VIVE / Avignon 2024

LES VIOLENCES SEXUELLES SUR MINEURS : UN CRIME PATRIARCAL

81% des violences sexuelles commencent avant 18 ans ; et dans 94% des cas, ces violences sont commises par un proche. Dans le sillage du mouvement #MeToo, avec le flot de témoignages récents et l’essor de la documentation, on comprend que la violence pédocriminelle ne relève pas de dérives isolées et monstrueuses : elle est au contraire structurelle, une constante des rapports sociaux, et même le socle de notre société patriarcale : 96% des agresseurs sont des hommes. La domination sur les enfants est la première et la source de toutes les dominations.

PAROLE ET SILENCE

L’inceste est un crime de masse : le tabou n’est pas de le faire, mais de le dire. Différents cercles de silence enserrent la victime : celui formé par l’agresseur, qui interdit à sa victime de parler ; ensuite l’entourage ; et au-delà toute la société. Les victimes sont donc assignées au secret, un secret qui se transmet de génération en génération. Le silence est un système, une prison dont il faut parfois des décennies pour sortir.

C’est ce parcours de combattante que j’ai voulu mettre en lumière : quelles sont les strates de non-dits et d’oubli qu’Anaïs doit percer, de l’enfance à l’âge adulte, pour s’extraire de l’emprise ? En reprenant la parole, l’héroïne redevient actrice de son histoire : VIVE explore ce pouvoir à double tranchant du langage, outil de domination ou d’émancipation.

UNE FABLE CONTEMPORAINE ADRESSÉE À LA JEUNESSE

Les injonctions et normes de genre que le langage véhicule enferment les garçons comme les filles : les repérer, c’est aussi un moyen d’échapper aux rapports de prédation. Il s’agit de contribuer à informer, voire armer les publics - et particulièrement les jeunes, à qui ce texte est destiné. Le sujet de VIVE est grave, mais c’est une histoire de résilience. Ainsi, au gré d’un récit choral plein de souffle et de vitalité, on accompagne Anaïs dans sa quête : retrouver sa voix.

VIVE célèbre le pouvoir de la parole et partage avec tous les publics l’idée que l’espace des mots est celui de leur liberté.

LA COMPAGNIE SUPERLUNE

Superlune, c’est l’alliance d’une autrice et d’un comédien. Créée en 2018 en Saône et Loire par Joséphine Chaffin et Clément Carabédian, la compagnie pratique un théâtre de la parole : poétique, car la langue en est la colonne vertébrale ; populaire, car le partage de récits fonde notre désir de création.

Documentés sans être documentaires, nos spectacles façonnent de nouvelles représentations et donnent la parole à des personnages silenciés. Ils explorent notre présent collectif (émancipation féminine, minorités sexuelles, liberté de genre, solastalgie…) au moyen d’une écriture en verve et généreuse.

Le lien entre les générations et l’adresse au public adolescent constituent l’ADN de la compagnie. Au plateau, nous aimons inventer des dispositifs de parole et d’écoute fédérateurs (mariage, émission de radio, procès…) pour intégrer le public à la représentation. Notre écriture scénique privilégie les outils du son, de la musique et de la lumière : avec un goût assumé pour les formes stylisées, nous orchestrons une mise en partition visuelle et sonore du plateau qui joue avec les genres et mixe les registres esthétiques, dans une recherche de rythme permanente.

Engagé·e·s pour l’itinérance, notre ambition de mise en scène est d’inventer des formes aussi plastiques que légères, aussi dessinées que mobiles. 

C’est un théâtre au service de tous les publics, solaire et intergénérationnel.

Créations : Midi nous le dira (2019) ; Oui (2020) ; TANDEM, radio imaginaire (2021) ; VIVE (2023).