Pas comme ça

" PAS COMME CA"

"Pas comme ça" est une pièce de théâtre écrite et mise en scène par Mélissa Leray.

Après l'écriture des premières lignes en 2016, nous avons commencé les temps de créations en Septembre 2017 puis un an plus tard, avec une nouvelle équipe, nous avons poursuivi la création (en Septembre 2018 ainsi qu'en Janvier 2019).

En Mars 2019 nous serons de nouveau en création, à l'issue de cette résidence, nous proposerons un temps d'ouverture au public à la Fabrique de Chantenay à Nantes.

C'est un projet de longue haleine mais nécessaire tant le besoin/ la nécessité de prendre la parole est grande, pour les femmes.

Grâce à #metoo, depuis 2 ans, nous avons enfin un espace d'expressions, un espace dans lequel nous ne serons pas simplement écoutées mais entendues! Les témoignages des victimes de violences ne doivent plus seulement appartenir aux associations et féministes qui oeuvrent pour leur défense mais à toute une société qui a laissé ces violences s'ancrer, et gangréner les inégalités et violences. Chacun.e doit se saisir de ces témoignages afin que plus aucune femme ne meurt sous les coups de son conjoint, se suicide à cause de violences psychologiques, soit violée, soit victime de harcèlement.

Il est urgent de faire la lumière sur toutes les violences subies quotidiennement par des millions de femmes, écrire ce texte a été pour moi une façon de prendre part à la lutte contre les violences faites aux femmes. Nous avons cette chance, en tant qu'artistes, de se faire la voix de celles et ceux qui ne peuvent que se taire.

C'est sur le plateau que nous décidons de leur donner la voix et vous pouvez nous aider à faire entendre ces violences!

Un jour, elle retrouve la mémoire.

Des années auprès d’un homme maltraitant resurgissent.

Tout est là, la douleur, l’incompréhension et l’envie d’expulser tous les traumatismes.

Par le récit de son histoire elle espère alors combattre les souvenirs de son passé.

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La violence faite au femmes a plusieurs traits: des coups au harcèlement, des remarques sexistes à la violence des mots, en France, chaque jour, elles sont des milliers à recevoir ces formes d’oppressions.

Comment ne pas ressentir le besoin de s’emparer de ces sujets quand on est une femme? Avec ce projet j’ai décidé de prendre la parole pour dénoncer les violences conjugales psychologiques. Car si le cas de la violence conjugale physique est régulièrement évoqué dans les médias (Plus de 20 féminicides depuis le 1er Janvier 2019), la prévention (spots publicitaires) et sous de nombreuses formes artistiques (la danse, le théâtre, la littérature et le cinéma), celui de la violence conjugale psychologique peine encore à être dénoncé et exprimé. Non pas par manque de volonté mais par méconnaissance de toutes les facettes de cette torture morale et quotidienne. Encore trop d’individu.e.s pensent que si il n’y a pas de coups, il n’y a pas de violence.

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.Il est très difficile pour une victime de fuir cette situation; tous les milieux socio-professionnels sont touchés, il n’y a pas de profil type de ces victimes.

J’ai pu le constater autour de moi et c’est ce qui m’a poussé à écrire cette pièce. Un grand nombre de femmes de mon entourage a vécu ces violences. A des degrés différents mais avec à chaque fois le même schéma qui se répète.

Peut-être ne sommes nous pas assez sensibilisé.e.s à ces violences?

La violence psychologique remplace petit à petit la violence physique qui n’est plus tolérée de nos jours, alors comment se fait-il que rien ne nous prépare à ces ravages? Car, au delà du cercle conjugal, la violence psychologique touche aussi le milieu professionnel, la famille et même le cercle amical. Elle crée de grands traumatismes sur des femmes comme sur des hommes.

Comment repérer les signes de cette violence invisible et parvenir à aider des victimes souvent en très grand danger?

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Aujourd’hui je saisis les mots parce que la parole est le remède à cette violence.

En parallèle de l’écriture de “Pas comme ça”, j’ai réalisé un court-métrage ,“ LOV(I)”, sur le viol conjugal et le nombre de personnes qui n’avaient jamais entendu parler de cette violence était effarant. J’ai pris conscience qu’en tant qu’artiste, il est de notre responsabilité de rendre visible l’invisible, de se faire la voix de celles et ceux qui ne peuvent pas crier à l’aide.

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Ici, le théâtre permettra de mettre en lumière un personnage sadique et manipulateur et une femme sous son emprise. On cherche à montrer qu’on est toujours à la limite de supportable, face à une violence insidieuse dans laquelle les victimes se perdent, entre culpabilité, honte, amour et haine. Mais aussi, comment une présence bienveillante et la force d’un amour peut nous aider à guérir.

