SAINT-MARTIN

Pitch : 

Clément, jeune comédien à la peine, part s’isoler à la campagne pour écrire un film qui, il espère, lancera sa carrière. Louis, son ami comédien ayant depuis renoncé à ce métier, va se laisser embarquer dans cette quête d’inspiration qui semble sans fin.

Note artistique :

L’idée de ce film résulte d’un processus de réflexion assez long, et de plusieurs échecs préalables dans ma propre quête du scénario parfait.

Être acteur, c’est dépendre uniquement du désir des autres. Ce désir doit se provoquer, il n’apparaît pas par magie, certes, mais il réside une part de subjectivité et de hasard qu’il est indispensable d’accepter sans quoi on peut rapidement désespérer et se remettre en question.

L’idée maîtresse qu’il était important de traiter était celle de la solitude ; à la fois au sens propre du terme, mais au sens artistique également. Sans être seul dans la vie on peut tout à fait se sentir seul dans son échec lorsqu’on observe la réussite des gens autour. C’est ce sentiment qu’il me semblait intéressant à filmer car c’est lui qui peut nous pousser vers l’écriture.

Écrit-t-on parce qu’on a quelque chose à dire ou parce qu’on a envie d’écrire ? C’est là toute la subtilité de la question que je souhaite explorer dans mon film. Lorsqu’on écrit sans but précis sauf l’écriture elle-même, est-il possible de trouver un sujet qui nous anime vraiment ou est-on enfermé dans une recherche sans fin ? A force de chercher un point à l’horizon, on en vient à oublier que ce dernier est peut-être sous nos yeux depuis le début.

« D'un oeil, observer le monde extérieur, de l'autre regarder au fond de soi-même. » (Modigliani). Je pense que le propos du film réside dans cette phrase. On ne peut avancer sans faire les deux en même temps.

Il est intéressant d’associer les personnages de Clément et Louis qui d’apparence n’ont pas grand-chose en commun. Louis est plus âgé, silencieux et surtout résigné. Il n’a plus foi en son avenir et se contente d’un petit job et d’une collocation en proche banlieue. Clément quant à lui a encore des rêves plein la tête. S’il est toujours motivé et jovial en apparence, c’est un esprit torturé qui comble les vides par des mots, de peur de subir le vide du silence. Mettre ces personnages en opposition nous offre différents points de vue sur un même ressenti, le vide artistique.

Le personnage de Gab quant à lui est insouciant mais lucide, il nous touche parce qu’il est la personne la plus vraie, sans filtre, généreux et innocent. La vie, il la subit mais avec le sourire. Il est simple et honnête, mais n’en reste pas moins complexe, car même s’il est niais et semble insensible à la méchanceté du monde, il la ressent, plus que quiconque.

Pour qu’on accompagne Clément et Louis dans leur recherche du scénario idéal, il fallait des paysages inspirants tout en quittant le bruit de la ville, pour que le silence soit l’écho de leur réflexion. La Bourgogne m’a paru comme une évidence, non seulement car il me tenait à cœur de montrer les sublimes paysages français, mais aussi car le village de mon enfance dans lequel j’ai de nombreux souvenirs me paraissait le lieu idéal pour offrir cette inspiration qui manquait à nos protagonistes.

Le choix de tourner en pellicule a été assez rapide, afin d’illustrer le bouillonnement intérieur et les idées qui fusent des personnages. De même, la granularité de la pellicule est intéressante pour illustrer de manière presque « impressionniste » le mouvement et les couleurs des paysages environnants, toujours en émulsion, à l’instar des personnages.

Afin que le spectateur s’identifie au personnage, il convient également de filmer en caméra épaule avec de nombreux plans resserrés pour ressentir les émotions de nos protagonistes.

Tourner un maximum à la lumière naturelle est également l’un des points forts du film, qui se veut le plus proches possible des pensées de nos personnages, pour que nos sectateurs puissent voir, mais aussi s’émouvoir devant eux.

Enfin, le temps est un thème indispensable à traiter en ce qu’il accentuera notre proximité vis-à-vis du protagoniste. Ainsi, un montage du film en désordre alternant passé et présent offrira au spectateur un voyage direct dans les pensées de Clément.