Diriger c'est jouer !

trois questions à...

François-Frédéric GUY et Aurélien DUMONT

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Comment est née l’idée de cette commande ?

François-Frédéric Guy // De manière très inhabituelle et audacieuse ! Une double rencontre en est à l’origine : d’une part, celle avec l’Orchestre de chambre de Paris, avec lequel je développe une relation musicale singulière de pianiste, pianiste-chef et chef d’orchestre ; d’autre part, celle avec le compositeur Aurélien Dumont, dont j’ai créé l’œuvre pour piano Other Pages en 2016, commentaire subliminal, subtil et original des Bagatelles opus 126 de Beethoven. De ces rencontres m’est venue l’idée un peu folle de commander à Aurélien une œuvre concertante que je pourrais diriger du piano comme je le fais avec l’Orchestre de chambre de Paris et les concertos de Mozart ou Brahms, renouant ainsi avec la tradition de ces compositeurs-pianistes qui donnaient leurs propres concertos en joué-dirigé.

Aurélien Dumont // Il est, dans la vie d’un artiste, des rencontres particulièrement marquantes. Encore étudiant en composition au Conservatoire de Paris, je découvre, admiratif et stupéfait, François- Frédéric Guy dans un programme Hugues Dufourt au Festival d’automne puis, un peu plus tard, dans l’intégrale des sonates de Beethoven à la Cité de la musique. Deux souvenirs inoubliables, réactivés en 2016 lors de ma résidence à la Scène nationale de Quimper, où m’a été donnée l’occasion d’écrire pour lui un petit cycle de bagatelles s’insérant dans l’opus 126 de Beethoven. La rencontre humaine alla bien au-delà de ce que j’avais pu espérer, et l’interprétation de mes Other Pages fut magistrale. Aujourd’hui, nous développons notre collaboration en travaillant à la composition d’une œuvre plus conséquente. La forme particulière du concerto dirigé par le soliste nous est apparue la plus originale et la plus stimulante. Elle s’insère au sein des expériences que François-Frédéric mène avec l’Orchestre de chambre de Paris depuis plusieurs années et dans le prolongement de mon concertino pour piano et orchestre Slide-Listening, créé en 2016 dans le cadre de la finale du concours international Piano Campus de Pontoise.

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Quelle idée artistique poursuivez-vous avec cette création musicale ?

F.-F. G. // Il s’agit pour moi de combiner la subtilité d’écriture d’Aurélien, qui m’avait fortement impressionnée dans Other Pages, et la forme concertante, le dialogue, la virtuosité et la liberté de ton qui caractérisent le concerto de l’époque classique. Tout cela sans oublier le style musical d’Aurélien et ses « OEM » (Objets Esthétiquement Modifiés), et en pouvant diriger cette pièce directement du piano, et inviter ainsi les musiciens de l’Orchestre de chambre de Paris à un dialogue chambriste et concertant tout à la fois.

A. D. // Ma démarche d’écriture, par ce concept des « OEM », explore la musique du passé en créant des espaces musicaux inattendus entre langage contemporain et réminiscences tonales. Ces espaces s’inscrivent ici dans une volonté de réinstaurer la tradition du concerto dirigé par le soliste, perdue depuis et par le romantisme. Cette œuvre sera écrite sur mesure pour François-Frédéric. Son discours musical ne s’établira pas exclusivement dans le développement d’un rapport classique de confrontation ou de dialogue, propre à la synthèse tonale, mais plutôt dans une volonté assumée et structurelle d’orchestrer, avec des techniques contemporaines et ludiques, le propos du soliste. La forme concertante devient ainsi un laboratoire de timbres, qui tend à l’élaboration d’un piano augmenté par l’orchestre. L’auditeur pourra se perdre à l’envi dans un réseau complexe géré en temps réel par le pianiste, où se confronteront références au passé et objets trouvés, traits virtuoses et expérimentations, gestes de soliste et de chef d’orchestre.

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Que souhaitez-vous dire au public qui a la possibilité de contribuer à la naissance de cette œuvre ?

F.-F. G. // J’ai envie de partager cette aventure avec vous, le public, au travers d’une commande participative. En tant qu’artiste, j’ai toujours soutenu la création musicale, ayant moi-même créé plusieurs œuvres de compositeurs parmi lesquels on compte Hugues Dufourt, Christian Lauba, Bruno Mantovani, Marc Monnet, Tristan Murail, Gérard Pesson, Éric Tanguy et, bien entendu, Aurélien Dumont. Je vous propose de participer directement, par un don, à cette future œuvre concertante. Vous pourrez ainsi nous aider à réaliser ce magnifique projet, assister à la naissance, à la préparation ainsi qu’à la création de l’œuvre de manière privilégiée et exclusive.