Ceux qui naissaient (titre provisoire)

Aujourd’hui, le corps est surexposé, dévoilé sous ses moindres détails. Son image est omniprésente, une représentation d'un idéal de performance figurée par la jeunesse, la minceur, la force, l'efficience, l'exploit. . .

Bien que l'on trouve naturellement une grande diversité des corps, la pression sur la conformité de ces derniers à cet idéal, qui s'impose comme norme, semble inéluctable.

Quelle est donc la place pour la diversité et le corps déviant ? Pour ce qui est flasque, fripé, gonflé, hirsute, cornu, élagué ? Quel est l'avenir de ces autres dans un monde où ils peuvent être supprimés avant même leur naissance, dans un monde où leur différence peut être effacée dès la minute où ils posent le pied (s'ils en ont un!) sur cette terre ?

Les progrès scientifiques ont en effet permis de mieux connaître le corps, de le soigner, de lisser les anomalies dès leur apparition et donc de l'«améliorer». Bien qu'ils soient en partie encadrés par une éthique laissant encore la place à ces corps autres, quel peut être notre choix face aux possibilités d'amélioration qui s'offrent à nous, dans cette société du «better, faster, stronger»? Sommes-nous encore réellement libres de ce choix ? Et quel sera le devenir de ces principes limitant les progrès scientifiques et leurs applications ?

L'Homme tendrait-il dans sa course sans fin vers un nouveau paradigme : une humanité uniformisée, lissée, boostée, améliorée, tirant dans sa suite ses anormaux à la traîne ? Ces autres qui seraient alors comme une sorte de pré-humanité de laquelle on ne cesserait de s'éloigner, de lointains ancêtres, ou des dieux, vestiges d'un temps passé, raréfiés par les progrès de la science.

Nous voulons interroger cette nouvelle humanité en train d'advenir. Comment naîtrons-nous demain ?

Quels seront nos valeurs, nos principes ? Quels seront nos envies et nos buts à atteindre ? Jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour que le «progrès» puisse continuer encore et toujours ?

Et qu'est-ce que cette quête effrénée raconte de l'Homme, de cet être de plus en plus performant, de cet idéal de chair ? Chair au devenir immortel ?