Hervé Coves, Le gyrovague et les permaculteurs

Hervé Coves : Le film

Ce film s’inscrit pour moi dans la continuité de la démarche effectuée avec Jean-Philippe Raymond, fondateur d’Hibou Production, aujourd’hui disparu.

Notre premier film coréalisé, en 1996, avec Serge Nedelec, Itinéraires, choix de vie alternatifs allait à la rencontre des communautés libertaires, fondées dans les années soixante dix, qui mettaient en œuvre des modes de sociétés alternatives, proches de la nature et riches d’espérances.

J’ai gardé des contacts avec ce monde néorural et suivi son évolution, pensant à réaliser la suite de notre documentaire, et à reprendre une trentaine d’années après ces questionnements sur le retour à la terre et les modes de vie alternatifs.

Hervé dans un champ expérimental de seigle.

C’est la rencontre avec Hervé Coves qui a cristallisé ce projet de film, dans la filiation du premier documentaire Itinéraires, choix de vie alternatifs et dans la convergence de thèmes que j’avais abordée dans de précédents films comme la quête spirituelle et la foi chrétienne dans Vagabond de Dieu et Voyage dans la symbolique romane, la relation et la connexion avec la nature dans Yacumaman, l’aventure intérieure, la sagesse des peuples premiers de la forêt dans Haux Haux, retour aux racines du peuple de la forêt.

J’ai été touché par ce personnage étonnant, cet homme de cœur, avec sa voix de conteur, sa joie communicative. J’ai été passionné par l’homme de science, l’intelligence de ses observations sur la nature, sur les interactions du vivant, et par ses talents de pédagogue.

Je souhaite capter par une relation de confiance les multiples aspects qui font la richesse de sa personnalité et réaliser un portrait intimiste dans le même esprit que Henri, mon voisin, le film que j’avais tourné sur mon voisin.

Hervé dans la serre zone-test de Ségur-Le-Chateau.

Je vais évoquer son parcours singulier d’ingénieur agronome, scientifique, qui découvre et suit un itinéraire spirituel puisant sa source dans l’essence de la nature telle que l’appréhendent, pour lui, aussi bien Saint François d’Assise que les peuples premiers de la forêt amazonienne que j’ai filmés.

Par son intermédiaire, je découvre toute une nouvelle génération de néoruraux qui n’est plus dans des choix radicaux de retrait du monde mais bien ancrée dans des expérimentations concrètes de vie avec la nature, de pratique de permaculture et d’agriculture symbiotique.

Je veux montrer ces nouveaux écolieux où se développent le travail en commun, le partage, la gestion coopérative, les circuits courts, la préservation des écosystèmes.

L’objectif de ces « paysculteurs » est de faire revivre des territoires souvent désertifiés et de créer des systèmes agricoles durables.

La permaculture vise à aménager des écosystèmes humains éthiques qui s’intègrent harmonieusement à la nature.

Beaucoup de jeunes permaculteurs ont l’idée de co-construire un monde nouveau qui associerait le meilleur des savoirs de notre monde moderne à la connaissance ancienne des écosystèmes, notamment celle des peuples premiers comme les Indiens Kogis de Colombie.

Rencontre autour de la permaculture à Ségur-Le-Chateau.

Je veux ainsi faire connaître ces expériences d’agroécologie alternatives qui restent encore en marge de l’agriculture moderne et peu considérées. S’il n’existe pour l’instant aucune expérimentation agroécologique digne de ce nom dans les institutions agronomiques de France, les paysans, les scientifiques et les techniciens de l’agriculture prennent de plus en plus conscience de l’urgence à promouvoir une agriculture régénérative face à la dégradation des terres agricoles.

Hervé fait partie de tout un réseau d’experts et de spécialistes de l’agroécologie et de la permaculture, enseignants et formateurs.

Très engagé sur la question du réchauffement climatique, de ses effets sur les écosystèmes et l’adaptation de l’agriculture, il préconise de nombreuses solutions réalistes refusant aussi bien « l’écologie punitive » qui risque de sanctionner les plus fragiles, que le recours aux discours anxiogènes, à l’intimidation, ou aux actions violentes.

En bon scientifique, il professe que la meilleure méthode est encore d’expérimenter, d’analyser les résultats, et d’en transmettre les leçons.

Hervé en conférence sur le réchauffement climatique.