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UN PETIT BOUT JUSTE POUR GOÛTER. 

ELLE. — J’ai l’impression que vous jouez avec moi.

LUI. — Mais jouons ensemble. Je ne demande pas mieux.

ELLE. — J’ai passé l’âge de jouer.

LUI. — C’est exactement ce que je me suis dit en vous voyant assise là.

ELLE, piquée. — Que j’avais passé l’âge de jouer ?

LUI. — Non. Que vous deviez être le genre de personne à penser que vous aviez passé l’âge de jouer.

ELLE. — Très bien. Et si je n’avais pas passé l’âge de jouer, à quoi voudriez-vous que nous jouions ?

LUI. — Vous avez remarqué ?

ELLE. — Quoi ?

LUI. — Nous avons déjà commencé à jouer. Là. Nous jouons au jeu du "Et si on se disait que". (Elle a un vrai sourire, pour la première fois, qu'elle réfrène vite)  C’est un premier jeu. Ce n’est pas le plus passionnant que je connaisse, mais c’est un début.

QUI SOMMES NOUS ? 

L'Envol des Enclumes est une très très jeune compagnie, fondée il y a quelques mois et qui a pour but de travailler autour de thématiques et de problématiques actuelles à partir d'écritures contemporaines, voir vivantes (car oui, à l'heure où nous écrivons ces lignes, notre auteur se porte encore très bien). C’est autour de « L’aéroport » qu’elle s’est cristallisée.

Mais si L'Envol des Enclumes est encore dans sa première année, nous ne manquons pas d’expériences. Avec plus de vingt ans de théâtre cumulés – en tant qu’auteurs, metteurs en scène et comédiens – Philippe Beheydt a la chance d'être entouré de professionnels aguerris, avec qui il a déjà travaillé, et qui nous font confiance, nous soutiennent et nous aident passionnément.  

En lançant L'Envol des Enclumes et sa première création, c'est un peu comme si nous repartions de zéro. C'est à la fois très excitant, comme une première fois, et tout aussi terrifiant ; un peu comme cette histoire d'amour que nos deux personnages de L'aéroport vivront comme deux ados. Si tous les deux se retrouveront seuls face à cette nouvelle histoire, nous savons que nous allons pouvoir compter sur vous pour nous aider et nous soutenir. Car oui, nous avons besoin de vous afin que cette aventure soit la plus belle possible et le démarrage d'un vol d'enclumes, le plus haut et le plus long possible.

L'Envol des Enclumes, la légèreté des mots, le poids des propos.

L'AÉROPORT, LE CONCEPT.

1. Jetez une tempête de neige sur un aéroport au fin fond des États-Unis. Clouez tous les avions au sol jusqu'à nouvel ordre.

2. Dans une salle d'attente, posez une femme et un homme qui ne se connaissent pas. 

3. Faites naître chez lui un désir irrésistible de converser et chez elle un besoin viscéral de distance et de silence.

4. Entourez-les de valises. Au sens propre, comme au figuré.

5. Glissez, en chacun, blessures profondes et fêlures cachées

6. Ajoutez des joutes verbales à fleurets mouchetés, une pincée d'esprit de part et d'autre, de vrais moments de séduction, d'intimité et de confession.

7. Laissez monter en température durant 1H15.

8. Vous obtiendrez alors l'histoire d'amour la plus belle, la plus courte et la plus intense qui soit. Celle que vous rêvez peut-être de vivre un jour. Qu'importe le prix à payer. 

CE QUE LES PREMIERS LECTEURS ONT DIT DU TEXTE.

C'est vraiment très beau. Je suis très émue, très touchée. Les plus belles histoires d'amour sont parfois celles qui ne peuvent pas s'inscrire dans le temps. Marion C.

J'ai lu, et j'ai aimé. Comme un instant suspendu dans le temps. Ça donne une envie folle de parler à des inconnus. Ça donne une envie folle de vivre, là, tout de suite, maintenant, à 1000%, sans se soucier du qu'en dira-t-on ou des conséquences. Aussi dangereux qu'excitant, finalement. Chloé F.

