La Visite

Seule en scène
ARTS DE LA SCÈNE
PRODUCTION

Présentation du projet

Une jeune mère reçoit la visite de la famille éloignée de son mari, qui ne devrait pas tarder à rentrer du travail. Cette famille, c’est le public. Immigrée aux États-Unis depuis peu, elle n’a de repères que les murs de son appartement. Seule face à ces spectateurs qui ne sont pas venus pour elle, elle se lance dans un monologue sans concession, en toute franchise, balayant le mythe de la mère parfaitement heureuse ! Plongeant petit à petit dans un délire qui nourrit son argumentation sur l’instinct maternel, elle arrive au bord de l’implosion. Seule et perdue face au regard de la société et ne pouvant plus jouer le rôle qu’on attend d’elle, elle préfère utiliser un humour acerbe pour ne plus s’arrêter de parler.

Ce texte aborde la question du mal de mère, du post-partum dépressif. Cela, on ne le devine pas tout de suite, il faut du temps avant de laisser tomber le rire corrosif que ce personnage sans filtreprovoque, pour la compassion. Cette femme est mille femmes, et avec finesse, légèreté, et la répartie du désespoir, elle nous fait entendre des centaines de récits, nous rappelant une amie, une sœur, une mère, nous-même, de façon plus ou moins intime mais toujours avec une vérité fracassante.

C’est aussi une femme qui est très intelligente, et doctorante chercheuse en neurosciences. Cela me semblait nouveau de montrer une jeune mère brillante, en proie à l’angoisse de se voir abêtir par tout ce que devenir une mère peut supposer de béatitude, d’abnégation, de renoncements. Cette représentation m’apparaissait inexplorée sur les scènes contemporaines théâtrales.

Grâce à plusieurs lectrices-amies à qui j’ai fait lire le texte pour connaître leurs avis de maman ou de femme, j’ai pu entrevoir d’autres approches. Elles m’ont toutes dit que ce texte était indispensable, qu’elles se retrouvaient à un moment ou à un autre dans le personnage. Certaines l’ont fait lire à leurs amoureux, à leur père, à leurs amis masculins. Tous ont été bouleversés, rassurés, amusés, émus.

De plus, dans tous ces retours de parents ou non, j’ai aussi pu admirer la façon dont l’autrice nous fait douter parfois, et nous égare aux confins du suspense, mais aussi du doute, son mari et son bébé existent-t-ils vraiment ?

La fin vient heureusement arrondir les contours de cette relation, l’amour pour son enfant la submerge. Cette humanité débordante crée une communauté : celle d’un monde bouleversant, qui ne s’explique pas que par la science.

 

Lorsque j’ai lu la pièce La Visite de Anne Berest, je cherchais un texte pour des élèves mais c’est à moi que ces mots ont parlé. Tant est si bien que je me suis immédiatement dit qu’il fallait que je joue ce texte, que je le défende et qu’il soit entendu par le plus grand nombre.

Envahie de toute part par les injonctions, les délais, le rejet ou le désir d’en avoir, chaque femme se voit confrontée à ce sujet souvent bouleversant. Je n’ai pas encore d’enfant, et cette question est pour moi absolument passionnante. Les paroles sur le regret ou la non évidence d’être maman sont de plus en plus entendues ; beaucoup de livres, de films, de podcasts paraissent et les discours se complexifient ; c’est formidable de déculpabiliser, de démystifier, et de porter un regard plus décalé, parfois plus drôle sur la maternité ; c’est libérateur. Ces dernières années, la maternité a investi le féminisme, et inversement. Les maux de la grossesse, le corps enceint, les trois premiers mois sous silence, la fausse couche, le post-partum, la solitude et la peur d’être mère... Tous ces sujets sont désormais au cœur d’une remise en question. Il n’est plus question d’enjoliver la réalité de la grossesse puis de la maternité, mais de libérer la parole quant aux difficultés qui leur sont inhérentes.

Aujourd’hui, les futures mères, tout comme les femmes qui ne souhaitent pas le devenir, ont accès à un panel de documents sur le sujet. Livres, podcasts, témoignages sur les réseaux sociaux se font de plus en plus nombreux, et font partie des discussions. Récemment, le gouvernement a adopté une loi visant à prévenir ce mal qui touchent 15 à 30 % des jeunes mères. Pour améliorer la prise en charge de la dépression post-partum, un entretien de dépistage sera systématiquement réalisé dans les semaines qui suivent l'accouchement. De la même façon, les consultations chez un psychologue seront remboursées pour toutes à partir de 2022.

La société évolue sur ce sujet et tend à renseigner davantage les femmes, et les hommes par ricochet. La Visite est un texte fort, on peut y entendre tellement de solitudes, de voix, de présences, de vies. Je souhaite plus que tout le défendre et le porter de manière indispensable.

 

A quoi sert l'argent collecté

L'argent collecté sert à payer les éléments de décors, costumes et accessoires.


