107 ans de Diastème

Note de l'auteur

Je me souviens avoir écrit ce petit texte en guise de résumé, de quatrième de couverture. Près de quinze années ont passé depuis la publication de 107 ANS aux Editions de l’Olivier, douze depuis son adaptation théâtrale et le monologue que nous avons monté, et tourné pendant trois ans, avec Frédéric Andrau. J’ai beaucoup travaillé depuis, écrit d’autres textes, d’autres pièces, réalisé quelques lms ; pourtant il ne se passe pas une semaine sans que quelqu’un me parle de 107 ANS. Des spectateurs ou des lecteurs. Et c’est sans doute, de tous mes textes, un de ceux qui m’est le plus cher.

C’est un très grand plaisir pour moi, près d’une dizaine d’années plus tard, de savoir que ce texte va revivre au théâtre. Surtout joué par Simon Fraud, un comédien dont je suis le travail depuis longtemps, qui m’a impressionné sur scène à de nombreuses reprises. Je lui prête volontiers mon Simon, et il me tarde, vraiment, de voir ce que lui et sa metteuse en scène, Adrienne, vont en faire. Je leur accorde toute ma confiance, je sais qu’il est entre bonnes mains. »

Diastème

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Note de mise en scène

« Ce qui m’a frappée à la première lecture de 107 ans, c’est l’impression très nette d’entendre la voix de Simon, une voix sans âge et multiple, à la fois le cri d’un jeune homme à vif et un murmure de vieil homme fatigué. Une des richesses de ce texte, selon moi, réside dans les allers- retours constants entre une description très vive, sensible et immédiate de cette douleur qui brûle tout sur son passage à l’adolescence et la posture plus distancée, lucide et tendre de l’adulte qui revient sur son premier chagrin d’amour.

C’est cette tension que nous souhaitons explorer dans notre spectacle: une tentative pour raconter ce qui nous a presque tué, le revivre mais en restant toujours au bord de l’abîme, de peur de ne pas pouvoir continuer à parler. Évoquer le malaise, la sou rance, la ranimer parfois, s’y abîmer un peu, puis en ressortir, vite. Jouer avec le danger.

La pièce est construite comme un voyage à travers les souvenirs de Simon, un trajet qu’il accomplit pour comprendre, pour revivre cette histoire d’amour qui l’a façonné. Nous voulons que chaque représentation soit le moment de ce processus, et que les spectateurs en soient la condition. Il faut que ces mots soient dits devant les autres pour qu’ils cessent de tourner en rond dans la tête de Simon.

Sur le plateau, une sorte de “machine à se souvenir”, la mobylette rescapée de la fugue de Simon équipée d’un sampleur qui lui permettra de convoquer les voix qui peuplent sa mémoire. Celle de Lucie, évidemment; mais également celles de son père, de Walter son psy, de la gamine... Nous voulons que le dispositif scénique permette au personnage de se replonger de manière sensible dans son passé et de dialoguer avec les gures qui l,’habitent. Il s’agit de s’approcher, grâce aux moyens du théâtre, du mécanisme à l’oeuvre dans le texte: lever le voile sur un épisode, le dire pour lui redonner vie, voir s’il fait “encore mal”, puis décider de s’y plonger ou au contraire de le fuir, vite, grâce à l’humour ou à la digression. »

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Note du comédien

« Choisir d’interpréter le texte de Diastème 107 ans, c’est avant tout choisir l’inconnu, c’est être à l’écoute d’un désir spontané et organique, de ma curiosité toujours enfantine mais salvatrice, et me lancer dans une nouvelle aventure où de nombreux repères qui se voulaient rassurants ne le seront plus. C’est me retrouver face à mes responsabilités en osant accéder à de nouveaux espaces que le métier de comédien propose et que je n’avais jusqu’à présent contemplé qu’avec mon oeil de spectateur. Incarner Simon, qui est le protagoniste de cette histoire, c’est - j’en suis convaincu - faire grandir le Simon que je suis, à la scène comme à la vie. Lui a seize ans, moi j’en ai trente. C’est aussi, sans doute, un bel hommage que je peux rendre à l’adolescent que j’étais et que j’ai peut-être parfois du mal à quitter, à ses espoirs, sa volonté, à sa solitude, ses blessures, ses amours .

Mais plus que de rendre hommage à cet adolescent là, c’est bien à l’adolescence en général et en particulier que j’aimerais entonner cet hymne à l’amour qu’est 107 ans.
Si je désire me confronter aujourd’hui à cette nouvelle aventure artistique, c’est parce que j’ai été jusqu’ici un comédien de troupe. Toutes les pièces de théâtres dans lesquelles j’ai joué et les compagnies avec lesquelles j’ai collaboré, toutes ces expériences étaient le fruit d’un travail collectif. Jouer a toujours été pour moi synonyme d’équipe, de distribution, de partenaires, d’amitié, d’échanges, de soutiens, de tensions évidemment mais le plus souvent et heureusement de bienveillance. »