J'ai lu en un souffle. Quel beau texte! J’ai traversé beaucoup d’émotions. Je vous remercie sincèrement pour ce moment.  Darina M.

J'ai commencé à lire. Je n'ai pas pu m'arrêter. Cette rencontre entre deux âmes blessées qui, au fil de l'histoire, se cachent, se révèlent, s'apprivoisent, se rejettent, s'amusent, s'échappent... Quelle belle histoire d'amour !  Isabelle R.

Je viens de finir la pièce. J'ai adoré ! Quel joli texte, quelle belle hisgtoire d'amour et quelle plume ! Taos S.

Je viens de finir de lire votre texte… J’en ressors très émue. C’est très beau ce moment suspendu entre eux deux, il y a une grande délicatesse dans votre écriture. Laura F. 

Je viens lire votre pièce d'une traite, et je suis en larmes. C'est tout simplement magnifique, juste, tendre, drôle, poignant... La mise à nu si pudique et délicate de vos deux personnages est si attachante qu'on aurait envie de rester avec eux dans cet aéroport encore longtemps, dans le même état qu'eux, suspendu sur un fil vertigineux, hors du temps... Le rythme est si bien mené, on est captivé de bout en bout, sans jamais tomber dans la romance attendue... Un de mes films préféré est Lost in translation de Sofia Coppola, et j'ai trouvé le même frisson et la même pudeur en lisant votre pièce. Marjolie C.

NOTES D'INTENTION.

Une histoire universelle ?

Nous avons tous au moins une histoire d’amour que nous n’oublierons jamais. Qu’elle ait été belle ou douloureuse, cachée au plus profond de nous-même ou portée en étendard, elle nous a changé à jamais. L'aéroport raconte une de ces histoires.

Bien sûr, celle-ci pourrait paraître banale. « Alors c’est une femme qui rencontre un homme. Enfin non, c’est un homme qui rencontre une femme. Enfin, ils se rencontrent quoi. Et heu... Leur histoire va être figée à jamais... Un peu comme Roméo et Juliette, tu vois... ». Mais cette histoire d’amour est à la fois unique et universelle. Unique parce qu’elle n’appartiendra qu’à eux et à jamais, et universelle car nous y retrouverons tous des petits bouts de notre propre histoire. Et c’est cela qui nous touchera.

Un voyage immobile dans un lieu de passage.

Les gares, les aéroports, sont des lieux incroyables. Si le cinéma les a si souvent filmés, c’est pour leur force dramaturgique intense. Territoire où l’on se retrouve, où l’on se quitte, où l'on ne fait que passer sans laisser de traces. Et ce n’est pas Mehran Karimi Nasseri – qui a vécu 18 ans dans le terminal 1 de l’aéroport Charles de Gaule à l'origine de « Tombés du ciel » de Philippe Lioret et de « Le terminal » de Spielberg – qui vous dira le contraire.

Ces lieux m’ont toujours inspiré, mais il fallait d’abord les figer dans une attente propice aux développements dramaturgiques et poétiques. « Le Quai » (Éditions Théâtre en Poche) se déroule sur un quai de gare où trois personnages attendent un train qui n’arrive pas. « Le banc » se passe sur un quai de métro désaffecté où une femme attend son amoureux qui lui a promis – il y a si longtemps – qu’il viendrait la chercher par le dernier métro. Et puis aujourd’hui L’aéroport. J’aime ces endroits impersonnels, de circulations et de voyages où nous ne sommes pas censés nous immobiliser. Je prends toujours plaisir à imaginer ce qui se passerait si le temps s’arrêtait et que nous étions obligés de prendre celui de nous parler réellement ?

Si L'aéroport se déroule donc dans une salle d’attente, cela ne veut pas dire qu’on ne décollera pas. Nos deux personnages proposent ici un voyage en «intimité», ce pays magique et mystérieux où les rencontres se font et se défont, où tout est possible y compris les empêchements et les barrières que l’on met soi-même à notre propre bonheur. Un pays que nous avons tous visité mais que nous connaissons pourtant si mal. À travers les failles et les fêlures de nos deux personnages, nous vous proposons de découvrir la naissance, la vie et la fin d’un amour à jamais éternel. Et tout ça en une seule nuit imaginaire et en un seul spectacle

Une comédie romantique glissant doucement vers ailleurs.

