Au Dessus de Nous

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NOTE D'INTENTION

Inspirée de l'œuvre d' Howard P. Lovecraft, Au Dessus de Nous est une série qui projette le spectateur dans un thriller fantastique où de très anciennes divinités sont endormies sous terre et attendent leurs réveils signifiant la fin de l’humanité. Une secte appelée “Le Culte de la Pluie” débute un rituel sacrificiel afin de réveiller Yoktholoth, ancien dieu des éléments. Cela a pour conséquence de déclencher une pluie torrentielle sur le pays.

Frank Meyer, un célèbre inspecteur en fin de carrière est chargé d’enquêter sur une série de meurtres mystérieux et occultes impliquant la secte. Il est accompagné par Marie Rivière, une jeune inspectrice à qui il apprend le métier.

La pluie constante, les catastrophes naturelles qui se succèdent et les meurtres macabres symbolisent une force supérieure pesant sur les personnages annonçant leur fin inévitable. Rappelant également le titre de la série.

La mort est tout autour de nous, certain l’associe au hasard, je la lie au destin. Nos personnages sont tous liés par un avenir funeste, et si rien n’est dû au hasard, alors tout est tracé d’avance. A l’image du rituel de la secte, les actions des personnages prennent place dans un engrenage calculé duquel ils ne pourront pas s’échapper.

Pour réveiller l’ancien, les cultistes doivent sacrifier cinq personnes, le premier est un membre de la secte lui-même. Les autres cibles sont choisies pour leur position familiale, leurs liens héréditaires ainsi que pour la symbolique de leur mort. Ces sacrifices font écho à nos protagonistes. La mort de Nathalie Germain (la morte de la salle de bain / episode 1) renvoie directement à la mort de la femme de Frank, Lucie, décédée 17 ans plus tôt. Sa photo retrouvée sur la scène de crime dans le pilote sera également l’élément déclencheur et un indice (réf épisode 3) qui éveillera l’intérêt de Frank sur le meurtre. Le 4ème sacrifice (episode 4), quant à lui, visera le bébé et la femme de Marie, évoqués dès le premier épisode.

La série elle-même s’ouvre sur une séquence sonore donnant implicitement toutes les clées au spectateur pour comprendre le lien de la secte avec Frank par sa femme Lucie mais annonce également le réveil de Yoktholoth par les cris d’une femme (qui s’avéreront être ceux de Lucie) qui se transforment en un inquiétant grondement sous-marin.

La dernière pièce du puzzle quant à elle est le sacrifice de Frank lors du climax final qui par son geste, sauve la vie de Marie. Il sauve spirituellement sa femme, à travers Marie et obtient une sorte de salut, de redemption. Frank condamne en réalité le monde et accomplit le 5ème sacrifice de la secte (épisode 5), lorsque Frank meurt, il emporte l’humanité avec lui.

Dans cet univers fantastique, les personnages sont comme condamnés à perpétuer les erreurs du passé. Frank est un inspecteur reconnu et respecté pour son expérience et son intelligence. Cependant, son implication dans son travail lui a coûté, par le passé, la vie de sa femme Lucie. Elle mourra d’une crise d'épilepsie alors que Frank travaillait sur une enquête après ses heures de services. Depuis cet événement, Frank transporte sa cicatrice et sa culpabilité symbolisées par sa canne.

Après avoir rencontré Hannah, l’épouse de Marie, et s’être rapproché de leur foyer, Frank se retrouve rattaché pour la première fois depuis 17 ans à quelqu’un, à une famille. Il incarnera ici le rôle du mentor mais également une figure paternelle pour Marie. Il veillera à ce qu’elle ne reproduise pas les mêmes erreurs que lui. En vain.

Frank s’apprête à partir à la retraite, il prépare donc sa succession. Le spectateur ressentira dans la relation Frank / Marie toute la responsabilité d’un héritage et d’une succession car elle est amenée à devenir la future inspectrice. Ayant perdu mon père il y a peu, ce sont des thèmes que je souhaite aborder afin d’en montrer le poids et les responsabilités.

Cette dimension d’héritage éclabousse également la secte, dirigée par une héritière de celle-ci, Magdalena Grenne. Elle apparaît pour la première fois sous les traits d’une amie dans l'épisode 2.

L’esthétique du pilote d’Au Dessus de Nous est caractérisée par sa scène de crime servant de scène d’exposition, aux couleurs froides, fourmillantes de détails. Je cherche par cela à donner de la texture à l’image et à en faire ressortir le caractère graphique et la violence du meurtre.

A la manière de The Strangers de Na Hong-Jin, la pluie et l’humidité envahissent l’espace. La pluie est liée à l’Ancien, elle annonce son réveil. Elle prend la place d’ un personnage, toujours présente en fond sonore, maudissant l’humanité. La pluie insémine dans la ville une folie soudaine, les premiers touchés seront les gens de la rue. Elle deviendra alors un antagoniste au même titre que la secte elle-même.

