La chambre d'ombres

Un mot du réalisateur

Le projet de La chambre d’ombres est issu de mon expérience d’enseignement dans la Zine Eskola Elías Querejeta de San Sebastián (Espagne). Au départ, j’envisageais la série comme une façon d’enseigner l’audiovisuel à travers l’audiovisuel. Projet initialement destiné à un public d’étudiants en art et cinéma, que j’ai souhaité élargir à tout public intéressé par les enjeux de l’image dans notre monde saturé d’écrans.

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déssin préparatoire de la série

La série s’appuie sur 26 essais que j’ai écrits sur des oeuvres qui ont montré que l’art sert autant à représenter qu’à questionner les représentations. Ces exemples tirés de l’histoire de l’art offriront au spectateur des clés de compréhension sur des questions toujours actuelles autour de l’utilisation des images. Quelle incidence peuvent avoir les images sur notre comportement individuel et social ? Quelles intentions véhiculons-nous à travers les images lorsque nous nous représentons ? Quelles restrictions nous imposent ceux qui nous représentent ?

Afin d’ancrer la série, par sa forme même, dans ce questionnement de la représentation, La chambre d’ombres aura pour particularité d’évoquer, de décrire, d’analyser des oeuvres d’art, sans jamais les montrer. Que signifie être ou ne pas être représenté ?

En renonçant à une certaine facilité de démonstration, je souhaite engager le spectateur vers une recherche et une réflexion active sur les oeuvres évoquées.

En lieu et place des oeuvres, c’est le dispositif de capture et de création des images qui sera offert au regard du spectateur : « la camera obscura » à laquelle fait référence le titre du film. Invention optique qui a précédé la photographie, dont le nom latin se traduit par « chambre sombre ». Dispositif clos ne laissant entrer la lumière qu’à travers un trou, minuscule fenêtre, figeant sur la paroi opposée les images de l’extérieur.

image prise des tests caméra

Concrètement, le film se déroulera à l’intérieur d’une pièce, éclairée par une fenêtre, comme un appareil photographique grandeur nature dans lequel la lumière extérieure pénètre par une ouverture. Cette pièce est meublée avec un lit, un fauteuil, une table, des lampes de chevet, un miroir et des objets quotidiens. Une femme d’environ 40 ans, qui sera la narratrice de chacun des épisodes, vit dans cet espace. Elle dort, mange, s’active à une tâche, s’ennuie, regarde par la fenêtre. Elle est en quelque sorte la conscience qui donne du sens aux images, le cerveau qui interprète ce que l’oeil perçoit. La première épisode, qui traitera de la naissance de la représentation à partir des ombres, installera cette analogie.

En créant une nouvelle façon d’imager l’histoire de l’art, mon intention est que La chambre d’ombres soit un pari artistique autant que pédagogique, transgressant les frontières artificielles entre l’art, le documentaire et la fiction.

Camilo Restrepo