LE VENT SE LEVE

Sept ans après l’aventure de Scanner (Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu), qui a « galvanisé » les publics d’une façon tout à fait inattendue (!), il nous est apparu évident d’en écrire et d’en fabriquer la suite, la continuité. Pour nous cette évidence s’inscrit dans la cohérence de la « logique de l’imagination » chère à Debord. Ce qui a fait la force de Scanner c’est la pertinence de son propos et l’impact qu’il a eu sur chacune des personnes des publics concernés. Après ces 5 ou 6 années, le monde n’est toujours plus le même et jamais plus comme avant.

L'équipe du précédent spectacle (étoffée de nouvelles personnes) s'est à nouveau constituée autour de David Ayala pour monter Le vent se lève (les Idiots / Irrécupérables) dont les répétitions commencent fin juin et dureront tout l'été. Ce spectacle sera créé le 28 septembre à Montpellier (Domaine d’O Théâtre Jean Claude Carrière).

Dans Scanner, tout l’édifice des théories et des films de Debord rendaient compte en les analysant et en les décortiquant, de tous les systèmes d’aliénation des sociétés spectaculaires marchandes. Avec Le Vent se lève nous voulons aller plus loin, pour tout dire dans l’au-delà de la simple constatation de cette aliénation : montrer comment cette aliénation a incorporé (et décorporé) les individus, les a phagocytés, et littéralement dévorés (de l’intérieur et par l’extérieur) pour en faire des êtres quasiment post-humains. Nous sommes au coeur d’une période historique de possibles renversements des choses. Nous le savons. Nous ne pouvons plus faire croire que cela n’est pas. Oui les insurrections sont en train de venir. En certains endroits elles sont venues. C’est quand l’art dramatique doit se confronter à des sujets aussi graves et urgents qu’il peut retrouver sa force et sa grandeur.

Critique ludique et époustouflante, Le vent se lève s’emploiera à traquer et à mettre en scène les comportements dits « normaux » et « anormaux » des citoyens-spectateurs décrits par l’écrivain, essayiste et cinéaste Guy Debord en son temps. David Ayala met ainsi en évidence la manière dont le curseur de l’histoire a fait dérailler la machine donnant lieu à un monde peuplé d’individus privés par la puissance de l’ultralibéralisme de toute capacité d’intelligence, de discernement et de révolte.

La mise en scène inventive sera construite sous forme de séquences en short cuts inspirés de Robert Altman rejouant des situations de la vie quotidienne en mode tragi-comédie. En mêlant la puissance d’une parole chargée d’espoir à la pensée d’écrivains tels que Pasolini, Muray, Sade, c’est le dépit de vivre dans nos réalités contemporaines qui est transfiguré par la force d’un souffle salvateur porté vers de nouveaux mondes empreints de justice et d’humanité. .

Les textes et les images de Debord, de P.P. Pasolini et d’autres auteurs vont intervenir comme un crible ou un scanner, encore une fois, et transcender cette vision de notre monde par son souffle prophétique et du coup, salvateur. Car même s’il y a dans le titre le mot « irrécupérables » (qui s’applique aussi à Debord d’un point de vue politique), il y aura dans Les Idiots une volonté salvatrice et jamais cynique. Une foi en la capacité humaine à s’extirper de ses faux pas, encore et toujours grâce à la pertinence des analyses de Debord, de Pasolini et de Sade et à la fulgurance de leurs poésies qui n’est pas hermétique. Ces oeuvres sont là comme le monolithe de 2001 L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick : c’est un mystère qui peut tout transcender et rendre l’humain et l’utopie visibles et transparents. On peut tout voir, tout sentir, tout comprendre à travers eux.

A priori la première partie du spectacle promet d’être très visuelle, les textes de Debord, Pasolini et Sade n’intervenant que très tardivement dans la séquence. Celle-ci étant construite sur des situations de tragi-comédie extirpées de la vie quotidienne et par des visions transposées dans l’excès et l’exagération de ces situations. Les textes et les images des auteurs interviendront de manière plus abondante dans la deuxième et la troisième partie. Cette troisième partie étant nommée La Chambre des Désirs. Elle interrogera la capacité d’être encore humain dans le monde globalement « idiotisé ».

Pour mener à bien ce projet qui est singulier dans son intention et son propos, l'équipe artistique est composée de 21 personnes et deux mois de répétitions sont nécessaires. Pour le financer, nous avons des partenaires précieux mais nous sommes loin d'avoir bouclé notre budget. Votre soutien serait une confirmation que le sujet passionne et que le désir de voir ce spectacle naître est partagé au-delà de la compagnie. Nous avons conçu ce projet avec et pour les spectateurs. L'intégration et la place du public nous occupent en permanence. Le financement participatif est, selon nous, une manière d'intégrer et une opportunité pour rencontrer ceux qui sont séduits par l'intiative et par cette pièce de théâtre. Nous sommes d'ores et déjà enthousiastes à l'idée de vivre "Le vent se lève" avec et grâce à vous.

Les dates de la tournée sont les suivante : 28 au 30 septembre 2016 à Montpellier, le 18 janvier 2017 à Chatenay – Malabry (Théâtre La Piscine), du 24 au 28 janvier 2017 à Toulouse (Théâtre de la Cité), du 31 au 31 janvier 2017 à Toulon (Théâtre Liberté), du 21 au 23 février 2017 à Cergy Pontoise (Théâtre 95), du 7 au 10 mars 2017 à Nancy (La Manufacture), du 29 mars au 2 avril 2017 à Paris (Théâtre 13), du 6 au 10 juin 2017 à Lyon (Les Célestins).

Chers amis, " Readiness is all " dit Hamlet. Le tout c’est d’être prêt.
Nous le serons grâce à vous. Le Vent peut bien souffler. Et fort.