ÇA TOURNE À SAINT-PIERRE ET MIQUELON

Mon 1er long, Le chien (2009), est un drame psychologique et mon dernier court Jenna (2017) également tourné à Saint-Pierre et Miquelon, un drame familial. Avec Sheila O’Connor, la co-scénariste, nous avions envi d’une histoire pétillante et bienveillante, un peu loufoque, dans la veine d’un Jacques Tati ou même encore Wes Anderson, Aki Kaurismaki…

Si, mais à travers des courts seulement. Le rythme d’une comédie de long métrage nécessite une vraie rigueur, une écriture calibrée, avec des rebondissements qui puissent cueillir le spectateur, c’est un sport de haut niveau (rires).

On ne vient pas à Saint-Pierre et Miquelon par hasard. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Pierre Schoenderfer, l’auteur et réalisateur du mythique Crabe Tambour (1976). J’ai eu la chance de découvrir l’archipel pour le tournage de Jenna, mon dernier court-métrage. Je cherchais un endroit singulier, difficile d’accès et où le mot « communauté » à encore du sens. J’avais aussi besoin pour des raisons scénaristiques d’une proximité avec un pays en avance sur les questions de genre (le Canada). C’est mon producteur, Xavier Fréquant qui m’a fait découvrir l’archipel. Ce fut une révélation. Jenna est un film d’hiver, j’avais très envie d’y tourner en été et de faire découvrir au public ce petit morceau de France en Amérique trop peu connu de la métropole.

Ce fut une aventure exceptionnelle. A plusieurs niveaux. Professionnelle et artistique d’abord parce que nous avons eu la possibilité d’embarquer avec nous des comédiens formidables et une équipe technique de choc composée de techniciens métropolitains, Saint-Pierrais et Canadiens. Une aventure humaine aussi. Les habitants de l’archipel sont des gens pudiques et généreux qui prennent les choses comme elles viennent, un peu comme la météo (rires). Plus sérieusement nous avons eu un accueil incroyable. De nombreuses personnes nous ont aidés en nous prêtant des décors, des véhicules, en participant au tournage comme figurants. Sans eux nous n’y serions jamais arrivé…

Mon cinéma est organique. La poésie dont vous parlez se trouve dans la vie réelle. C’est une question de regard. Ce film est à la fois drôle et poétique en effet. Mon héroïne Céline se voit révéler un secret qui va bouleverser son existence. Elle choisit d’affronter son destin. Cela demande une grande force et une grande sensibilité. J’ai voulu être au plus près de la réalité tout en distillant des séquences oniriques, presque fantastiques. Cela crée un univers décalé propice à la comédie et à la poésie. Ce film est aussi très proche de la nature. Une nature préservée où les éléments jouent leur rôle. A l’image de ce territoire tellement cinématographique.

Nous avons 100% des rushes. Tournés à Saint-Pierre, Miquelon et Langlade notre principal décors. Nous avons aussi la fin du film, tournée à Toronto grâce à notre co-producteur canadien Jason Jallet. Pour le tournage parisien nous avons réussi à convaincre des « guests » . Il nous reste maintenant à financer la post-production et l’achat des droits musicaux. Ça tourne à SPM est un film qui se construit au fur et à mesure. Cela nous permet de rester totalement libre d’un point de vue artistique mais demande une grande énergie. Heureusement je suis entouré d’une équipe formidablement motivée !

Que je puisse terminer ce film comme je l’espère ! C’est-à-dire pouvoir assumer la vision que j’en ai pour accrocher les festivals et lui offrir la plus grande visibilité possible lors de sa sortie en salles !

Céline Mauge s'amuse à jouer ici son propre rôle. C’était un vrai challenge qu’elle a réussi avec brio. Il faut beaucoup de recul sur soi pour pouvoir se mettre en situation dans une fiction. C’était un tournage éprouvant pour Céline car elle passait sans cesse d’un sentiment à l’autre avec un plan de travail très tendu et donc peu de repos. Elle a une énergie incroyable et cela transpire à l’écran. Comme Céline, Jules Sitruk est très pro. Il a déjà une grande expérience ayant commencé le métier très jeune. Jules a adhéré immédiatement à son personnage, Keanu, un ingénieur du son un peu lunaire et farouchement écolo ! Comme nous tous, je crois qu’il est tombé un peu amoureux de l’archipel (rires). Enfin Adèle Lebon dont c’est ici la première apparition au cinéma. Adèle est une artiste multiple. Je l’ai rencontré sur le tournage de Jenna et j’avais très envie de la voir jouer la comédie. J’ai écrit le rôle de la régisseuse en pensant à elle, son côté rock&roll un peu revenu de tout mais toujours prête à assurer ! Et puis on a l’immense chance d’avoir avec nous Philippe Rebbot, Claire Nadeau, Valérie Mairesse, Patrick Bouchitey et Dominique Pinon (pour ne citer qu’eux) qui apportent leur tendresse et folie au projet, ça aussi c’est une sacré aventure.