L'aéroport débute comme une comédie romantique, un marivaudage moderne où chacun avancera ses pièces dans une partie d’échec sentimentale. Si au point de départ, il l’envisage comme prochain trophée, la jeune femme ne l’entend pas de cette oreille : elle n’a aucune envie de se faire draguer au fin fond des États-Unis par un homme qu’elle ne connait pas. À moins qu’il ne soit drôle – souvent à ses dépens – charmant – sans trop en avoir conscience – et terriblement maladroit lorsqu’il est touché. Quand « la proie », de moins en moins farouche, bouscule le chasseur, le perturbe, le chamboule, les rôles s’inversent jusqu’à disparaitre complètement. Derrière les rôles et les postures, un homme et une femme vont se reconnaitre enfin. Pleinement.

L'aéroport dévie alors et se transforme en une plongée dans la sincérité la plus profonde, dans une relation vraie, tellement loin de celles qu’ils vivent chacun. Car, sous des apparences de parfaite normalité, tous deux sont figés – comme des lapins dans les phares d'une voiture – face à un moment charnière de leurs vies. Lui, célibataire, brisé par une histoire passée, tente de passer la « fameuse » crise de la quarantaine à coup d’histoires sans lendemain, alors qu’elle est tombée dans le piège si banal : jeune maman, mariée mais plus amoureuse, elle partage sa vie entre son fils et un boulot chronophage. Elle a fini par laisser disparaitre la femme qu’elle était ; autant aux yeux de son mari qu’aux siens.

Tous deux ont beau ne jamais s’arrêter de courir, de communiquer, de faire semblant de vivre le plus intensément possible, ils sont en réalité seuls. Et ils le savent : le monde est peuplé de milliards de gens seuls, les uns à côté des autres. Mais cette nuit va leur permettre de goûter à nouveau à ces moments des premiers amours où tout était beau, fort, possible et insouciant. À ces moments où il n’y avait rien de plus important que de s’aimer sur un banc.

Un amour sacré. Un amour sacralisé.

Comment expliquer que Juliette Capulet reçoit près de cinq mille lettres par an, chez elle, à Vérone ? Comment expliquer que cette adolescente de quatorze ans, tombée un soir amoureuse d’un Roméo pas bien plus âgé qu’elle, est depuis 1597 l’héroîne éternelle de l’amour absolu ? Nous savons tous, si nous sommes un tant soit peu honnête, que s’ils avaient vécu assez longtemps, tous deux auraient sans doute connus d’autres histoires d’amour. À leur âge, quoi de plus normal. Mais si leur mythique histoire d’amour nous fait encore rêver, c’est qu’elle a été figée pour l’éternité par une mort aussi tragique que théâtrale.

Alors que le jour se lève et que la bulle qu’ils ont créée explose, piquée par l’annonce fatidique d’un embarquement, chacun se retrouve rattrapé par sa réalité. Mais si pour elle, la possibilité d’un nouvel amour, plus fort, plus beau, plus intense, redonne vie et fraicheur à la fleur qui se fanait, lui prend peur. Et c’est là, que nous glisserons vers la tragédie. Celle de ceux qui, par peur incontrôlable, préfèrent couler eux-mêmes leur propre barque que de risquer de se retrouver un jour plantés dans les rochers. Touché en plein cœur par un carreau acéré et empoisonné, la seule fois où il a baissé la garde, il sait qu’il ne survivrait pas à une nouvelle trahison. Seule solution, suivre le cruel principe de la « dictature des justes » et décider seul, pour leur soi-disant bien à tous deux, de préserver cet amour intact. Aucun prénom, aucun numéro de téléphone, rien pour qu’ils puissent se revoir ou se retrouver. Cet amour deviendra alors sacré. Un amour figé dans le temps, qu’aucun d’eux ne pourra abîmer.

SPÉCTACLES PRÉCÉDENTS DE PHILIPPE BEHEYDT. 

Voir dans l'onglet Inspiration.