Objectif de collecte

4 800,00 €

Montant Global

10 000,00 €

Dépenses

Désignation Montant

Décors

Canapé 119,00 €
Rideau 1 550,00 €
SOUS TOTAL 1 669,00 €

Accessoires

Boule de pilate 20,00 €
Vases 120,00 €
Bébé 200,00 €
SOUS TOTAL 340,00 €

Costume

Costume 350,00 €
SOUS TOTAL 350,00 €

Paie

salaires aux Clochards Célestes 7 641,00 €
SOUS TOTAL 7 641,00 €

TOTAL

TOTAL 10 000,00 €

Recettes

Désignation Montant

Proarti

Financement participatif proarti 4 800,00 €

TOTAL

TOTAL 4 800,00 €

Deux dispositifs seront proposés. D’une part, La Visite sera créée pour une salle (ou boite noire), et il sera également possible de jouer en frontal simple. D’autre part, les spectateurs pourront aussi être sur le plateau, à mes côtés, installés dans le salon où se situe l’action et où je recevrai la famille (car les visiteurs sont le public), sûrement en bifrontal. La scénographie sera très épurée : un tapis de danse blanc, un voilage blanc au lointain pour jouer avec le hors champ et y projeter des aplats colorés, un canapé face public, et quelques spectateurs au plateau, dans une configuration confinée de l’espace domestique que propose le texte, dans une intimité forte. Ce processus scénographique est encore en recherche.

L’endroit de jeu que je chercherai sera celui du sensible, effectuant beaucoup de ruptures, tant dans le rythme que dans le registre : parfois drôle, au bord des larmes, rageuse, épuisée, arborant un sourire de façade, il me faudra trouver la virtuosité nécessaire pour jouer cette femme. Je pense à Femmes au bord de la crise nerfs de P. Almodovar pour l’aspect excessif, mais je chercherai aussi à insuffler de la délicatesse et de la sensibilité. La poésie des images pourra surgir à chaque instant et l’émotion venir troubler un quotidien parfois trop réel. L’univers visuel de la photographe Jamie Diamond (cf. les photographies de ce dossier) m’influencent particulièrement dans ce qu’elles ont d’étrange (la perruque, les poupées) et l’esprit des intérieurs confinés et désuets américains. Je chercherai aussi cette étrangeté dans certaines images de mise en scène. Il ne s’agira pas de condamner cette femme en restreignant son parcours à une vision univoque du rôle, mais au contraire d’offrir au spectateur de multiples couleurs de jeu et d’images afin de toucher le plus grand nombre, et d’ouvrir la curiosité et la réception qu’il en fera.

La Visite sera aussi une expérience sensorielle. L’univers sonore et musical sera extrêmement important, en ce sens qu’il contribuera à la complexité du personnage. Tantôt inquiétante, tantôt enlevée ou mélancolique, l’ambiance sonore qui m’accompagnera pendant une heure m’aidera à charger l’interprétation d’un méta-texte et d’une énergie, complémentaires au propos. Je serai soutenue par un micro HF, afin de jouer avec subtilité et proposer un confort d’écoute au spectateur. La création sonore apportera également des respirations salvatrices au seule en scène. Des parties plus musicales pourront être apportées, notamment au travers des sonorités feutrées d’un piano électrique Rhodes, rappelant la musique des appartements confinés et bourgeois de l’Amérique des années 60.

La Visite est un texte qui suscite vraiment les échanges et la discussion. Libéré.e.s du poids du silence, les femmes et les hommes qui lisent le texte ou qui ont assisté à des filages, prolongent systématiquement la discussion, parfois pendant plus de temps que n’en a duré la pièce ! Aussi, il me semble important de proposer en marge du spectacle, des bords de scène afin que chacun.e. puisse profiter de ce temps, non seulement pour questionner le spectacle qu’il vient de voir, mais surtout pour être écouté attentivement et exprimer son ressenti. Les réactions face à ce texte sont toujours fortes, et il me semble nécessaire d’assurer une suite au spectacle, dans la convivialité et le partage.

En outre, j’aimerais proposer des actions culturelles à des petits groupes de spectateurs volontaires, par exemple un temps d’écriture et de mise en voix de leurs textes autour de la question de la parentalité. Menant très régulièrement ce genre d’ateliers avec les publics, c’est vraiment important pour moi et cela fait sens, qu’une artiste puisse proposer ce lien de transmission et de création avec le public qui vient voir le spectacle. Cela pourra être avec des femmes et des hommes de tout âge, de toute provenance, à partir de 16 ans. Il me semble important que La Visite ne soit pas qu’un spectacle, mais qu’il puisse aussi faire l’objet d’un échange artistique et humain.

Contreparties

Tétine

pour 20,00 € et +

0 ARTINAUTES

La compagnie et l'équipe vous remercient pour votre don.

Turbulette

pour 50,00 € et +

0 ARTINAUTES

La compagnie vous remercie sur sa page Facebook, et vous offre un verre à l'issue de la représentation.

Poussette

pour 100,00 € et +

0 ARTINAUTES

La compagnie vous remercie sur sa page Facebook, elle vous offre un verre à l'issue de la représentation et une affiche dédicacée.

Bonne fée

pour 200,00 € et +

1 ARTINAUTE

La compagnie vous remercie sur sa page Facebook, elle vous offre un verre à l'issue de la représentation, une affiche dédicacée et une place pour le spectacle.