Le Sommeil des Diables

Pour les plus curieux

« Explication détaillée sur le son en multidiffusion. »

Il est ici question d’une plongée au cœur de cette aventure palpitante que fut la vie de Maurice et Katia Krafft.

L’immersion dans cette histoire singulière passe par la volonté de transporter le spectateur hors de son fauteuil à travers l’espace et le temps. C’est l’un des propres du théâtre que de nous faire constamment oublier ces 4 murs et nous plonger dans une autre réalité.,Mais ici le voyage est différent, et assez inhabituel.

Privé de la vue, le spectateur se repose alors sur ses seuls autres sens afin de percevoir l’histoire qui lui est contée et frémir au rythme de cette aventure.

« Un voyage sonore - Le pouvoir de l’invisible »

L’ouïe est l’un de nos sens le plus subtil et le plus primitif.

C’est à l’origine un outil indispensable à tout être vivant permettant de se prémunir d’un danger comme l’arrivée d’un prédateur. L’ouïe nous permet avant même de voir quelque chose, de l’entendre et d’anticiper ainsi une situation dangereuse. Elle fait donc appel à nos sens les plus primitifs et est intrinsèquement liée à notre cerveau reptilien.

Mais c’est surtout l’un des plus beaux vecteurs d’émotions, et notre principal outil de communication. Outre le langage, elle nous renseigne aussi de façon infiniment subtile sur nos interlocuteurs.

Les sons qui nous entourent sont bien souvent intimement liés à la vue. Un son évoque presque toujours un objet, une personne, un souvenir, un lieu. On a souvent l’habitude de voir le monde, mais nous l’entendons aussi sans prendre la peine de l’écouter vraiment.

Notre perception inconsciente du monde sonore qui nous entoure est assez fascinante.

C’est aussi une fenêtre sublime sur l’un des langages le plus beau et le plus universel, la musique.

« Notion de paysage sonore »

Le monde est constitué de différents paysages sonores, qui sont le résultat du mélange de l’ensemble des sons que l’on peut percevoir en un même lieu.

Une ruelle sous la pluie dans laquelle on perçoit une gouttière face à nous, la rumeur de la ville et de ses moteurs au loin. Un chien en arrière-plan qui aboie dans une cour abandonnée. Soudain la roue d’un vélo qui passe juste devant nous dans une flaque, et dessine un personnage furtif qui vient déjà de repartir avec hâte.

Chacun de ces sons que l’on perçoit est révélateur de l’existence de quelque chose de différent. Les sons ainsi perçus sont les échos des paysages, des matières et des personnages qui en sont la source.

Privé de la vue, il est impossible de se reposer sur des décors réels. C’est dans cette optique que la bande son de ce spectacle va être l’occasion d’un voyage unique et deviendra « le décor » de cette histoire. Les différents paysages sonores ainsi proposés nous plongeront au cœur d’une forme de réalité construite et orchestrée dans laquelle évolueront nos personnages.

Le spectateur, étant mis en condition de ne pas voir, développera alors l’ensemble de ses autres sens de façon bien plus accrue que d’habitude.

« Matière sonore »

Dans le monde qui nous entoure, chaque son qui parvient jusqu’à nos oreilles est caractérisé par la matière sonore propre à l’objet. Le son d’un pas, que ce soit une semelle de caoutchouc, un talon aiguille ou encore des pieds nus, secs ou mouillés, des chaussons de laine … sera perçu différemment. Mais ce même pas peut également être plus ou moins énergique et il peut encore être identifié sur différentes matières ; un sol en béton, un parquet qui craque, un chemin de gravier, du sable fin, de l’herbe fraiche.

Le simple son d’un pas devient ainsi un langage à lui seul, et nous renseigne en une fraction de seconde sur une multitude d’éléments le constituant.

« Ecoute binaurale »

Ce même son de pas ainsi caractérisé est ensuite localisé dans un lieu défini plus ou moins proche et plus ou moins réverbérant.

L’écoute binaurale, caractérisée par le fait d’avoir deux oreilles et un cerveau analytique, permet la localisation précise de la provenance d’un son. Nos oreilles gauche et droite et leur pavillon permettent la localisation infiniment précise d’un son tout autour de nous.

Nous comprenons alors instantanément s’il est en intérieur ou en extérieur, et notre image mentale est capable de le localiser instantanément à 360° et d’en évaluer également sa distance.

« Le dispositif technique »

Si nous souhaitons respecter ces principes de perception naturelle il apparaît indispensable de mettre en place un dispositif technique à la hauteur de nos exigences.

C’est en ce sens que l’espace a été réfléchi pour ce projet en particulier.

Le spectateur étant mis en condition de ne pas voir, développera alors l’ensemble de ses autres sens de façon bien plus accrue que d’habitude.