Au Dessus de Nous est un mélange entre un polar et un film fantastique, il traite de la fatalité et du destin. Les personnages sont rattrapés par leurs faux pas ou leurs sacrifices passés. Ils sont condamnés dès leur naissance, répètent leurs erreurs et cherchent la rédemption en enseignant à leurs héritiers à ne pas les reproduire. En vain.

NOTE D'INTENTION LUMIERE

Au-dessus de nous est un récit qui se passe dans un univers lovecraftien. Ce polar aux goûts fantastiques est décrit dans un univers où la composante principale est l'humain. En effet, les composantes plus fantastiques (la pluie, la secte avec les Anciens) ne m'apparaissent que comme un moyen de mettre en avant les personnages et de pouvoir les pousser dans leurs retranchements.

Le scénario à éveillé en moi le désir profond de lui donner vie et de l’éclairer , notamment grâce au ton donné dans l’écriture. En effet, tout l’univers est plongé dans une ambiance assez lugubre, les meurtres sont décrits de manière clinique et violente, les personnages ne sont plus touchés par la mort. Elle fait partie de leurs quotidiens d’inspecteurs. Cette ambiance est soutenue par la spécificité de la série : sa pluie constante. Techniquement, nous diffuserons énormément la lumière extérieure. De cette manière, cela permettra d’adoucir la lumière sur la peau des acteurs et de créer une ambiance forte. L'humidité s'accentuant au long de la série et la température se refroidissant, l'idée est que la couleur de la lumière tire de plus en plus vers le bleu.Ce changement instaurera inconsciemment dans l’esprit du spectateur un danger grandissant.

Je souhaite traduire avec ma photographie les états émotionnels des personnages dans l’avancée de l’enquête. Les scènes de meurtres sont d'abord très contrastées, et seront de plus en plus éclairées au fur et à mesure que les personnages font littéralement la lumière sur les évènements. Chaque scène de crime révèle l’état psychique de la victime au moment de sa mort pour capturer au mieux l’ambiance morbide.

Dans l’histoire de la série, la première victime est mise en contact avec un totem de la secte. L’emprise paranormale de cet objet va la mener à la folie et va la faire mourir de déshydratation dans son bain. Celle-ci n’ayant plus “la lumière à tous les étages” sera dans une maison sombre aux entrées de lumières naturelles multiples. Ces poches de lumières rythment le trajet des personnages dans le décor. Et les fenêtres sont encombrées par de nombreuses branches et saletés qui permettront d’agrémenter ces poches et de créer de la texture.

Nos références cinématographiques viennent principalement des films noirs et fantastiques. Les éclairages expressionnistes que le genre Noir s’est approprié me semble cohérent et appuyer les propos du réalisateur quand à sa vision du destin et de la mort (N.B. voir la note d’intention). Ces lumières créent dans l’esprit du spectateur une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes et est imprégnée d’une forte caractérisation.

Ici, une image du film “The Lighthouse”, de Robert Eggers, éclairé par Jarin Blaschke. Cette capture d’écran traduit bien cette idée de “poches” de lumière texturée.

Les lieux liés aux personnages principaux comme les appartements et le poste de police évoluent peu au fil de la série. Assez peu contrastés, l’idée est de créer un endroit dans lequel on se sentirait à l’aise et en adéquation avec les personnages de manière à renforcer l’empathie avec eux..

Le poste aura un ton global plus chaud dans sa lumière et sa décoration. Les tons orangés seront prédominants, amenant aussi l'idée que le personnage du vieil officier est bloqué dans une époque révolue, le marron (nuance du orange) symbolisant l'ancienneté/le savoir. De plus, le bureau de Franck a un poste de travail en bois, des papiers peints jaunis avec le temps. Il y aura un tableau en liège sur lequel les personnages punaiseront des photos de la scène de crime.

Ma volonté est d’inscrire aussi des éléments organiques dans la lumière qui permettent de rendre plus vivant chaque cadre. Je le rapproche de l’idée que le “Grand Ancien” a aussi une action sur la lumière de la série (autre que la pluie). Comme si Yoktholoth s’infiltrait insidieusement dans l’univers tout le long de la série et que l’on découvrait sa présence par la lumière. Ce genre d’idées est souvent présente dans les univers inspirés de H.P. Lovecraft, comme dans la nouvelle Les Mangeuses d’Espaces (écrit par Frank Belknap Long) où une créature dans une forêt crée du brouillard afin de s’y cacher et de pouvoir s’insinuer discrètement dans les recoins des décors.

Finalement, nous marquerons l’ambiance par un style marqué évoluant dans la narration. Ce style est marqué par des références à des mouvements particuliers. Au départ, nous créerons une ambiance de pluie morne assez sombre. Nous marquerons la présence du “Grand Ancien” par l’évolution de la lumière dans les décors de la série en accord avec la compréhension du mystère par les deux inspecteurs.