâché sa guitare, comme si ses moulinets pouvaient expurger sa peine. 

C’est un écorché vif. Tout l’indigne, un moindre rien révolte cet orphelin de père depuis l’âge de 3 ans. Un bête et tragique accident de la route qui n’en finit pas de rejaillir de toutes parts dans la conversation, et pourquoi pas les chansons. Cela se traduit par une rage romantique mélodiant dans de singuliers décor de science-fiction, romantisme à fleurs de nerfs, inquiétude du monde et de ses nébuleuses que Don QuiToc jette en pâture dès le titre d’ouverture de son album Moulins : « Cinquième dimension en extension / Virtuelle, perpétuelle, cercueil du réel. » (Cinquième Dimension). Riff de guitare doublé à la basse, quand la voix s’arrache à la pesanteur du couvercle baudelairien, la batterie restant branchée sur un canal tellurique. « Un de mes plus grands chocs musicaux a été Daniel Balavoine. Voilà un chanteur qui avait décidé d’exprimer en français des chansons porteuses d’un message », précise Don QuiToc. Ici, le sol est jonché de pétales fanés, fleurs du mal jetées à la face de nos utopies capitalistes en décrépitude : « Planer dans une nuit obscure et sans fond / Epier à travers des jumelles un monde sans son / Voir se dessiner des toiles illuminées / Où les araignées toutes cachées / Fourmillent pourtant par milliers. » (Planer) 

 

Au studio DKS, le mixeur Frédéric Duquesne (du groupe les Brigitte à Mass Hysteria) a sorti ses plus beaux réglages, un son mat aux basses bien profondes pour mieux faire ressortir les aigus du chanteur. Les batteries se veulent tranchantes comme les guitares au son de ce manifeste rock en français, ailes d’acier se déployant pour échapper aux barreaux qu’on s’est choisis, juste over the rainbow, quelque part au-dessus du ciel du 19e arrondissement de Paris. Dans un coin du studio, le photographe Pierre Terrasson n’a pas perdu une miette du spectacle. Le photographe de légende (Gainsbourg aux menottes dans le commissariat d’Aubervilliers, c’est lui, tout comme les portraits d’un David Bowie période Glass Spider ou d’un Tom Waits sous une pluie de confettis à la Cigale). Pierre Terrasson avait déjà saisi l’âme de l’ancien mannequin chez Margiela en Jésus Christ noué de jacks électriques. Là, c’est le cœur du chevalier qu’il capte sous sa cotte de maille. Alors, c’est oui ou c’est non ?

 

Ludovic Perrin