3 personnages sur le plateau, lui, elle et son passé, nous aideront à comprendre les mécanismes de cette violence, comment elle s’installe, comment elle grandit et comment on s’en échappe pour mieux se reconstruire.

A l’aide de la vidéo, on plongera dans les souvenirs de la victime, entre hallucinations, flash-back et rêves.

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Elle

Elle se réveille à l’hôpital, choquée, le médecin lui déclare alors que sa mémoire est dissociée.

Après avoir subi des violences pendant de nombreuses années elle oublia tout. Comment et pourquoi? Comment notre corps nous protège de ces grandes violences? Qu’est ce qui déclenche ce moyen de défense?

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Par la parole, elle va exorciser ses souvenirs et tenter de les maîtriser pour pouvoir avancer.

Avec elle nous revivrons la violence et traverserons les états psychologiques et les questionnements qui accompagnent les victimes.

La torture psychologique fait des victimes des êtres en contradiction avec eux-même, avec leurs valeurs et leurs principes.

Elle nous montre ça, qu’on est toujours à la limite du supportable, qu’un esprit manipulé peut subir de nombreuses choses et se convaincre qu’il est consentant ou qu’il mérite cette violence. Elle développe alors une anesthésie émotionnelle pour pouvoir supporter les évènements qu’elle subit.

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La Mémoire Traumatique

Ce n’est que vers la fin de l’écriture que l’idée d’aborder la mémoire traumatique est venue.

Il était très intéressant d’aborder la violence conjugale à travers ce prisme, cela nous permet de mesurer les dégâts psychologiques causés par la violence psychologique et/ou physique.

Certaines victimes souffrent de troubles dissociatifs, de troubles de la conscience ou encore d’amnésie psychogène, comme le personnage principal.

Face à de grandes violences, face à l’insupportable, le corps nous protège en développant ces moyens de défense qui nous permettent de survivre psychologiquement face à des situations trop extrêmes. La plupart des victimes souffrant de cette mémoire traumatisée ont vécu des sévices sexuels dans leur enfance, des viols, des agressions très violentes et certaines, des violences conjugales.

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Et parfois la mémoire revient, ainsi, au cour de leur reconstruction, si les victimes sont confrontées à un fait, un objet, une situation similaire ou rappelant leur traumatisme elles vont traverser un moment d’hypermnésie et revivre des scènes traumatisantes - on appelle ça reminiscence- sous forme de flash-back, de sensations, de crises d’angoisse, de paralysie voir même d’hallucinations.

C’est ce que le personnage devra traverser durant son récit et ce sont ces souvenirs violents qu’elle devra affronter.Le support vidéo nous permettra d’apporter un témoignage visuel et sensitif de ce que vit la victime car parfois les mots sont insuffisants pour exprimer ces sensations.

EXTRAIT:

"Mon téléphone a sonné, j’avais reçu un message.

C’était lui...

Une vague se forme en moi elle naît dans mon pubis dont chaque poil se dresse elle grossit grossit et se répand dans tout mon corps en passant lentement par mon estomac; la vague est si violente que je manque de vomir tout ce que j’ai ingurgité sur mes draps, elle passe sous mes côtes en me coupant la respiration j’attrape ma gorge les yeux écarquillés prêts à exploser ma mâchoire tombe et mes mains se mettent à trembler mon coeur mon coeur s’emballe il veut sortir d’ici sortir de ma poitrine et j’ai l’impression qu’il va y arriver.

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Tout ce que j’avais hâte de retrouver et de posséder s’est envolé.

Mes jambes sont lourdes et je tombe.

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Il vient de tout balayer, il a repris sa place. En une seconde.

Son message dit “je veux te voir, trop dur sans toi, je t’aime “

Je réponds “ viens “ sans même y réfléchir, mes doigts pianotent seuls sur l’écran de mon téléphone. Je trouve la force de me relever et inlassablement je répète :” Non, pourquoi tu as fais ça non non non non !!? “

Je venais d’avoir la réponse que j’attendais depuis des mois.

Dans ma tête il y a 1000 voix qui s’élèvent, toutes crient “n’y va pas!”

Je veux le voir, le sentir, respirer son odeur. Mon corps a tout ça en mémoire, il en veut d’autre.

Le type avait su comment faire de lui une drogue. J’étais en état de manque.

Je détestais l’aimer, je le haïssais de provoquer ça chez moi. Je me dégoûtais d’avoir si peu d’estime pour moi même. J’étais seule, seule face à de la haine, à de l’amour aveugle, à un corps désarticulé dans les mains d’un être dangereux.

Quelques minutes plus tard il a sonné, je ne sais pas comment je réussi à ouvrir la porte, je ne m’en souviens pas.

Je revois son visage, et je ressens encore la sensation de la nausée. Oui c’est ça. Je sens l’odeur et je veux vomir."

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*Photos réalisées par Lucile Jousmet